Dans un entretien à Sputnik, Khaled Ziari, ex-officier supérieur algérien responsable de la lutte antiterroriste, a affirmé que l’armée et les services de renseignement de son pays avaient prévu depuis longtemps l’arrivée d’al-Baghdadi au Maghreb, et avaient mis en œuvre toute une batterie de mesures pour y faire face.
Des informations auraient été données par la coalition internationale anti-Daech* menée par les États-Unis à la Tunisie sur une probable présence d’Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’organisation terroriste Daech*, en Libye. Les frontières tuniso-libyenne et algéro-libyenne ont été mises en état d’alerte, et les autorités des deux pays prennent très au sérieux la menace d’un éventuel redéploiement des groupes de cette organisation terroriste au Maghreb et au Sahel en général.
Pour ce qui est du cas de l’Algérie, ceci se greffe à la problématique des flux migratoires en provenance des pays du Sahel, dont l’impact sur la sécurité nationale a été relevé par les autorités algériennes depuis plusieurs mois.
Khaled Ziari, ex-officier supérieur à la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) algérienne, responsable de la lutte antiterroriste, a commenté pour Sputnik les mesures préventives engagées depuis longtemps par l’armée algérienne et l’ensemble des services de sécurités pour contrecarrer la menace de l’éventualité d’un redéploiement des groupes de Daech* au Maghreb et au Sahel.
«En réalité, l’armée algérienne [l’Armée nationale populaire (ANP), ndlr] est en alerte permanente depuis que le phénomène Daech* avait investi toute la région qui entoure l’Algérie», a déclaré l’ex-officier supérieur de le DGSN, précisant que «l’ANP n’a pas attendu les renseignements de la coalition anti-Daech*, pour prendre les mesures qui s’imposent».
Dans le même sens, l’ex-responsable de la lutte anti-terroriste a affirmé que «les services de renseignement algériens étaient en opération en permanence dans la région, y compris à l’intérieur même de la Libye, de la Tunisie et du Mali…». «La présence d’Abou Bakr al-Baghdadi en Libye était une éventualité intégrée depuis longtemps, notamment après l’échec cuisant de son organisation en Irak et en Syrie».
Tout en indiquant que ce que craignent les autorités algériennes «ce sont les faux pas et d’éventuelles compromissions des tunisiens et des libyens» avec le chef terroriste, M.Ziari a souligné que «que les autorités militaires ont doublé de vigilance pour empêcher toute tentative d’infiltration en Algérie soit d’al-Baghdadi lui-même, ou de ses groupes». «Par ailleurs, l’expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme n’incite pas les terroristes à s’aventurer sur le sol algérien», a-t-il lancé.
Pour ce qui est de l’impact des flux migratoires vers l’Algérie en provenance des pays du Sahel, Khaled Ziari a affirmé que «la situation est certes lourde et entraine plus d’efforts sécuritaires, mais elle reste gérable et maîtrisable».
Compte tenu de tous ces facteurs externes qui s’ajoutent à la situation interne complexe de l’Algérie, suscitée par les revendications «démesurées» du mouvement populaire du 22 février, l’ex-officier supérieur a affirmé qu’«il n’y a pas lieu de s’alarmer», pour la sécurité nationale algérienne. «Le chef de l’état-major de l’armée a exprimé à plusieurs reprises le caractère populaire de l’institution militaire et sa détermination à accompagner le peuple vers le changement souhaité».
Cependant, selon lui, ce qui peut être un motif de préoccupation, «c’est le complot contre l’État initié par l’ex-responsable des services de renseignement, le général de corps d’armée Mohamed Lamine Mediène, dit Toufik». «On ne connait pas encore l’étendue de cette initiative criminelle qui peut aller jusqu’à une certaine complicité à l’intérieur même de l’institution militaire et qui, évidemment, peut avoir des conséquences sur la sécurité nationale d’une manière générale», a-t-il mis en garde.
Dans un entretien accordé à Sputnik, Ahmed Mizab, expert et chercheur algérien en questions sécuritaires et stratégiques, a expliqué les raisons qui auraient poussé les dirigeants de Daech* à opter pour le Maghreb, le Sahel et la région subsaharienne. Selon le spécialiste, ces territoires d’un point de vue géographique, de la nature des reliefs et de certaines influences, offrent les conditions nécessaires à ces groupes terroristes pour se redéployer, se restructurer et relancer à nouveau leurs activités criminelles. À ceci, indique-t-il, s’ajoute un détail important: beaucoup d’éléments de Daech* ayant combattu au Moyen-Orient sont originaires des régions maghrébine et nord-africaine. Il a souligné que d’un point de vue opérationnel, ces combattants vont revenir dans leurs pays d’origines, constituant ainsi un vrai danger pour toute la région.
*Organisation terroriste interdite en Russie