La libération récente de plusieurs otages dans le Sahel, dont Soumaïla Cissé, président de l’URD, une personnalité politique malienne de premier plan, en contrepartie de l’élargissement de plusieurs centaines de terroristes présumés et du versement de rançons de plusieurs milliards de FCFA, a suscité une grande controverse au sein de l’opinion politique et médiatique. Le président du parti Yelema, Moussa Mara a souligné hier sur sa page Facebook des points qui suscitent l’inquiétude sur le mode opératoire de la libération des 4 otages au Sahel.
Dans son intervention, le président du parti Yelema, Moussa Mara, a fait une révélation dans le sens que la France est dans la perspective de la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire devant questionner, entre autres, la doctrine du Mali dans le domaine de libération d’otage. De ce fait, de nombreuses interrogations comme la perspective d’industrialisation de la prise d’otages au Mali et la spécialisation d’acteurs dans ces réseaux comme cela fut le cas au début des années 2000 ne seraient-elle pas en train de revoir jour ?
Pour Moussa Mara, ancien-Premier ministre, cette perspective fragiliserait profondément le Mali et tout autre pays sahélien qui la subirait et menacerait clairement les possibilités de paix et de réconciliation. Ce sujet mérite, selon lui, d’attirer l’attention des nouvelles autorités du pays parce qu’il est possible que des cibles nationales potentiellement importantes remplacent les prises d’otages occidentaux, déplaçant la question vers le grand banditisme et la professionnalisation des acteurs au gré des prix payés pour obtenir la libération des personnes enlevées.
A ses dires, il faut adopter une politique dont l’objectif principal serait de rendre pratiquement nulle la valeur marchande des otages maliens. Il a indiqué que le paiement de rançons est le premier facteur d’encouragement de prises d’otages. A en croire Moussa Mara, la vie n’a pas de prix mais il n’est pas concevable d’utiliser des ressources publiques dans une action aussi contreproductive que la libération d’otages. Il a aussi suggéré que le pays pourrait avoir comme principe ne jamais libérer de terroristes ayant du sang sur les mains. Si la vie de tous les citoyens a la même valeur, il est difficilement acceptable de relâcher l’assassin d’un citoyen pour obtenir la libération d’un autre, dénonce le président du parti Yelema.
Il a reconnu que la question des otages et de leur libération est sensible pour tous les pays. Et d’ajouter que même des Etats puissants tiennent quelquefois un double discours pour obtenir la libération d’un otage car cela a un impact socio-politique significatif pour leurs leaders. « Mais les fondements et la stabilité de ces Etats ne sont nullement menacés par ce phénomène. C’est pourquoi, il est hautement souhaitable que les autorités maliennes agissent pour tarir les sources de financement du terrorisme sur le territoire pour éviter la frustration d’une frange de la population. En d’autres termes, il s’agit de prendre des mesures fortes contribuant à contrecarrer les velléités des groupes terroristes et de réseaux de profiteurs gravitant autour d’eux », déclare M. Mara.
Moribafing Camara
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