Le feu couvait depuis plusieurs mois. Il a éclaté à la veille d’un Conseil européen qui s’annonçait houleux, jeudi 20 et vendredi 21 octobre, à Bruxelles. Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont décidé, mercredi, de reporter le prochain conseil des ministres franco-allemand, prévu le 26 octobre à Fontainebleau (Seine-et-Marne). C’est la troisième fois que cette importante rencontre bilatérale, qui devait initialement se tenir en juillet, est ajournée. A Berlin, on promet qu’elle aura finalement lieu en janvier 2023. A Paris, on est moins affirmatif.
Pour sauver les apparences, le président français et le chancelier allemand ont certes programmé un tête-à-tête à Bruxelles, jeudi en début d’après-midi, avant de retrouver leurs homologues européens. Mais ce rendez-vous ne doit pas tromper : en décidant d’annuler un conseil des ministres franco-allemand vingt-quatre heures avant un sommet des Vingt-Sept, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ne pouvaient pas signifier plus clairement à quel point les sujets de discorde entre Paris et Berlin sont difficiles à surmonter.
Officiellement, le report de la rencontre de Fontainebleau serait notamment lié à des problèmes d’agenda des ministres allemands de la défense et des affaires étrangères. En signe de bonne volonté, Olaf Scholz aurait cependant proposé de venir seul à Paris pour rencontrer Emmanuel Macron. Une suggestion que l’Elysée n’a pas commentée, préférant mettre l’accent, mercredi après-midi, sur les questions de fond qui grippent la coopération franco-allemande. « Nous travaillons en ce moment sur des sujets importants qui portent sur des questions de souveraineté », a expliqué la présidence française, laissant entendre que les discussions ne sont pas assez avancées à ce stade pour qu’un conseil franco-allemand se tienne le 26 octobre et qu’il soit l’occasion de faire des annonces fortes.
Divergences sur la défense et l’énergie
Côté allemand, on ne nie pas l’existence de désaccords. « Il y a toute une série de sujets (…) sur lesquels nous ne sommes pas encore arrivés à une position commune », a reconnu, mercredi, le porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit. Ces divergences justifiaient-elles pour autant de reporter le prochain conseil des ministres franco-allemand, un rendez-vous qui se tient en moyenne une fois par an depuis 2003 ? A Berlin, tout le monde n’est pas de cet avis. « Macron était apparemment très désireux d’afficher des avancées tangibles à l’issue de cette rencontre. Pour nous, je pense que cela n’était pas aussi important et que, même sans annonces fortes à la clé, ce moment de dialogue entre nos deux gouvernements aurait quand même pu avoir lieu », estime un bon connaisseur du dossier, côté allemand.