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Les tribulations d’un journaliste malien au Mali

Exercer le métier de journaliste, dans un Mali secoué par les coups d’Etat et les attaques djihadistes, est devenu très, très difficile.

Je m’appelle Mouhamadou Touré. Je suis journaliste malien, rédacteur en chef de Studio Tamani, un média créé en 2013 par la Fondation Hirondelle (basée en Suisse) en partenariat avec l’Union des Radios et Télévisions Libres du Mali. Studio Tamani diffuse 4h30 de programmes tous les jours à travers un réseau de 85 radios FM partenaires au Mali, et aussi des vidéos reprises par trois télévisions et des infos accessibles par téléphone mobile. 3,1 millions de personnes écoutent ainsi nos programmes au Mali tous les jours. Toutes les informations de Studio Tamani sont aussi disponibles sur notre site web et les réseaux sociaux.

Mon travail, en tant que journaliste, comme pour tout autre homme ou femme de média, s’effectue aujourd’hui dans un contexte difficile, celui des crises maliennes et sahéliennes. L’indépendance, la neutralité et l’impartialité, en un mot le professionnalisme, doivent être au cœur d’une information de proximité traitée par tout journaliste. C’est nécessaire à tout moment, partout, mais encore davantage dans un contexte de crises multiples comme celles que le Mali vit en ce moment, et depuis des années. Donner la parole à chaque Malien et chaque habitant ou partenaire du pays pour qu’il s’exprime et dialogue afin de contribuer au retour de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans le pays est au cœur de notre travail. C’est la mission de la Fondation Hirondelle et de ses médias, notamment celui dont je suis le rédacteur en chef, Studio Tamani.

Mais aujourd’hui, au Mali cette mission devient plus compliquée.

Accéder à certaines localités du centre ou du nord du pays relève du parcours du combattant à cause de l’insécurité. Des journalistes continuent d’y être tués, enlevés, attaqués. Ils sont nombreux ceux qui restent entre les mains de leurs ravisseurs, comme notre confrère Hamadoun Nialibouly enlevé il y a plus d’un an dans la région de Mopti, au centre du pays. Donner la parole aux citoyens de ces zones sur les sujets sécuritaires sans les exposer est compliqué. Même certaines autorités locales n’acceptent pas de réagir sur les médias. Aborder les attaques terroristes restent encore difficile pour les journalistes locaux, s’ils veulent éviter de devenir des cibles. Leur indépendance sur le traitement des conflits entre les communautés est aussi un défi. Ils sont eux-mêmes souvent directement concernés à travers leurs proches. Rester neutre pour eux c’est prendre un risque: celui de se faire attaquer par une ou l’autre des parties en conflit.

Aujourd’hui, la pression est plus forte. Des arrestations se multiplient, notamment de personnalités publiques qui s’expriment sur les réseaux sociaux. Les gens ont de plus en plus peur de s’exprimer sur les médias. Ca complique notre capacité à donner la parole à tous. Un des derniers débats que j’ai animé sur Studio Tamani portait sur ces arrestations de personnalités publiques. Au cours de cette émission, un des invités a souligné que lorsqu’il a été invité par Studio Tamani pour intervenir sur ce sujet, il lui a fallu une grande réflexion avant d’accepter. A la fin du débat, ils étaient deux à poser la question suivante: «J’espère que je n’ai rien dit qui puisse me valoir une arrestation?». Et ça devient encore plus difficile de trouver des invitées féminines, ce qui est déjà un défi en temps normal.

L’indépendance des journalistes est aussi compliquée au Mali dans un contexte où beaucoup de ces hommes et femmes de médias ne travaillent pas des conditions qui le permettent. Beaucoup d’entre eux se paient «sur la bête» avec les perdiems fournis par les organisateurs des événements qu’ils couvrent.

Et bien sûr, autre défi de notre époque, la circulation des fausses informations aggrave encore nos facteurs de crise. Des citoyens se prennent pour des journalistes et diffusent avec leur smartphone des «informations» sans prendre en compte les règles de base de notre métier: la vérification des faits, la neutralité, l’équilibre de l’information. Les difficultés pour se rendre dans certaines localités et avoir accès aux sources compliquent encore notre travail de vérification au Mali. A Studio Tamani, nous avons lancé un programme de «fact-checking». La vérification de l’information, pour établir les faits, c’est notre mission quotidienne, malgré toutes les difficultés du contexte. S’accorder sur les faits, c’est la base pour reprendre confiance dans notre société, et croire dans un avenir meilleur.

Source: heidi

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