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L’Imam Dicko dans son manifeste décrié « …mon âme affectée finit par déchirer mon cœur »

Un document rendu public le vendredi 05 février 2021 titré « Manifeste pour la refondation du Mali » dans lequel le leader religieux, Mahmoud Dicko, cerveau des mouvements de contestations de 2020 qui ont conduit au renversement du régime d’IBK, parle de son regret et sa vision pour un Mali meilleur où il y sera bon à vivre.

L’imam Mahmoud Dicko après quelques mois de silence radio, sort enfin sa tête de l’eau, plutôt de la fenêtre de sa mosquée, car il avait promis de retourner dans sa mosquée. Et ce, par la publication, vendredi d’une contribution, dénommée   « Manifeste pour la refondation du Mali » l’Imam de Badalabougou se veut jusque-là rassembleur et cela malgré l’échec de ses premiers ‘’films’’ dont il était le principal metteur en scène.

Manifeste ou confession d’un homme rattrapé par le tribunal de l’histoire ?

« Mon esprit est tourmenté par le sort du Mali et de mes concitoyens. Les sources d’inquiétude s’amoncellent, mon âme affectée finit par déchirer mon cœur » confie l’Imam.  Et d’ajouter que sa foi profonde en les valeurs d’un islam de tolérance et d’amour patriotique continue de nourrir ma raison de vivre et mon discours public. « Cette foi m’oblige à tenir le discours de la vérité » affirme Dicko.

L’homme face à ses erreurs dit ceci: « Je suis resté émerveillé par l’acte de dévotion vers l’autre et le courage du plaidoyer pour un Mali renaissant. Aussi, est-ce avec esprit de responsabilité que je considère la légitimité de la dynamique de réveil du Peuple malien à travers les différentes manifestations populaires passées au cours de l’année 2020.  C’est aussi avec gravité que j’observe les risques d’échec du combat de ce noble peuple épris de paix et de justice pour une gouvernance vertueuse ».

Dans ce manifeste l’ex autorité morale du mouvement de contestation M5RFP, regroupant plusieurs associations, dit s’être trompé du choix de certaines personnes. « Je me suis souvent trompé en soutenant des hommes qui, guidés par des intérêts égoïstes et matérialistes, n’ont pas su incarner le redressement du Mali tant souhaité. J’ai cru, comme en 2013, qu’une participation forte à un projet électoral pourrait, à elle seule, porter l’espoir de résolution de nos problèmes de gouvernance politique et sociale. Je me suis trompé. Je le regrette sincèrement » affirme Mahmoud Dicko.

A en croire au leader religieux, malgré l’échec de ces premières tentatives de stabilisation du pays, il continue d’espérer sur une sortie définitive des crises que traversent le Mali.  « Je veux porter ici la voix d’un nouvel élan d’émancipation, d’une urgence à agir, à penser haut et vrai, devant l’histoire pour de nouveaux horizons, avec l’espoir que le génie malien entendra l’écho de cette voix et élèvera à mes côtés, en pèlerin, notre destinée. C’est un acte d’espoir et de paix » a-t-il fait savoir dans ce document.

Craindre le feu qui peut détruire le vivre ensemble

Tout en exprimant son inquiétude face à la gravité de la situation sécuritaire de la nation, Mahmoud Dicko tente de faire croire sa neutralité. Surtout lorsqu’il s’exprime en ces termes : «  Je suis sans agenda caché, ni ambition personnelle ou intérêt partisan, mais je suis inquiet de ce feu qui embrase nos villes et nos campagnes, et qui pourrait, à terme, détruire  « le Vivre ensemble » dans cette maison commune qu’est le Mali ».

L’Imam par ces mots vient une fois de plus demander la confiance des Maliens qu’il considère si naïfs.

« La situation est périlleuse et j’ai conscience que convaincre nos concitoyens demeure aujourd’hui une exigence forte dans un Mali gangrené par la faiblesse de l’éducation, l’absence de perspective pour notre jeunesse, l’incivisme, la corruption endémique, les actes obscurantistes et les vendeurs d’illusions. Le tout sur fond de mal gouvernance » clame-t-il.

Indexant du doigt la gestion du pays par les autorités de la transition, l’ex président du Haut Conseil Islamique exhorte les Maliens à s’unir pour sauver le Mali.  En ce sens, il déclare : « Depuis le 18 Août 2020, j’ai laissé ma porte grandement ouverte. J’ai inlassablement écouté et observé, mais la situation me paraît trop grave pour que je garde silence. Si nous ne réagissons pas maintenant, activement et collectivement, l’État qui nous gouverne n’a plus de sens. Il faut sauver le pays ».

Il faut agir sans relâche avec les forces vives de la Nation pour la restauration de l’autorité de l’Etat, prône l’Imam. Pour ce faire, il prend des engagements : « je m’engage, librement, à me rendre partout où je peux être utile, là où nos citoyens se sentent abandonnés. Je m’engage à favoriser le dialogue entre tous pour nous réconcilier. Je m’engage à bâtir des passerelles d’échange entre les acteurs civils et armés, pour remettre au cœur des préoccupations, le vivre ensemble et la confiance entre les communautés ». Il s’engage également à contribuer à la construction d’un nouveau pacte républicain entre tous les acteurs maliens et à soutenir toute initiative en faveur du développement en faveur de la jeunesse.

Une chose est sûre, il revient aux Maliens de faire la part des choses. Cela, pour qu’ils ne soient plus menés dans un bateau où ils ignorent la destination.

Par Maïmouna Sidibé

 

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