Jamal KHASHOGGI est un journaliste saoudien qui travaillait pour le grand quotidien américain le Washington Post. Il critiquait très souvent la monarchie saoudienne sur sa gouvernance alors que ces régimes monarchiques du golfe persique n’aiment pas être critiqués. Jamal KHASHOGGI a eu tord de se rendre au consulat Saoudien à Istanbul où ses bourreaux l’attendait. Les enquêtes menées par-ci et par-là ont prouvé qu’il a été torturé et assassiné dans le consulat dès le jour de sa disparition.
Des responsables turcs soupçonnent même, d’après Reuters, que le corps de l’éditorialiste a été décapité, voire démembré. Mais les responsables saoudiens interrogés par la dite agence de presse ont démenti cette information, assurant que le cadavre avait été ‘’enroulé dans un tapis’’ et remis à un ‘’coopérateur locale’’. Toutefois, au Wall Street journal, un membre de la famille royal assure avoir eu accès à un court enregistrement prouvant que Khashoggi avait été drogué, tué et démembré quelques minutes seulement après son entrée au consulat, ce qui attesterait d’un crime préméditée . Désormais les pays occidentaux sont en colère contre la monarchie saoudienne. Le Canada a condamné le samedi le meurtre de ce journaliste et a exigé que toute la lumière soit faite sur cette disparition, jugeant les déclarations de Ryad peu crédible. Pour Ottawa il s’agit ni plus, ni moins d’un crime. Même son de cloche dans les autres chancelleries occidentales à savoir Paris, Berlin et Londres qui n’ont pas été convaincues par les explications fournies par le royaume wahhabite. Du côté du pays de l’oncle Sam, le Président TRUMP souffle le chaud et le froid pour une question de contrats d’armement. En effet TRUMP avait jugé crédible la version donnée par le roi saoudien, mais il s’est rebiffé lorsque les européens ont refusé de participer à un forum économique dit « Davos » du désert dans le royaume . Le salut est venu de la Turquie. En effet son Président Recep Tayipp Erdogan a tout dévoilé sur l’assassinat de Jamel KHASHOGGI. Cette situation nous rappelle un autre précédent l’assassinat du journaliste Norbert ZONGO du Burkina Faso dans des circonstances similaires. Après avoir commencé une enquête sur la mort mystérieuse de David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré, le frère du président burkinabè le tout puissant Blaise Compaoré, Norbert Zongo est assassiné le 13 décembre1998, avec trois de ses compagnons (Blaise Ilboudo, Ablassé Nikiéma et Ernest Zongo), soulevant une très vive émotion à Ouagadougou, dans le reste du pays et à travers les pays voisins. En réaction, de nombreuses manifestations ont eu lieu dans tout le pays, les plus violentes ont été enregistrées à Koudougou (à l’ouest de Ouagadougou), où était né Norbert Zongo. Les partisans du pouvoir organisés en milice et armés de gourdins se sont livrés à une chasse aux manifestants dans plusieurs villes du pays. Cédant au mécontentement populaire, le président Blaise Compaoré a autorisé l’ouverture d’une information judiciaire. Après sept ans d’instruction, un seul suspect, Marcel Kafando, un adjudant de la sécurité présidentielle, a été inculpé, mais le témoin de l’accusation s’est rétracté au cours d’une confrontation judiciaire. En août 2000, ce fut au tour de cinq membres de la garde présidentielle d’être inculpés du meurtre de Ouedraogo. Marcel Kafando, Edmond Koama et Ousseini Yaro, également suspectés dans l’affaire Zongo, furent reconnus coupables et condamnés à des peines de prison. Edmond Koama est décédé le 4 janvier2001. Le procès Zongo a été conclu par un non-lieu le 19 juillet 2006 ce qui a provoqué une indignation international. En décembre 2012, la famille du journaliste, les avocats de la partie civile et le Mouvement burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP) ont saisis la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples à Arusha. La cour s’est