Quand l’exigence va crescendo, Lionel Messi donne le la! Double buteur mercredi contre Liverpool (3-0), le maestro argentin a signé un nouveau récital et rapproché Barcelone de la finale de Ligue des champions, ajoutant une corde à son arc: se comporter en meneur d’hommes.
. Le virtuose
Alors que le Barça était mis au supplice dans cette demi-finale aller au Camp Nou, Messi a fait du Messi.
Il a créé et conclu une action collective, avec un peu d’opportunisme (75e), puis il a transformé un coup franc magistral à près de 25 mètres de la cage (82e). Le 12e but du meilleur buteur de cette C1, son 600e avec le Barça, quatorze ans jour pour jour après le premier. « Inarrêtable », selon les mots de l’entraîneur adverse Jürgen Klopp.
Deux chefs d’œuvre dans une prestation d’ensemble pleine de virtuosité, malgré l’emprise de Liverpool, malgré des espaces réduits.
« Il a surgi au moment où nous avions le plus besoin de lui », a commenté son entraîneur Ernesto Valverde. « Ses prises de balles, ses déboulés nous ont permis de gagner plus largement. Et il y a la sensation de peur qu’il infuse chez l’adversaire, en permanence. »
Après des doublés en huitièmes contre Lyon (5-1) et en quarts contre Manchester United (3-0), la presse sportive espagnole commence à épuiser ses superlatifs.
« Géant », a titré Mundo Deportivo. « Pape du football », a enchéri le quotidien As. « Du délire! », s’est enflammé Sport, dont le directeur Ernest Folch a tressé des lauriers au capitaine barcelonais: « Il est le joker qui décante et expédie n’importe quel match, même quand les choses se corsent ».
« Nous n’oublierons pas la démonstration de Messi », a souligné dans un éditorial Alfredo Relaño, directeur d’As. « Son match surpasse tout ce qu’il a fait auparavant. Au coeur de l’équipe, attirant le ballon à lui, donnant des coups s’il le fallait, écartant le jeu, dribblant en série, débordant d’énergie et de football… »
. Le chef
A 31 ans, l’attaquant autrefois timide et effacé a également pris une autre envergure cette saison en héritant du brassard de capitaine.
En première période, on l’a vu inciter ses partenaires à se calmer et à poser le jeu. Après son but, il a exhorté un Camp Nou impatient à ne pas siffler et à applaudir les joueurs.
« Quand Leo avance, tout le monde le suit. C’est le leader de l’équipe », a résumé Valverde.
Et après la rencontre, Messi a pris la parole publiquement, envoyant un message fort en faveur de Philippe Coutinho, retombé dans ses travers mercredi et partiellement hué à sa sortie du terrain.
« C’est moche de traiter comme ça un des nôtres, a tranché l’Argentin. Nous sommes dans un moment décisif et très beau, nous devons être plus unis que jamais. »
. Le meilleur ?
Après avoir remporté samedi son dixième titre de champion d’Espagne, Messi ne s’en cache plus: il vise le triplé Liga-Coupe-C1, comme en 2009 et 2015, et en particulier le sacre européen, quatre ans après sa quatrième et dernière couronne.
« On l’a dit en début de saison, (cette coupe) on va la décrocher ensemble », a-t-il lancé. « Il reste peu de matches, il reste trois finales et nous allons y parvenir tous ensemble. »
Ces trois « finales », ce sont la demie retour mardi à Liverpool, la finale de Coupe du Roi le 25 mai contre Valence et la grande finale européenne au stade Metropolitano de Madrid, le 1er juin.
Messi le sait, un nouveau triplé serait probablement synonyme pour lui de sixième Ballon d’Or en fin d’année. Mais avant d’aller dans l’enfer d’Anfield mardi soir, il sait aussi que son Barça avait chuté l’an dernier en quarts contre l’AS Rome après avoir gaspillé un avantage de trois buts (4-1, 0-3).
« C’est un très bon résultat », a conclu Lionel Messi. « Mais ce n’est pas définitif, nous allons aller dans un stade très compliqué, avec une grande histoire. » Pour y signer un nouveau récital ?
AFP