Par les slogans pompeux, l’Office des radios et télévisions du Mali étonne par ses flous peu artistiques. La semaine dernière, elle s’efforçait d’être en phase avec l’actualité en s’aventurant notamment sur un terrain peu exploré par les médias d’Etat : le compte-rendu d’événements en dehors du cadre institutionnel.
Il s’agit, en clair, de la marche de protestation que la population de la ville de Sevaré a organisée pour manifester leur hostilité à la Minusma et aux forces françaises. Mais en rendant l’événement, l’armée de Salif Sanogo à tout servi sauf la réalité. Par une gymnastique et des pirouettes alchimiques dont ils sont seuls à détenir le secret, la marche de protestation contre la Minusma et Barkhane est devenue une manifestation de soutien à l’armée malienne. Les consommateurs d’Ortm allaient ainsi être intoxiqués d’informations fausses si le public malien n’avait pas accès aux réseaux sociaux pour recevoir l’événement dans ses dimensions et teneur en temps réel. Seulement voilà : présenter une hostilité aux forces étrangères comme un soutien à l’armée nationale revient à desservir ceux-là au profit desquels on croit avoir une raison de désinformer.
Koulouba face au syndrome de 2012
En répliquant aux propos de Moussa Sinko Coulibaly qu’il présente comme un “nostalgique du putsch”, IBK n’ignorait ni à quoi il a affaire ni pourquoi il donne de la voix. Le président de la République sait mieux que quiconque qu’il se développe un syndrome à peine distinct de la bourrasque ayant eu raison de son prédécesseur et favoriser son avènement au pouvoir. Comme du temps d’ATT, en effet, l’armée est en train de s’illustrer par ce qu’il convient de désigner comme une désobéissance militaire. Déclenchée avec la marche des femmes du camp-para pour réclamer la vérité sur les proportions de pertes d’époux, la vague est en train de prendre corps à Sevaré avec une opposition farouche de la gent de caserne au retour de leurs hommes à Boulekessi où les pertes restent encore à déterminer. Le syndrome en cours va-t-il produire les mêmes effets qu’en 2012 ? La question ne taraude pas qu’à Koulouba. Dans les “grins” comme dans les salons feutrés de la capitale, l’éventualité d’un effet sur l’ordre institutionnel et constitutionnel est sur toutes les lèvres. Si bien qu’on peut subodorer une sorte de lâchage du chef de l’Etat par ses soutiens politiques. Aux insinuations du Général putschiste, par exemple, il n’avait que sa famille pour répondre comme si l’incertitude était en train de gagner ses rangs.
La Rédaction
Source: Le Témoin