Les violences «afrophobes» en Afrique du Sud sont inexplicables. L’on a l’habitude de voir des pays africains expulser des ressortissants d’autres pays africains, notamment le Nigeria, le Gabon, la Côte D’Ivoire, l’Angola, etc. Mais les violences des Sud-africains contre leurs frères dépassent toute logique.
Les raisons souvent évoquées liées à l’emploi sont stupides car elles s’inspirent d’autres contextes (européen ou américain). Et l’on semble ignorer que notre continent est une seule entité où la circulation des personnes est consacrée avant même la création de toute la paperasse de l’Union africaine (UA) ou des commissions économiques régionales.
Les Africains sont habitués à aller les uns chez les autres, c’est naturel pour eux. Les personnes qui s’attaquent à d’autres Africains feignent d’oublier qu’il y a des Sud-africains dans tous les pays africains où ils sont traités comme des frères et des sœurs. Mieux, les «richesses» qu’ils disent défendre aujourd’hui, ils en jouissent parce que de nombreuses personnes se sont battues à travers le monde, l’Afrique notamment, pour briser les barrières raciales qui les en privaient.
Sans compter que les entreprises sud-africaines interviennent sur tout le continent sans qu’elles fassent l’objet de discrimination encore moins de violences. Pourquoi c’est en Afrique du Sud qu’on cible volontairement d’autres Africains ? Pourquoi c’est en Afrique du Sud où l’on s’attaque aux biens des personnes qui contribuent à l’essor économique du pays à travers boutiques, magasins et entreprises ? Pourquoi vouloir sciemment réduire la réussite en échec ?
Le seul chômage ne saurait expliquer de telles violences car le pays n’a jamais pu donner de l’emploi à tous les fils et filles du pays comme cela n’a pu se faire nulle part au monde. Cette violence en Afrique du Sud ne devrait pas être portée par les citoyens et citoyennes raisonnés, mais par des personnes dont l’activité a toujours été le vol et le pillage, des personnes pouvant agir au compte d’autres intérêts égoïstes agissant contre la construction d’un marché économique africain.
Pourquoi, curieusement, ces violences éclatent quelques semaines seulement après la signature à Niamey (Niger, juillet 2019) des documents de la zone de libre-échange?
Entrée en vigueur le 30 mai 2019, la Zone de libre-échange continentale (Zlec) rassemble 53 pays sur les 55 que compte l’UA. Selon les chiffres communiqués par l’UA, la Zlec couvre pratiquement tout le continent africain, à l’exception du Bénin et de l’Erythrée. Elle représente 1,2 milliard de consommateurs et un PIB global d’environ 2500 milliards de dollars.
Donc une menace sérieuse pour les puissances industrielles qui tirent la quintessence de leur croissance économique du pillage des ressources brutes de l’Afrique et du commerce avec le continent ! Ceci peut donc expliquer cela !
Il y a sans doute anguille sous roche!
Abdourhamane Dicko
Source : Le Matin