Un nouveau round de pourparlers de paix interlibyens s’est clos mercredi à Genève sans progrès majeur alors que l’avenir du gouvernement reconnu par la communauté internationale semble incertain après l’annonce du Premier ministre de son intention de démissionner.
Abdallah el-Theni a annoncé mardi soir son intention de démissionner lors d’un talk-show télévisé alors qu’il essuyait les critiques de citoyens en colère.
“Si ma démission est la solution, alors je l’annonce ici”, a déclaré le Premier ministre qui a dit qu’il la présenterait dimanche au Parlement.
Le porte-parole de son gouvernement, Hatem el-Ouraybi, s’est cependant gardé de confirmer cette annonce surprise.
“Le Premier ministre a dit durant l’interview que si les gens voulaient sa démission, alors ils l’auraient”, a-t-il déclaré mercredi à l’AFP. “Je n’ai pas encore la réponse à la question de savoir si (la démission) sera ou non présentée dimanche” au Parlement.
Lors du talk-show, M. Theni a dû faire face à une série de récriminations de téléspectateurs sur l’incurie et la corruption de son gouvernement, incapable selon eux d’assurer des services de base comme l’électricité ou de mettre fin à l’insécurité dans les zones sous son contrôle.
La Libye est en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, avec des combats sanglants entre groupes armés rivaux, deux gouvernement et Parlements qui se disputent le pouvoir et la montée en puissance du groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Les membres du gouvernement de M. Theni, ainsi que ceux du Parlement issu des dernières législatives, ont dû fuir vers l’est du pays après la prise durant l’été 2014 de la capitale Tripoli par la coalition de milices Fajr Libya.
Un gouvernement parallèle, non reconnu par la communauté internationale, a été installé à Tripoli et le Parlement précédent (Congrès général national, CGN) y a été rétabli.
– ‘Derniers kilomètres’ –
L’émissaire de l’ONU pour la Libye, Bernardino Leon, mène depuis plusieurs mois des négociations avec les deux parties en vue d’obtenir un accord pour un gouvernement d’union nationale.
Le 11 juillet, les représentants du Parlement reconnu par la communauté internationale avaient paraphé au Maroc un accord “de paix et de réconciliation” mais pas ceux du CGN. Ces derniers avaient argué que leurs demandes de modifications de l’accord n’avaient pas été satisfaites.
Un round de négociations de deux jours s’est terminé mercredi à Genève, en présence des représentants du CGN, pour tenter d’accoucher d’un accord final pour début septembre, avant l’Assemblée générale de l’ONU, qui permette la mise en place un gouvernement d’unité nationale.
Selon un communiqué de la Mission de l’ONU pour la Libye (Manul), “les parties ont souligné leur détermination à conclure le processus de dialogue le plus vite possible, dans les trois prochaines semaines”.
Alors que les parties avaient négocié séparément mardi, des représentants du CGN étaient assis mercredi à la même table que les autres délégués libyens, avec M. Leon.
Mohammad Chouaib, un vice-président du Parlement reconnu par la communauté internationale, a expliqué que les pourparlers étaient “dans les derniers kilomètres” et que les prochaines négociations auraient probablement lieu au Maroc en fin de semaine prochaine.
“Je pense que les modérés du CGN comprendront qu’il s’agit d’une occasion à ne pas rater”, a-t-il ajouté.
L’ONU a toutefois indiqué que des “progrès urgents” devaient être faits sur les arrangements de sécurité en Libye, parallèlement au dialogue politique.
Le CGN a fait part de ses réticences envers Khalifa Haftar, général à la retraite nommé chef de l’armée en mars par le gouvernement reconnu. “Il n’y aura aucun accord si Haftar doit diriger une armée en Libye”, a averti Mohammad Ali Abdallah Addarrat, président d’un parti qui siège à Tripoli.
Un membre de la délégation des autorités reconnues, Naim Mohamed Abdel Rahmane al-Gheriani, a confirmé que la personne de Haftar était la “principale source de tension”. “Il ne peut pas être une figure d’union”, a-t-il affirmé.
Cet ancien ministre de l’Education a par ailleurs assuré que la démission possible de M. Theni n’avait pas une “grande signification”. “Je crois que personne ne s’en soucie”, a-t-il affirmé.
Selon Mohammad Chouaib, Abdallah el-Theni ne quittera pas ses fonctions. “Ce n’est pas le moment pour démissionner”, a-t-il dit