Voici, grand-père ma troisième lettre. Le Mali me rappelle un triumvirat. Pas celui qui nous unit et qui nous donne l’équilibre dans le corps, l’esprit et le souffle, mais celui du Mali. Le triumvirat malien. Le Mali divisé en 3, verticalement et horizontalement.
Grand-père, le Mali est plus que jamais divisé. Une véritable trinité. Partout où vous examinerez le Mali, vous trouverez 3 parties, les pros, les contres et les neutres. Sur tous les plans. Parmi nos religieux, nos politiques et même la société civile, tout est scission.
Difficile à comprendre grand-père. Oui, chez la jeunesse aussi c’est la même chose et cela nous préoccupe de plus en plus. Oui grand-père, le Mali, c’est désormais le Nord, le Centre et le Sud. C’est ainsi que les conflits sécuritaires sont commentés, Nord, Centre et Sud. L’insécurité ne concerne plus les Maliens en général mais seulement les Touaregs, les Peulhs ou les Dogons… Les agresseurs ne sont plus des malfaiteurs, des bandits ou des terroristes mais une telle ethnie. Des fossés de méfiances se dressent entre les paisibles voisins et la division continue sa mission. Ce n’est plus l’armée nationale et républicaine qui est renforcée mais des milices ethniques par-ci et par-là. Grand-père, ça donne peur au ventre.
Sur le plan politique, comme toujours, les opposants, la mouvance présidentielle et les malheureux du juste milieu. La danse s’enflamme encore, grand-père, les religieux musulmans à leur tour se sont scindés entre le pour, le contre-régime et les chanceux du juste milieu. On ne sait plus à quel saint se vouer !
Grand-père, je me dis juste que le tisserand s’est trompé de mission et d’outils. Au lieu d’une aiguille et des files pour recoudre nos tissus sociaux, il se sert d’un ciseau pour les diviser partout et en trois.
Grand-père, vous savez pourquoi, j’ai peur dans tout ça ? Je vois juste que la religion risquerait de porter le manteau politique sur des bases ethniques au Mali. Que Dieu nous en préserve ! Amine.
Je sais que je t’étouffe avec mon pessimisme, grand-père. Pourtant ce qui est vrai grand-père, l’ethnie est sensible, la religion est aussi sensible, si ces deux se politisent ce serait une hypersensibilité très dangereuse pour le Mali.
Grand-père, je te demande juste de prier pour que le Rassemblement pour le Mali reprenne son vrai sens et que le tisserand retisse le tissu social pour un Mali meilleur sans marche ni meeting.
Grand-père, le Mali a bon nombre de défis à relever pour cette année 2019. Il a besoin de toutes ses filles et fils. Seul ensemble, nous pourrons !
Grand-père, pour finir ma lettre, je t’informe que je t’ai envoyé des sandales en fer pour tenir les marches revendicatives en cours. Car Dieu seul, quand prendra fin, l’audience où, un muet s’adresse à un sourd. Dieu seul sait. Tiens bien tes sandales et marche en attendant. A mardi prochain ! Inch’Allah !
Lettre de Koureichy
Source: Mali Tribune