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L’œil du Reporter : Ebola, un nouveau business pour les prédateurs

«Le malheur des uns fait le bonheur des autres», dit une assertion bien connue chez nous en Afrique. Si d’aucuns pensent que la grand-mère de Kayes venue de Kissidougou en Guinée, dont la petite a été emportée par Ebola, est porte-malheur pour le Mali, d’autres se frottent actuellement les mains puisqu’ayant trouvé là une opportunité de se remplir les poches.

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«Passées les frayeurs des premiers cas suspects, qui ont été déclarés négatifs, à la faveur des contrôles des spécialistes, les communiqués rassurants distillés par le ministère de la Santé avaient fini par endormir tout le monde. La sensibilisation à outrance pour éviter la panique des populations a fini par prendre le dessus sur la réalité de l’efficacité des mesures», nous livre un confrère de la place. La naïveté s’est installée avec son corollaire : le laxisme.

Conséquence : une personne malade de la fièvre Ebola parvient à importer le virus dans notre pays. Sans retenir l’attention de personne, la pauvre grand-mère franchit la frontière avec la fillette malade, parcourt le trajet Kissidougou-Bamako, dans un véhicule de transport en commun. Elle séjourne dix jours dans un quartier populaire au cœur de la capitale Bamako, avant de regagner la Cité des rails, encore en transport en commun. C’est dire que la malade a eu le temps de contaminer autour d’elle.

Fatalité ou laxisme ? La question vaut la peine d’être posée, ne serait-ce que pour briser la malheureuse chaîne de circulation des importateurs du virus. Surtout quand on sait que le président IBK a déclaré qu’aucune frontière malienne ne sera fermée. Mais la Mauritanie n’a pas attendu pour fermer sa frontière avec le Mali. Et le Togo n’abritera pas le tournoi de l’Uemoa de football… Passons là-dessus.

Ce qui est navrant dans ce triste «feuilleton Ebola», c’est la prolifération des Associations qui se disent humanitaires. Un véritable nouveau business pour les prédateurs de la République ! Mais, un petit rappel. Coup d’Etat perpétré le 22 mars 2012 contre le général-président ATT par le capitaine Amadou Haya Sanogo, occupation du Nord du Mali par des Islamistes et Aqmi, situation chaotique à Bamako, guerre des bérets verts et rouges, agression du président de la Transition Dioncounda Traoré. Voilà les tragédies qu’a vécues notre pays depuis un certain temps. Et dans tout cela, c’est le drame que vivent nos frères du Nord, martyrisés par les mouvements salafistes et terroristes, qui inquiète.

Ils sont en effet soumis à toutes sortes d’atrocités. Devant cette scène inhumaine et inadmissible, aucun homme ne peut rester indifférent, sauf s’il est masochiste. C’est pourquoi spontanément et dans un élan de solidarité, les Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur ont décidé de voler au secours de leurs frères du Septentrion. Et depuis un certain temps, on assiste à une chaîne de solidarité à travers des dons en nature et en argent destinés aux populations du Nord. Belle initiative, doit-on dire.

Mais, le hic dans cette histoire, c’est que des prédateurs ont vite compris et trouvé le moyen de boire et manger. C’est pourquoi on assiste aujourd’hui à une floraison d’Associations dites humanitaires ou de soutien aux populations du Nord du Mali. C’est ce à quoi on assiste aujourd’hui avec l’arrivée de la fièvre hémorragique à virus Ebola. Et pourtant, certaines Associations ne vivent que de nom, puisque n’ayant ni siège ni une véritable représentation et ne se limitant qu’à un groupuscule d’hommes assoiffés du gain facile.

«Mon ami, et si nous nous décidons à créer une Association pour soutenir les populations du Nord et les malades d’Ebola, ne vois-tu pas là que nous pourrions gagner beaucoup d’argent ? Mais tiens, c’est ce que les autres font ! Tu ne vois pas que brusquement devenus présidents de telle ou telle Association, ils ont bon teint et ils mangent comme des roitelets ?», me confiait discrètement un camarade du quartier.

Voilà qui traduit clairement le business sale dans lequel certains hommes et certaines femmes de notre capitale se sont engagés. La «mangercratie» ou rien ! Et cela, non seulement à la sueur des donateurs de bonne foi, mais aussi et surtout au détriment de nos frères déjà suffisamment meurtris dans leur chair et dans leurs âmes.

Non, il est temps de changer de fusil d’épaule en nous engageant résolument dans une véritable dynamique de solidarité avec nos parents non seulement du Nord de notre pays, mais aussi avec ceux qui sont victimes ou potentiels victimes d’Ebola.

 

Bruno E. LOMA

Source: Le Reporter

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