Les relations égypto-russes se réchauffent rapidement. Les ministres russes des Affaires étrangères et de la Défense sont attendus au Caire pour une visite de 48 heures, ce mercredi 13 novembre. Une visite précédée par l’arrivée du croiseur lance-missile russe Varyag qui a mouillé lundi au port militaire d’Alexandrie.
On peut expliquer ce soudain dégel par l’incendie qu’il y a dans les relations égypto-américaines. Des relations qui n’ont jamais été aussi tendues, depuis leur reprise en 1974. Une époque où l’Egypte avait tourné le dos à l’Union soviétique, son allié depuis une quinzaine d’années. Depuis lors, malgré quelques tensions, l’Egypte était devenue le meilleur allié arabe de l’Amérique.
Les Etats-Unis impopulaires
Mais rien ne va plus depuis la destitution du président Mohamed Morsi par l’armée. Même si les Etats-Unis n’ont pas dénoncé un « coup d’Etat », ils ont suspendu leur aide militaire et des livraisons d’armes. Un geste qui a été très mal perçu par le général Abdel Fattah al Sissi, ministre de la Défense et homme fort de l’Egypte. Un geste qui a aussi rendu les Américains plus impopulaires que jamais, au sein de l’opinion publique égyptienne.
Au Caire comme à Moscou, on évoque la possibilité d’un contrat d’armement. Interrogé sur la question par une chaîne russe, le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré « l’achat de nouvelles armes russes est une possibilité qui est à l’étude ». Des responsables russes ont abondé dans le même sens. Des voix se sont élevées au Caire pour demander que le monopole d’armes américaines et occidentales soit cassé.
Reste à trouver l’argent.
Le navire amiral russe mouille à Alexandrie
Des informations circulent selon lesquelles un pays du Golfe serait prêt à avancer les fonds. Ce n’est pas un hasard si le Varyag, navire amiral de la flotte russe du Pacifique et détaché en Méditerranée a mouillé à Alexandrie. Une première, depuis l’expulsion des experts soviétiques d’Egypte en 1972. La Russie, qui comptait jusqu’à présent sur le port de Tartous en Syrie, cherche un port de substitution « juste au cas où » le régime Assad s’effondrait.
Au niveau politique, également, l’Egypte veut prendre ses distances avec les Américains. Elle veut rééquilibrer ses relations étrangères qui, durant des décennies, étaient alignées sur les Etats-Unis. Un exercice d’équilibrisme qui ne sera pas facile à tenir si l’Egypte veut éviter d’indisposer l’Arabie Saoudite, un de ses principaux bailleurs de fonds aujourd’hui. Un rapprochement avec les Russes sur la Syrie serait mal perçu. Une action commune sur la question palestinienne serait, au contraire, la bienvenue. Il ne faut enfin pas oublier l’aspect économique, qui était florissant dans les années soixante.
Source : RFI