Des fois, amuser la galerie fait aussi partie de la comédie jouée par le pouvoir. Mais lorsque la pièce de théâtre devient une de trop, c’est le dénuement qui s’en suit.
Telle est la voie dans laquelle le ministre de la sécurité et ses éléments se trouvent face à la situation actuelle dans la capitale et certaines régions, puisque certaines restent encore sous le contrôle de la CMA. D’ailleurs, pour cette dernière, des élections législatives anticipées seront organisées bientôt pour lui permettre d’affirmer son rang, sinon son statut. Deux poids, deux mesures quoi ! Pour revenir à notre sujet, il faut dire que le malien est beaucoup patient.
Cette patience n’est plus à démontrer car le fil des événements de 2012 à nos jours est la preuve de sa patience. Le personnage du malien est unique à son genre dans le monde entier. Il est prêt à encaisser tout en même temps. Avec le COVID19, c’est un petit pan d’enfer qui s’est abattu sur le citoyen lambda. Comme dans ses habitudes, il se remet à Dieu et se résigne. Le pouvoir en place se permet de lui faire tout sans limites ni réflexion. Dans cette histoire, les populations sont prises entre l’enfer des prix des produits de première nécessité, les forces de l’ordre et le virus.
Les populations se rendent compte maintenant que les forces de sécurité sont à l’origine eux-mêmes de plusieurs cas d’insécurité : les braquages à main armées, le brigandage des boutiquiers et autres actes indignes d’un agent de sécurité conscient et responsable. Les populations ne savent plus que choisir entre les bavures des forces de l’ordre en patrouille ou les voleurs sans sentiments ni pitiés. Et tout le monde est unanime que les policiers en patrouille ne vont généralement jamais où se trouve les vrais malfrats. Ils se promènent nuitamment dans les carrés éclairés des quartiers de la capitale pour semer la terreur dans un bordel total, empêchant parfois les paisibles citoyens de dormir. Alors que ce sont eux qui sont censés protéger et veiller à la quiétude des pauvres populations. Mais, c’est tout à fait le contraire aujourd’hui. Nos forces de l’ordre, disons-le, ressemblent à tout sauf des gens assermentés. Ce n’est point une surprise quand on sait les conditions dans lesquelles certains d’entre eux sont recrutés. Certains n’ont même pas le DEF. Ils sont pour la plupart des anciens vagabonds et autres délinquants connus des populations dans les différents quartiers de Bamako. N’ayons pas peur des mots. Par rapport au couvre-feu, par exemple, dans les quartiers périphériques de Bamako, certains entendent seulement parler de ça et non pas parce que les agents de patrouille sont dans les parages. Pour eux les vrais agents qu’ils connaissent sont ceux qui font face aux bandits.
De 21heures à 5 heures du matin, les bandits circulent comme ils veulent et sans crainte : les agents de sécurité ont peur des affrontements. Des quartiers tels qu’une partie de Garantiguibougou, Niamakoro, kalaban-coura, Diallogoubou Nérékoro et sirakoro pour ne citer que ceux-ci, de 21 h jusqu’à 5h du matin, il est très rare de voir circuler un véhicule de patrouille de la police. Les habitants de ces quartiers ont même pris les anciennes habitudes : le fameux grin des jeunes devant les maisons, certaines petites boutiques ouvertes et les gens vaquent à leur occupation de nuit. « Il vaut mieux veiller pour dissuader les bandits que de dormir tôt et se faire réveiller violemment au milieu de la nuit avec une arme sur la tempe », disait un jeune qui gardait chaque nuit leur concession contre les voleurs et bandits qui règnent en maitre la nuit dans la zone.
B.M
Source: Le Point du Mali