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Les véritables raisons de l’échec dans l’université malienne

En raison du manque criant d’infrastructures universitaires, la majorité de jeunes bacheliers maliens sont obligés de rallier Bamako, la capitale du pays, pour y poursuivre leurs études supérieures. Selon les chiffres obtenus par Dunes Voices, 80% des étudiants maliens sont inscrits dans les différentes facultés implantées à Bamako. Celles-ci comptent 1000 inscrits.

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Si beaucoup de bacheliers sont ravis à l’idée de quitter leur province et de découvrir la capitale, il reste qu’une concentration aussi importante d’étudiants a pour effet de déteindre gravement sur les conditions d’hébergement et de restauration des futurs cadres du Mali.

Dès leur arrivée à Bamako, les nouveaux étudiants déchantent en effet très vite tant les conditions de leur prise en charge sont, autant le dire clairement, misérables. Dans les centres universitaires destinés à les accueillir, la nourriture – quand elle existe – est infecte et les chambres inhabitables. Cela quand les nouveaux étudiants ont la chance de se voir en attribuer une.

Originaire de la province de Mopti, cercle de Koro, Souleymane Guirou, étudiant résidant au campus de la FAST, Faculté des Sciences Techniques, dénonce déjà le manque d’eau dans sa «cité U». «Cela fait au moins deux mois depuis que nous n’avons pas d’eau. Je ne vous dis pas, la situation est catastrophique. Il nous arrive de sécher des cours pour aller chercher de l’eau. C’est inadmissible», proteste-t-il. Il dénonce également les conditions d’hébergement. Il soutient que durant l’année 2010-2011 lorsqu’il était en 1ère année, ils étaient  «plus d’une dizaine d’étudiants à crécher dans la même chambre ». Ceux qui n’avaient pas de chambre, dit-il encore, dormaient dans les balcons.

Ouvertes aux quatre vents, les cités universitaires sont également plongées dans l’insécurité et la violence. Les agressions y sont monnaie courante. Face à ces conditions affreuses, les bacheliers les mieux nantis louent des chambres en ville. Mais les locations ne sont pas données. La dernières des chambres en ville coûte entre 25.000 F Cfa et 30.000 F Cfa, une petite fortune pour un étudiant. Ceux dont les moyens sont limités, optent pour la colocation ou tentent de se trouver une place dans une famille d’accueil.

Quant aux étudiants issus de familles pauvres, et bien ceux-là galèrent. Les conditions de vie de ces derniers sont tellement dures et précaires qu’ils sont les premiers à jeter l’éponge. Pis encore, certaines étudiantes démunies sont même souvent obligées de pratiquer « le plus vieux métier du monde » pour pouvoir payer leur chambre et se nourrir. Ce sont les mêmes conditions, témoigne un étudiant, qui pousse beaucoup à sombrer dans l’alcool ou à devenir « accros » à la drogue.

De façon globale, la grande majorité des étudiants au Mali est livrée à elle-même. C’est d’ailleurs la raison principale de l’échec des étudiants maliens. Ce constat fait mal au cœur car de nombreux étudiants ont obtenu leur Bac avec d’excellentes moyennes. Inutile de dire donc qu’il y a dans les universités maliennes un très grand pourcentage d’abandons et d’exclusion d’étudiants. Et surtout d’étudiants qui sont originaires des provinces éloignées.

Originaire de la province de Mopti, Hammed Karembé est un étudiant qui réside au campus universitaire de Bamako. Il est « dégouté » et en a « gros sur le cœur ». Il considère tout bonnement que les responsables ne font rien pour améliorer la situation des étudiants à Bamako. Il parle même de démission générale des autorités.

Hammed Karembé est très critique autant à l’égard du Centre National des Œuvres Universitaire qui est chargé de gérer les campus que de la fameuse Association des élèves et étudiants du Mali (A.E.E.M), le syndicat chargé de veiller aux intérêts moraux et matériels des étudiants. «C’est une coquille vide. Cette association ne fait rien pour améliorer des conditions de vie des étudiants provinciaux », déplore-t-il ajoutant que les étudiants sont à l’abandon.

«Nous avons vraiment touché le fond lorsque des étudiants se sont fait tuer en plein campus», martèle-t-il. Hammed Karembé fait allusion aux évènements de mars 2012 lorsque des hommes armés non identifiés ont pénétré sur son campus, alors bondé d’étudiants, et ont tiré dans le tas faisant 02 morts.

Sensible à la galère qu’endurent les étudiants, le docteur N’do Cissé, chef du département d’enseignement et de recherche à la faculté des lettres, des langues et des sciences du langage, loge chaque année chez lui des étudiants. «Je connais leur misère. Je suis passé par là. Je leur ouvre donc les portes de ma maison depuis 1984. Parfois cela me porte préjudice mais je continue à jouer au bon samaritain. Cela dit, mes moyens sont limités et je ne pourrai pas le faire interminablement. C’est à l’Etat de prendre ses responsabilités», indique-t-il.

Le secrétaire général du comité A.E.E.M du Campus de Badalabougou, Sékou Dembélé, jure que son association bouge pour rendre moins pénible la vie dans les campus. Il soutient que «pour l’année 2015-2016, l’Association a mené des démarches auprès des autorités pour améliorer les conditions de vie des étudiants provinciaux qui résident sur le campus ». Ces revendications, selon lui, sont en voie d’être concrétisées. «Les travaux de réparations des lavabos sont en cours.

D’ici la fin 2016, le CENOU aurait promis aussi de construire une clinique de soin. En matière de sécurité, l’association a demandé au Centre National des Œuvres Universitaire de créer un poste police au niveau du campus », a-t-il ajouté. Actuellement, un comité d’étudiants appelé « police campus » assure la sécurité des lieux. Mais cela ne semble pas plaire à tout le monde. Une bande de filles est venue me voir, précise M. Dembélé, pour exiger la dissolution de cette unité. Pourquoi ? «Parce que l’unité en question les empêche de faire venir leurs petits copains qui les entretiennent». La situation est kafkaïenne.

Noel Guindo, originaire de la province de Mopti, cercle de Bandiagara, est un étudiant qui loue une chambre dans le quartier Daoudabougou à Bamako. Lui, il se plaint des retards mis dans le virement des bourses. « Les bourses sont données avec 6 ou 7 mois de retard. Cela aggrave la situation précaire des étudiants. Faute d’argent, les étudiants qui louent sont mis à la porte par les locataires. D’autres arrêtent leurs études car ils sont obligés de travailler», témoigne-t-il. Bref, c’est une vie galère.

Alors que pense de toutes ces critiques le directeur général du Cenou, Yéhia Haidara ?

Il explique qu’avec l’ouverture de la cantine universitaire  en janvier dernier à  Badalabougou, dans le cadre du projet baptisé «La main à la pâte », la situation va sensiblement changer. «C’est l’un des  projets phares du Cenou qui a pour but d’améliorer les conditions de vie  des étudiants.

Fruit de la coopération sino-malienne, la capacité d’accueil du resto est de 250 places. Le prix du plat n’est que de 250 F Cfa.  Le restaurant universitaire répond aux normes de qualité», a indiqué le directeur général de Cenou. Certes, le projet La main à la patte est une bonne chose, conviennent les étudiants. Mais au vue des problèmes qui existent, ils disent que c’est une goutte d’eau dans un océan de misère.

Source: dune-voices

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