Je t’écris cette lettre, la 39ème aussi sombre que le ciel malien. Cher grand-père, l’avenir du Mali est aussi inconnu aujourd’hui que le crépuscule. Triste grand-père ! Triste ! Le Mali subit aujourd’hui les conséquences d’un Mali sans école, il y a plus de 30 ans. Un Mali où les dirigeants n’ont songé qu’à eux-mêmes et à leurs enfants. Nous vivons aujourd’hui le tort de ceux qui ne sont pas souciés des enfants du Mali, il y’a 40 ans. Nous vivons, une fois encore la perte de Modibo Keita, la privatisation de l’avenir, le délaissement de l’école. Nous vivons aujourd’hui, l’absence de progrès pour tous, pour ce cultivateur dogon, cet éleveur peulh, ce Malien tout court. Nous vivons une trahison des plus hautes autorités il y’ a plus de 40 ans et qui continue !
Cher grand-père, le Mali sombre dans le deuil. Le Mali des larmes, le Mali des cris des veuves et des larmes des orphelins. Pauvre Mali devenu un enfer pour les pauvres du Nord, du Centre et du Sud mais l’eldorado des riches.
Cher grand-père, les mots sont insuffisants pour te décrire ce qui se passe aujourd’hui. Ils sont insuffisants pour te réveiller, toi, moi et tous les Maliens. Ce qui se passe au Nord et au Centre est grave mais ce qui se passe au Sud est plus que gravissime. Oui cher grand-père, l’insouciance et la cupidité sont devenues les seules boussoles du politique malien.
Au Centre les Donsons et les terroristes se vengent sur des civils, les égorgent, les décapitent et les éventrent. Les attaques inhumaines contre nos soldats se perpétuent faisant place et libre cours aux exactions. Au même moment au Sud, des mariages incestes et contre nature se célèbrent pour accueillir les législatives.
Quelle insouciance politique ! Quelle cupidité !
Cher grand-père, je me suis demandé cette fois-ci, si le Malien est apte pour de vrai pour la Démocratie. S’il faut travailler en politique comme si le pays était une entreprise pour s’enrichir. Si les regards sont plus fixés sur les prochaines élections que les futures générations. Je me suis demandé où est partie cette dignité malienne de la mesure, de l’équité, de la bonté et de la justesse ? Qui a tué le Malien comme ça ? J’ignorais que la mort de Modibo Keita avait aussi impacté le Malien.
Cher grand-père, j’avais appelé à une 4ème République pour une refondation du Mali mais je me rends compte que le vrai problème c’est le Malien réduit aux déshonneurs à la recherche une survie plutôt que le bonheur du Mali. C’est le Malien pour qui la valeur s’est désormais limitée au prix. Cher grand-père, ce sont les 18 millions de Maliens qu’il faut changer. Je suis désolé de te dire que le Soi demeure le seul refuge quand le désespoir domine ciel et terre. A mardi !
Lettre de Koureichy