Le premier ministre libyen, reconnu par la communauté internationale, Abdallah Al-Theni, a annoncé sa démission dans une émission télévisée diffusée mardi 11 août au soir. Sa déclaration a fait suite aux nombreuses critiques sur l’inefficacité de son gouvernement et même à des accusations de corruption de la part de téléspectateurs.
Pendant son interview sur « Libya Channel », Abdallah Al-Theni a répondu, agacé, aux salves de critiques sur l’échec de son gouvernement pour régler les problèmes à l’est de la Libye : « Les gens n’ont pas besoin de protester contre moi car je démissionne officiellement de mon poste. ». Et le chef de gouvernement d’annoncer qu’il soumettra sa décision « dimanche à la Chambre des représentants. »
« Ils n’ont qu’à prendre un nouveau premier ministre magicien pour résoudre tous leurs problèmes », a-t-il ajouté. Cependant, son porte-parole, Hatem Al-Arabi, a souligné que le premier ministre n’avait pas officiellement démissionné.
« Il a dit dans l’émission qu’il démissionnerait si la rue le réclamait. Une démission doit être remise par écrit à la Chambre des représentants qui peut l’accepter ou la rejeter », a-t-il affirmé.
Une situation chaotique dans l’est
Le « gouvernement Theni » est exilé à Al-Baïda (à l’est) depuis la prise de contrôle de Tripoli l’été dernier par des milices qui ont mis en place une administration rivale non reconnue internationalement.
Ses ministres, installés dans les hôtels de la ville, n’ont guère réussi à changer la vie quotidienne pour les habitants. Ceux-ci se plaignent des pénuries de carburant ou de médicaments dans les hôpitaux et de l’insécurité croissante.
Abdallah Al-Theni avait déjà annoncé sa démission, un mois après son accession à la tête du gouvernement en mars 2014. Il s’était alors plaint d’attaques contre sa famille, mais il avait ensuite changé d’avis et conservé son poste.
La Libye – l’est du pays en particulier – est plongée dans une situation chaotique en raison des combats entre les forces fidèles aux autorités de Tobrouk-Baïda et les milices islamistes qui ont considérablement réduit les importations de céréales et de carburant et qui perturbent la fourniture d’électricité.
À cela s’ajoute une crise des finances publiques avec la perte d’une grande partie des recettes pétrolières. Membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), la Libye ne produit plus qu’un quart de ce qu’elle produisait comme pétrole avant la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.
Dans ce contexte, les décisions du gouvernement d’Abdallah Al-Theni paraissent totalement déconnectées de la réalité aux yeux de nombreux Libyens. Le cabinet libyen a ainsi annoncé, mardi 11 août, que l’aéroport international de Tripoli serait rebaptisé du nom du défunt roi Idriss, renversé par Kadhafi en 1969. L’aéroport est fermé en raison des combats de l’an dernier et n’est pas sous le contrôle des forces loyalistes.
Source: lemonde