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Lettre à mon oncle Bass

Cher oncle,

Rien ne va dans la famille à Fantambougou-Bamako. Et tu veux bien m’excuser mon refus de respecter cette hypocrite tradition qui recommande de toujours crier « tout va bien », même lorsque l’on se trouve dans la cour de l’enfer.

Non, oncle Bass, rien ne va, ni dans la famille, ni même au village.

La troupe familiale est à jeun depuis deux jours et elle vient en plus, de s’agrandir avec l’arrivée de N’Fa Golo et ses trois épouses. Ceux-ci, moribonds ou plutôt très malades, nous tombent sur les bras, sans qu’ils n’aient pris le soin d’apporter avec eux le moindre sou, une petite poule ou quelques kilos de mil ou de haricot.

Nos encombrants hôtes sont tous atteints de diarrhée chronique. Certains guérisseurs traditionnels appelés à leur chevet, ont à leur sujet diagnostiqué le choléra, d’autres, le chiban, pardon, le Sida. Mais, une chose est sûre : nos trois malades sont loin de souffrir d’un manque d’appétit.

Et c’est justement avec leur arrivée que la marmite familiale est tombée, plutôt que prévu, en… panne.

 Inutile donc de te dire que ta contribution pour sauver nos carcasses s’avère urgente et indispensable.

Aussi, dois-je te signaler que nous ne pouvons nous résoudre à faire hospitaliser les 3 malades car tout cela à un coût que la famille ne peut supporter.

Celui qui ne peut prendre ni même son propre ventre en charge ne saurait supporter celui d’un autre. Walahi, bilahi, je jure !

 

Aussi cher Bass, l’année 2017 est certes définitivement dernière Tous, d’en haut, d’en bas et d’en dessous, mais, y a-t-il des raisons objectives pour nous les petits et les faibles (l’écrasante majorité) de croire que l’année nouvelle nous apportera plus à manger, plus de justice, d’emplois et d’espoir ?

C’est vrai que, en tant que croyants, nous croyons et ne devrons pas perdre l’espoir.

Mais, soyons réalistes : les loups ne seront jamais des agneaux et les agneaux ne seront (hélas) jamais des loups. Bilahi !

Surtout que, dans ce pays, c’est toujours l’insolent règne d’une minorité d’implacables prédateurs, de crocodiles insatiables et de vampires.

Or, tant que ces gens qui se nourissent de notre sang et se baignent dans notre sueur ne seraient mis hors d’état de nuire, chaque année sera la même (ou pire) que celle qui l’a précédée. Je le dis pian ! Parce que, ‘’c’est ça qui est ça !’’ 

Aussi (et c’est très important), Walahi, bilahi, je jure tonton Bass, personne, absolument personne ne saurait jamais plus nous anesthésier, amnésier ou nous aphasier.

Nous connaissons nos dirigeants d’aujourd’hui, d’hier et d’avant-hier, de A à Z et savons qui est qui, qui vaut quoi et qui a fait quoi. Je le dis pian !

Je dis cela, parce que, par ces temps, nous les Maliens d’en bas, sommes harcelés (au sens propre comme au figuré) par certains hommes politiques, pressés d’arriver au pouvoir, ou déterminés à y rester.

Cela, parce que, dans quelques petits mois, ce sera les élections présidentielles et autres.

Du coup, dans le marigot politique malien, c’est l’effervescence.

Crocodiles, serpents aquatiques et d’autres gros prédateurs qui s’y ‘’hibernaient’’ se sont réveillés.

Tous espèrent l’heure de dévorer arrivée.

Pire, à eux, sont venus s’ajouter d’autres comme… eux, mais qui ne savent même pas nager.

Et, déjà, ils sont en train de s’entre-croquer…tout cru.

Walahi, Bilahi, je jure tonton, il y aura de quoi nous amuser, nous les petits, les faibles, les laissés pour compte. Nous sur lesquels, ils comptent pourtant pour leur servir d’escaliers.

Vivra, Vera !

En tous les cas, nous (les maliens d’en bas) les autres nageurs, ne redoutons point que soient exposées nos certaines… choses.

Parce que, ces certaines choses, depuis fort longtemps  ont été arrachées puis mangées pendant que nous nageons.

Walahi, bilahi, je jure !

Sur un tout autre plan, je t’informe tonton, que les salamandres bipèdes ont encore frappé au Mali, et de la manière la plus lâche. Comme d’habitude.

En effet, jeudi dernier, le véhicule de transport d’innocents villageois a sauté sur une des mines qu’ils ont posée sur une route vers Boni. Tous les passagers (au nombre de 26) ont péri. Parmi eux, toute une famille composée de sept personnes.

Le même jour à Youwarou, 2 de nos FAMA ont été tués et 14 autres dans le petit village de Soumpi non loin de Niafunké.

Walahi, bilahi, je jure, ces scarabées ne gagneront pas leurs aventures criminelles.

Parce que, les maliens d’en haut comme d’en bas nous ne nous laisserons pas faire !

Nous les massacrerons comme des mouches !

Comment ?

Je n’en sais rien, mais cela arrivera inchalah !

 

A lundi prochain Inchallah !

Par ton petit Ablo.

 

Le 26 Mars

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