Après le meeting du 10 février, convoqué par l’Imam Mahmoud Dicko pour faire des prières pour le Mali et qui s’est transformé en un violent réquisitoire contre le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et son gouvernement, les langues commencent à se délier. En effet, après l’euphorie de l’instant, bien des gens commencent à prendre leurs distances, en se demandant si l’imam n’est pas sorti de son rôle en appelant à la subversion contre l’Etat à cause d’une inimitié personnelle.
Un de ses arguments les plus rabâchés est que le Premier ministre ne serait pas un musulman pratiquant et ne saurait de ce fait satisfaire aux préoccupations de la communauté musulmane. Or, des témoignages nous sont parvenus faisant état de très nombreuses interventions du PM dans plus d’une quarantaine de mosquées à Bamako et à travers le pays. Ces interventions ont consisté à appuyer les travaux de construction ou de rénovation de mosquées, de forage de puits, de fourniture de tapis de prière, de matériel de construction comme les feuilles de tôles, le ciment, d’équipements de sonorisation. Toutes les communes de Bamako sont concernées ainsi que les localités de Kati, Kolondiéba, Djénné et Gao. Sans compter les interventions régulières pour appuyer les cérémonies de prières pour le pays, celles liées à la célébration du Maouloud, les ziyaras ou la tenue de réunions statutaires de certaines organisations comme le Haut Conseil islamique.
Il nous est même revenu qu’un professeur de théologie catholique aurait bénéficié d’un véhicule spécialisé pour handicapé moteur.
Il faut préciser qu’aucune ligne budgétaire n’est cependant prévue à la Primature pour faire face à de telles dépenses. Mais Soumeylou Boubèye Maïga s’est d’autant plus montré réceptif aux demandes, qu’il n’a pas attendu d’être Premier ministre pour s’intéresser à une communauté qu’il a toujours soutenue. Il suffit pour cela de demander aux imams plusieurs quartiers de Bamako.
Soumeylou Boubèye offre également chez lui depuis de très nombreuses années, un repas de rupture de jeûne à l’occasion de Laylatul Qadri, la Nuit du Destin. Repas autour duquel parents, amis, voisins, collègues et chefs religieux aiment se retrouver en toute intimité pour communier et prier pour le Mali.
En ce moment, notre pays a beaucoup plus besoin de vraies prières dans les lieux consacrés que sont les mosquées, les zawiyas, les églises et les vieux vestibules des familles fondatrices, que de grands shows médiatiques aux allures de campagne politique dans les stades.
Abdoul Latif
La Lettre du Mali