Salamaleck ! Toutes mes excuses pour ce long silence.
En fait tonton Bass, depuis début Août dernier, en proie au chômage et à la misère, je n’ai eu d’autre choix que d’accepter la proposition d’un malien d’en haut de m’engager comme gardien d’une villa en chantier à Markala. Mais, l’homme s’est avéré être un véritable escroc.
En effet, de ce jour à la veille de la fête de la Tabaski, je n’ai ni revu ce margouillat bipède, ni reçu un seul centime de lui. J’ai alors décidé de revenir ici à Fantambougou. Bamako. Quand on ne sait plus où aller, il faut retourner chez soi.
Ha ! Le scélérat, le cannibale ! Si jamais je le revoyais, je l’égorgerai par le bas. Walahi, bilahi, je jure ! Mais, en attendant, je te remercie, au nom de grand-mère et de toute la troupe familiale pour le bouc et les 6.500 f CFA que tu nous a envoyés de Dakar à l’occasion de la fête de la Tabaski.
C’est vrai que, déjà, la marmite familiale ne fonctionne qu’une fois tous les 2 jours, mais, les 53 bouches qu’elle alimente sont au grand complet. Personne n’a été embarqué à bord de l’indésirable minibus noir. Alhamdoulilahi donc !
Sur un tout autre plan, je t’informe que nous vivons actuellement au Mali le mois dit de Solidarité ! N’importe quoi !
Mais, cette solidarité occasionnelle ne nous fait ni chaud, ni froid. Dans ce pays-là, la solidarité des maliens d’en haut envers ceux d’en bas n’est que chimère.
Vois-tu ? Nos hautes autorités ne parlent de solidarité que pendant un seul petit mois sur les 12 de l’année.
Elles continuent d’ailleurs, (actuellement) de distribuer ça et là quelques noix de cola et de minables billets de banque à des personnes âgées, choisies sur les tas.
Et, ce qui m’énerve davantage dans cette histoire, c’est que, pour des broutilles, toutes les cérémonies sont filmées, photographiées, enregistrées, diffusées et rediffusées.
Walahi, Bilahi, je jure, ces gens-là ont bien raison de sélectionner leurs personnes âgées, les mêmes depuis toujours (en dehors de celles qui ont regagné Lahara) auxquelles ils offrent leurs aumônes. Parce que, à Fantambougou, nous ne voulons point, ni de leurs enveloppes, ni de leur noix de cola.
Personne ne peut nous masturber les esprits, ni venir se laver la conscience en achetant la nôtre.
Par ailleurs, je te signale cher Bass, que les écoles ont ouvert leurs portes la semaine dernière.
Les enfants, « d’en bas » comme « d’en haut » étaient au rendez-vous. Mais, concernant les premiers, toi-même tu sais, ce n’est qu’une histoire de formalité.
Qui n’a rien dans le ventre, ne peut avoir quelque chose dans la cervelle.
En plus, à l’école malienne de nos jours, tout s’achète et se vend : les notes, les sujets d’examens, les diplômes, les enseignants, les directeurs. Je le dis Pian !
Walahi, Bilahi, je jure, le muezzin qui appelle à la prière, a d’abord… mangé.
Toujours concernant la République, elle a été secouée la semaine dernière par cette sale affaire d’achat de l’avion du prince du Mandé et cette autre de marché de 100 milliards accordé de gré à gré à un seul mortel (malien) comme nous.
En effet, mon pauvre Bass, sous la pression du FMI qui menaçait de ne rien mettre dans la Calebasse nationale, nos « en haut d’en haut » n’ont eu d’autres choix que de saisir la Cour des comptes de la Cour suprême pour un audit. Et, patatras ! Celle-ci a très vite décelé les honteuses irrégularités dans les deux affaires
De quoi réconforter l’opposition malienne qui avait été qualifiée d’apatride, pour avoir très tôt dénoncé la magouille. Allah Akbar !
Pour terminer cette lettre, cher Oncle, je t’informe que les interminables négociations entre le Mali et ses fils égarés ont repris hier 19 octobre, toujours à Alger. Mais, il ne faut point s’attendre au miracle. Les bandits armés tiennent à un statut particulier de l’Azawad, leur pays imaginaire, et nous autres clamons haut et fort que le Mali est et restera Un et Indivisible.
En tous les cas, comme le disait l’autre, « qui veut la paix doit préparer la guerre ». Je le dit pian ! Parce que, « c’est ça qui est ça ! »
A lundi prochain Inchallahou !
Par ton petit Ablo !