Le gaz naturel liquéfié de Russie continue à arriver sur les côtes européennes. Il provient du champ gazier de Yamal, opéré par TotalEnergies.
C’est la face cachée de la crise énergétique: jamais l’Europe n’a autant acheté de gaz russe… par bateaux. Depuis le début de l’année, les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance de Russie ont augmenté de 13%, selon les données le Groupement international des importateurs de GNL (GIIGNL). Elles s’élèvent déjà à 11 millions de tonnes à fin août et devraient largement dépasser le niveau des importations de GNL Russe sur 2021 qui étaient de 13 millions de tonnes.
Au premier semestre, les achats atteignaient déjà 8,6 millions de tonnes contre 7,6 millions sur les six premiers mois de l’année dernière. La tendance devrait toutefois se calmer alors que les stocks de gaz en Europe sont quasiment plein. Les prix du GNL en Europe ont d’ailleurs déjà commencé à refluer.
Novatek n’est pas Gazprom…
Mais le mouvement global est net. “Ça passe en dessous des radars mais on continue à importer beaucoup de gaz russe, mais sous forme liquide qui transite par bateaux” explique un dirigeant français du secteur. Aujourd’hui, la Russie pèse environ 12% des approvisionnements de GNL en Europe.
Ce gaz provient du champ gazier de Yamal, opérée par le Français TotalEnergies et son partenaire russe Novatek. “Les politiques acceptent cette situation car Novatek est une société privée contrairement à Gazprom, explique une source proche des pouvoirs publics. L’argent ne tombe pas dans les poches de Poutine”.
Les dirigeants politiques européens se félicitent de vouloir réduire de deux tiers leurs importations de gaz russe. Mais en réalité, ce sont surtout les importations par gazoducs qui ont beaucoup baissé alors que Gazprom a coupé son principal pipeline North Stream 1. A fin juillet, le Français Engie affirmait que ses approvisionnements en gaz russe n’étaient plus que de 4%. Mais il s’agit des achats auprès de Gazprom uniquement. Le groupe achète encore du GNL en provenance du site de Yamal de Novatek et TotalEnergies en Sibérie.
L’Allemagne en profite
Il arrive en Europe par les terminaux méthaniers aux Pays-Bas, en Belgique, en France et en Espagne. “Le gaz est en partie renvoyer vers l’Allemagne qui en a cruellement besoin”, explique une source industrielle.
La Russie pèse encore 14% des importations de gaz naturel liquéfié importé en Europe. Toutefois loin devant les Etats-Unis qui représentent désormais près de la moitié du GNL européen. Leurs exportations vers le vieux continent ont explosé de 150% au premier semestre, selon le GIIGNL. Les américains sont les grands gagnants de la crise du gaz russe.