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Les syndicats d’enseignants en grève de 120 heures

Les huit syndicats d’enseignants signataires du 15 octobre 2016 ont mis en exécution, depuis lundi, leur menace de grève de 120 heures reconductibles, avec rétention des notes du 1er trimestre des compositions et celles à venir, alors que les congés de Noël sont prévus ce vendredi 20 décembre 2019.

 

Les syndicats grévistes avaient déposé un préavis de grève vendredi 29 novembre 2019 au ministère du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique.

L’application immédiate de l’article 39 de la loi 007 du 16 janvier 2018 est le seul point de revendication des grévistes. Cette loi sur le statut du personnel enseignant des enseignements secondaire, fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale stipule que toute majoration de rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général des fonctionnaires s’applique, de plein droit, au personnel enseignant des enseignements secondaire, fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale.

Les syndicats grévistes, qui ont déjà un statut autonome accompagné d’une grille salariale, exigent l’augmentation de 20% obtenue par l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) auprès du gouvernement. Cette majoration a été décidée par le gouvernement au profit des fonctionnaires régis par le Statut général et d’autres contractuels sur leurs salaires, au titre de l’année 2019. L’application a officiellement démarré le 1er janvier 2019 dans les autres corporations.

Au Groupe scolaire Mamadou Konaté, où notre équipe de reportage s’est rendue, seul le coordinateur de l’école, Abdrahamane Diallo, était présent. Toutes les classes étaient fermées et la cour quasiment vide. Aucune trace des élèves ni des enseignants. Le coordinateur a souhaité que la porte du dialogue ne soit pas fermée entre l’Etat et les syndicats de l’éducation. Soutenant que la loi du 16 janvier 2018 n’est pas négociable, Abdrahamane Diallo a invité l’Etat à revoir sa position, en appliquant les 20% de la grille des enseignants.

Le proviseur du Lycée Notre Dame du Niger (LNDN), Soeur Denise Kodio, a rappelé que son établissement est para-public. C’est-à-dire à cheval entre le public et le privé. Il compte 54 enseignants dont 26 de l’Etat. Sur ces 26 pédagogues, cinq ont surveillé, lundi 16 décembre 2019, entre 8 à 11heures, les premières épreuves des compositions du 1er trimestre des classes de 11eet de 12eannée. Après, ils ne sont plus revenus. Si les compositions des classes de 11eet 12eprennent fin le vendredi 20 décembre 2019, celles des 6 classes de 10è années débuteront en janvier 2020.

Le proviseur a précisé que les compositions seront surveillées par les maîtres de l’enseignement catholique jusqu’au vendredi. Ceux-ci sont appuyés par les élèves stagiaires de l’Ecole normale supérieure de Bamako (ENSUP) comme d’habitude.

Soeur Denise Kodio a soutenu que les enseignants de l’Etat au LNDN ont observé la grève de cette année, car leurs salaires ont été suspendus lors de la grève de 2018.

Tout comme au « LNDN », les compositions du 1er trimestre se déroulent dans les classes de 11eet de 12eau Lycée « Askia Mohamed ». Les 96 enseignants de l’établissement affiliés aux syndicats d’enseignants du 15 octobre 20016 ont boycotté les évaluations. Mais l’administration scolaire, appuyée par certains agents de l’Académie de Bamako rive gauche, continuent les évaluations. A la Maison de l’enseignant, au Lycée « Ba Aminata Diallo » (LBAD), les enseignants ont déserté les bureaux.

Joint au téléphone, Ousmane Almoudou, l’un des membres des syndicats grévistes, a précisé que tous les syndicalistes sont sur le terrain pour constater et faire appliquer l’effectivité de la grève. Il a rappelé qu’il y a eu des rencontres avec le gouvernement les 12, 14 et 15 décembre derniers pour les négociations. Mais ces pourparlers ont échoué. « Nous nous sommes rendus compte que le gouvernement n’est pas dans la dynamique de l’application de l’article 39 de la loi 007 du 16 janvier 2018 tel que formulée. Il veut faire une application partielle en nous proposant 1100 en 2020 et 1200 en 2021 comme grille plafond. Ce sont des broutilles. Cela n’atteint pas les 20% que nous réclamons », a laissé entendre Ousmane Almoudou.

« Le gouvernement n’est pas fermé au dialogue et aux négociations. Le désaccord ne veut pas dire la rupture. D’ailleurs, c’est le sous bassement du Dialogue national inclusif (DNI). Tant qu’on ne dialogue pas, on ne peut pas trouver une solution à nos problèmes. J’invite, donc, les enseignants à continuer le dialogue avec le gouvernement », conseille un commis de l’Etat.

Rappelons que le Syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire des collectivités (SYPESCO), le Syndicat national de l’éducation de base (SNEB), le  Syndicat national des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales (SYNEFCT), le Syndicat national des enseignants du secondaire de l’Etat et des collectivités (SYNESEC), le Syndicat libre et démocratique de l’enseignement fondamental (SYLDEF), la Fédération nationale de l’éducation, des sports, arts, de la recherche et de la culture (FENAREC), le Syndicat national de l’éducation et de la culture (SNEC), la Coordination des syndicats de l’enseignement secondaire (COSES) et le Syndicat national de l’éducation et de la culture (SNEC) sont les 8 signataires du 15 octobre 2016.

SYW/MD

(AMAP)

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