déclarée compétente le 21 juin 2013 pour statuer sur le dossier. Le 28 novembre 2013, les juges ont passé au jugement de l’affaire, qui a été délibérée le 28 mars 2014. Dans son arrêt, la cour a condamné l’État burkinabè pour avoir « violé les droits des requérants à ce que leur cause soit entendue par la justice nationale ». Cette décision a sonné comme une réouverture du dossier Norbert Zongo11. François Compaoré a été interpellé le 29 octobre 2017 par la police française à son retour d’Abidjan à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. Pour ce qui est du cas du journaliste Birama TOURE disparu depuis janvier 2016, il refera surface à la suite de l’affaire KHASHOGGI qui vient d’éclater en Turquie. Certaines sources ont révélé que le nommé Birama ne vit plus. D’autres se présentant comme des co-détenus de Birama ont décrit l’Etat de fatigue mortelle dans lequel se trouvait le jeune lorsqu’ils l’on quitté. Depuis l’annonce de cette nouvelle les familles TOURE de Bamako semblaient prendre l’affaire au sérieux, car cela était une première dans l’histoire de la presse au Mali. A la suite de cette information, il y a eu une grande réunion des familles TOURE chez leur patriarche pour décider de la suite des événements, dès l’instant où ils ont eu des pistes pour retrouver le jeune Touré. Dans le cadre du renforcement des relations parentales, les familles TOURE de Ségou se sont impliquées pour soutenir celles de Bamako dans la manifestation de la vérité. Le directeur de publication du journal ‘’Le Pays’’ a été même entendu par le juge d’instruction chargé de l’affaire, au tribunal de grande instance de la commune IV du district de Bamako. Sa convocation faisait suite à une publication où des témoins ont indexé directement la Sécurité d’Etat et le fiston national dans la disparition du nommé Birama TOURE. Le hic dans cette affaire, était que seuls les jeunes des familles TOURE faisaient tourner la roue afin que la vérité se manifeste au grand jour, surtout que lors d’une rencontre en 2016, entre les familles TOURE et le Président de la République, ce dernier avait promis de faire toute la lumière sur la question. Une opposition a semblé s’établir entre le camp des patriarches TOURE et celui des jeunes. En effet, les patriarches ont reçu mensuellement selon certaines sources environ une somme de deux cent mille francs CFA de la part du Président IBK, ainsi que des carnets de carburant. Ils ont même reçu en don, un véhicule pour leur déplacement pour les cérémonies officielles. Cette amabilité dure depuis février 2016. A cause de cette pratique, une première du genre depuis l’avènement de la démocratie, les patriarches auront-ils le courage voir le scrupule de demander des comptes au Président IBK ? Pour ne pas emboiter le pas aux patriarches TOURE, les jeunes TOURE sont décidés à aller jusqu’au bout. Pour eux, ce crime doit être clarifié, les responsabilités situées, et les sanctions doivent ensuite tomber. C’est par rapport à la même situation qu’environ deux cents jeunes ont organisé une marche le jeudi 16 novembre 2017 sur la famille du Patriarche des TOURE afin de protester contre la lenteur du Président de la République pour clarifier la suite à donner à cette affaire. Les jeunes ont donc accepté cet argument en attendant de se faire entendre très prochainement. Avec cette nouvelle donne, la situation va se compliquer d’avantage. L’impunité a des limites selon les jeunes TOURE. Le cas de Birama sera le dernier dans l’histoire de la presse malienne, selon les jeunes TOURE des familles fondatrices de Bamako. Un assassinat surtout de journaliste est comme un cancer, après chaque soin il se manifeste autrement. Les cas Norbert SONGO, Birama TOURE, Gislaine Dupont, Claude Verlon et Jamal KHASHOGGI sont des témoignages éloquents. Les démons de la disparition de Birama Touré planent toujours.
Badou S. KOBA
Source: Le Carréfour