Comme nous l’écrivions dans une précédente parution, depuis un certain moment M. Lassine Haïdara et les ouvriers de son garage Nouvel Espoir ne dorment plus que d’un seul œil. Leur avenir est menacé car ils ont en face plus fort qu’eux dans la jungle, ou plutôt dans ce pays dont certains hauts placés ne semblent plus au service des populations, mais dans la dynamique de fonder coûte que coûte leur empire au détriment de leurs » sujets « . C’est le moins que l’on puisse dire à propos du litige foncier en cours à Korofina Sud avec pour maître d’œuvre le ministre Mamadou Frankaly Kéïta. Lisez plutôt !
Pour rappel, la zone en question n’est pas à sa première épreuve de confrontations entre spéculateurs fonciers et paisibles populations. Du temps du gouverneur Féfé Koné, il a fallu l’intervention énergique de ce dernier pour mettre fin à l’usurpation des parcelles. Depuis, le calme s’était installé entre les spéculateurs fonciers et les populations qui venaient démolir les fondations en gestation. Mais les mauvaises habitudes ont la vie dure, alors les princes du jour ont repris du service. Cette situation n’est pas sans conséquence désastreuse pour le garagiste Lassine Haïdara qui remue de nos jours ciel et terre pour trouver en vain une solution au litige foncier qui prend des proportions inquiétantes.
En effet, c’est en 2002, suite à l’autorisation de la mairie et du chef de village, que M. Lassine Haïdara a installé son garage de réparation de voitures sur une parcelle contigüe au dépôt du chemin de fer à Korofina Sud.
En 2009, une équipe de topographie dirigée par M. Mamadou Namakoro dit Man est passée dans la zone pour les travaux de lotissement. Suite à ce constat, M. Lassine Haïdara a pris attache avec la mairie à plusieurs reprises pour les dispositions à prendre. A chaque occasion, la mairie lui a toujours dit que ce lotissement ne le concerne. Alors Lassine en bon citoyen a pris acte de cette déclaration de la mairie et s’en est tenu. Point.
Cinq ans plus tard, notamment le 13 janvier 2014, M. Lassine Haïdara a reçu la visite du ministre de l’Energie et de l’Hydraulique, en la personne de M. Mamadou Frankaly Kéïta, qui lui demande de libérer la parcelle car c’est sa propriété. Etonnant ! Car jusqu’à ce jour, Mamadou Frankaly Kéïta ne figure pas parmi ceux cités comme bénéficiaires de parcelles dans la zone. Et aucune autorité compétente n’a signifié au garagiste qu’il doit déguerpir au profit de telle personne, pour telle raison, et regagner telle zone de recasement, comme c’est cela la règle en la matière.
N’arrivant pas à avoir d’information notamment auprès de la mairie, Lassine a sollicité l’aide du ministre de l’Urbanisme et de la Politique de la Ville, à l’époque Moussa Mara, pour apporter un éclaircissement à ce problème qui risque de le priver de son garage et de son gain quotidien. Et le ministre Mara de répondre que la gestion domaniale relève des ministres des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, et de l’Administration territoriale à travers les services déconcentrés et décentralisés. Mais M. Haïdara qui s’est exécuté en conséquence auprès du ministère de l’Administration territoriale est longtemps resté dans l’attente d’une réponse jusqu’à la parution de notre article à propos, il y a deux semaines. Entre temps, les visites de terrain se poursuivaient et les travaux de construction avaient démarré dans la zone jusqu’à proximité du garage. Maintenant, c’est un Conseiller juridique qui se présente pour signifier à Lassine qu’il a intérêt à déguerpir car les autorités sont toutes pourries, elles ne se lâchent pas, elles vont finir par chasser manu militari le garagiste des lieux. Au même moment, le ministre Mamadou Frankaly Kéïta lui donne un délai de six mois pour » dégager « . Mais pour aller où ?
Il faut rappeler que l’objet du conflit est un espace public, une zone ferroviaire que seul » Le Chemin de Fer » est en droit d’exploiter pour des fins de constructions. C’est inquiétant qu’un ministre de la République en vienne a piétiner la loi, faisant du domaine public sa propriété privée à travers un titre foncier comme il l’annonce.
Autre aspect non moins important, c’est que le plan de construction ne respecte même pas la distance de 25 mètres à établir entre les constructions et les rails. A certains niveaux, cette distance ne dépasse pas 10 mètres. En cas de catastrophe, bonjour les dégâts, et ce qui est sûr, c’est que le ministre n’abritera pas cette construction, il viserait à y faire venir des locataires ou des commerçants.
Alors questions : pourquoi la mairie et l’Administration territoriale n’interviennent pas pour trouver une solution à ce litige foncier, et pourquoi le ministre Mamadou Frankaly s’obstine-t-il à faire déguerpir un citoyen de son garage sans compensation, notamment qu’on lui montre où s’installer avec le dédommagement adéquat ? Le ministre ne peut-il pas trouver de parcelle ailleurs ? Et comment se fait-il que les autorités n’arrêtent pas les constructions dans les vieux quartiers, en occupant au passage les espaces publics comme c’est le cas avec l’occupation d’un terrain de football dans la zone ?
Décidément, ce ministre confirme la thèse selon laquelle les nouveaux maîtres ne seraient en place que pour se tailler des marchés de surfacturations, des concessions, de belles voitures et la colère des partenaires techniques et financiers.
Affaire à suivre !
Mamadou DABO