L’une des tares de la Démocratie en Afrique est l’absence d’Opposition forte, responsable et crédible, capable de renoncer aux avantages du pouvoir pour se consacrer à son rôle de veuille et de contrôle de l’action Gouvernementale. Après les élections générales de 2013 au Mali, certains partis politiques ont fait le choix d’être les forces alternatives parmi lesquels nous pouvons citer : l’URD, le PARENA, les FARE ANKA WILI, le PDES, Le PIDS, PS Yelen Kura le PRVM FASOKO, pour ne citer que ceux-ci.
Le lundi 02 Février 2015, une délégation de l’Opposition malienne s’est rendue à Gao après les tragiques événements survenus dans la cité des Askia suite à la marche de protestation contre la MINUSMA qui a fait 3 morts et des nombreux blessés. Composée de Soumaila Cissé et IBA N’ Diaye del’URD, de Tiébilé Dramé du PARENA, d’Abdoulaye Amadou Diallo du PDES et d’un représentant du PRVM. La délégation a tout d’abord présenté ses condoléances aux familles éplorées avant de se rendre au chevet des blessés à l’hôpital. L’autre temps fort de cette visite a été l’entretien que l’Opposition a eu avec les notabilités de Gao.
Deux images fortes ont marqué cette visite à savoir l’accueil triomphal réservé à la délégation de l’Opposition, mais aussi et surtout l’absence remarquée et remarquable de Modibo Sidibé et des FARE ANKA WILI. Le 7eme vice président des FARE M. Traoré qui devait faire partie de la délégation, est venu suffisamment en retard pour rater le vol de la MINUSMA qui a ramené la délégation à Gao. L’absence des FARE ANKA WILI dans la délégation a donné lieu à toutes sortes de supputations et d’interprétations.
Modibo Sidibé va-t-il claquer la porte de l’Opposition ? Après sa rencontre avec l’ADEMA-PASJ Modibo serai-t-il entrain de pendre ses distances vis-à-vis de Soumaila Cissé ? Contesterait-il le leadership du chef de file de l’Opposition ? Voici une kyrielle de questions que les observateurs avertis de la scène politique malienne se sont posés.
Certains de ses partisans pensent que Modibo est sur le point de se distancer de l’Opposition parce qu’il n’y aurait pas de divergence idéologique entre lui et le président de la République. Selon toujours ses partisans Modibo ne reprocherait tout simplement à IBK que sa méthode de gouvernance, son goût immodéré pour le luxe et le mauvais choix des hommes qui l’entourent. Il désavouerait également la manière de travailler de l’Opposition et probablement le leadership bicéphale assuré de Soumaila Cissé et Tiébilé Dramé.
Par contre ses détracteurs pensent qu’il est tellement imbu de sa personne qu’il accepterait difficilement de jouer le second rôle dans une Opposition où Soumaila Cissé serait incontestablement et démocratiquement le Leader. La légitimité de Soumaila Cissé est assise par les résultats des élections présidentielles où il est venu en deuxième position après IBK. Aux législatives son parti s’est aussi classé deuxième après le RPM avec 17 députés pour l’URD contre 16 pour l’ADEMA, 3 pour le PARENA, 1 député contre 5 auparavant pour les FARE ANKA WILI, 1 pour le PRVM FASOKO entre autres.
Si Modibo Sidibé est un vrai démocrate il doit non seulement accepter le leadership du premier Parti de l’Opposition aussi et même renforcer l’hégémonie de Soumaila Cissé. C’est seulement en cela qu’il donnera à notre Démocratie toutes ses lettres de noblesse pour éviter que l’Opposition ne soit un instrument taillé sur mesure au goût du prince du jour. Ou bien Modibo Sidibé commencerait-il tout simplement à s’essouffler politiquement et financièrement après le départ de la quasi-totalité de ses députés, ce qui motiverait son éventuel rapprochement du pouvoir.
L’Opposition doit d’ores et déjà se préparer psychologiquement parce que d’autres pour d’autres motifs l’abandonneront pour aller à la soupe, comme cela est monnaie courante chez nous.
Youssouf Sissoko
source : Inf@sept
