Depuis plusieurs mois, nous assistons à des scènes peu honorables lors des prises de parole du président de la République Ibrahim Boubacar Keita. Le chef de l’État se met dans une posture politique indigne de son rang. De son adresse à la nation le 31 décembre 2017 à sa sortie à Kangaba, la semaine derrière, IBK ne rate plus d’occasion pour répondre à ses adversaires. On a du mal à savoir si c’est un président de parti politique qui parle ou le garant de la constitution qui s’adresse aux Maliens.
Selon plusieurs analystes politiques, la fonction présidentielle est au- dessus des comportements d’IBK. Car il se met dans la posture d’un chef politique alors qu’il est le président de tous les Maliens, et les propos qu’il tient ne sont pas dignes d’un chef de l’État.
Lors de sa derrière rencontre avec la majorité présidentielle, il a sévèrement critiqué la démission de son ministre de l’Education nationale, non moins président de la Codem, Housseini Camion Guindo, en ces terme : «Chers compagnons fidèles, chers compagnons du premier jour, oui, vous fûtes quand beaucoup n’étaient pas là… Et aujourd’hui, vous voir ici m’est un plaisir réel. C’est vrai, notre pays connaît aujourd’hui une situation riche d’enseignements. Beaucoup accourent quand le plat est servi, mangent à satiété, et de peur d’avoir à participer à la vaisselle, bien rassasiés, se retirent piteusement.» L’allusion était à peine voilée.
S’agissant de ses adversaires dans la course pour Koulouba, le 29 juillet2018, IBK pense qu’il est le seul à avoir respecté la loi. «Je comprends que jusqu’ici nous ayons les uns et les autres observé le temps de la rigueur légale et constitutionnelle qui voulait un respect scrupuleux de la Constitution qui prévoit que tant que le collège électoral n’est pas convoqué nul n’a le droit de se mettre en campagne sous quelque forme que ce soit. Et pourtant, on a entendu çà et là des candidatures lancées de manière vigoureuse mais anticonstitutionnelle.»
Il avait certainement oublié l’usage qu’il fait des médias public en censurant tous les opposants sur les antennes de l’Ortm ainsi que de l’Amap. Il a aussi oublié sa campagne électorale anticipée que l’opposition politique avait dénoncée à travers un communiqué signé par le chef de file de l’opposition politique, l’honorable Soumaïla Cissé.
IBK qualifie aussi d’opportunistes avérés ses anciens alliés qui ont quitté le navire : «Nous n’avons aucun lieu de raser les murs, aucun lieu d’avoir quelque honte, et à dire que nous sommes prêts à resservir ce pays de toutes nos forces, toute notre âme, pas par ambition égoïste ou égocentrique, sûrement pas, mais tout simplement parce que le bateau commun a été relevé, réhabilité et cela a été attesté par la communauté internationale de fort belle façon. Donc, nous n’avons pas honte aujourd’hui, à l’instar de ces compagnons honteux et de ces opportunistes avérés ! Nous avons bien servi le Mali, nous avons été à la hauteur de ce qui était attendu de nous dans le domaine politique.»
Lors de sa derrière sortie à Ségou où il a inauguré l’échangeur multiple de la cité des Balanzans, il a qualifié Me Mountaga Tall, président du Cnid, de traître. Il avait ensuite répondu à Ras Bath : «Boua ba bla nka a bla tuma ma sé folo».
À Kangaba, la semaine derrière, il répond à la rue en disant que «Boua ta bla mogo si fa ka ta». Bref, à chaque prise de parole du président de la République Ibrahim Boubacar Keira, au lieu de parler des réalisations du régime depuis 2013, et évoqué les perspectives, il ne fait que s’en prendre à ses adversaires politiques.
C’est regrettable de voir le président d’un pays, qui traverse une crise sans précédent de son histoire, ne s’occuper que de futilités politiques, au lieu de chercher à faire sortir le pays de l’enlisement.
André Traoré
Source: Soleil Hebdo