Ils sont ministres de la République mais sans en posséder aucun attribut. Ils sont sans existence propre, sans autorité. Ils sont noyés sous le poids des dossiers de leurs départements et sont condamnés à ne faire que de la figuration. Passés maîtres dans la fanfaronnade, ils tentent de se donner un peu de contenance en se montrant plus royalistes que le roi lui-même et n’hésitent pas à verser dans l’abus. Dépassés par les réalités des Maliens mais dotés d’une imagination débordante, ils ont trouvé des accessoires pour voir la vie en rose: les lunettes fumées. Presque tous en portent. Incapables de regarder l’insupportable misère qui les entoure et pas courageux de fixer les Maliens dans le blanc des yeux. Nous nous intéressons aujourd’hui à l’un d’entre eux, Mohamed El Moctar, ministre de la Réconciliation nationale.
Le talon d’Achille du gouvernement et même du régime d’IBK est sans nul doute l’Accord pour la paix la réconciliation nationale issu du processus d’Alger. Après sa signature, le président IBK a pensé qu’un département dédié à la réconciliation nationale serait à même de subjuguer la crise et de réconcilier les frères autour de l’essentiel et de faciliter le revivre ensemble.
Zahaby Ould Sidy Mohamed qui occupait le portefeuille, à défaut d’avoir une vision claire de sa mission, organisait quand même du folklore. Il confectionnait des banderoles et des affiches au nom de la réconciliation nationale. Il tenait des foras et multipliait les rencontres. Zahaby organisait même des caravanes de sensibilisation du Sud au Nord du pays et, souvent par voie fluviale. Ce qui lui a valu d’être présent tous les soirs sur le petit écran de l’ORTM. Il donnait l’impression que les Maliens se réconcilient vraiment, même si ce n’était que du folklore. De quoi rassurer tout de même certains Maliens.
En nommant El Moctar au gouvernement pour remplacer Zahaby, le président de la République, encore moins le Premier ministre, n’avait mesuré la lourdeur de la tâche pour l’homme qui jusqu’à ce jour cherche ses marques. Dépassé par les événements, il n’a aucune initiative pour tenter de réconcilier les Maliens. Avec l’un des plus gros budgets des départements ministériels, Mohamed El Moctar préfère prendre son morceau de viande grillé, siroter un verre de thé dont il raffole et rejeter des grandes bouffées de fumées de cigarettes.
Monsieur le ministre, qui faisait de la figuration dans les gouvernements du régime ATT, s’est vu propulsé à la tête d’une super structure qui devait se trouver au devant de l’action gouvernementale dans le contexte actuel qui est celui du Mali. En effet, sous nos cieux, le tissu social est presque en lambeaux, notamment dans le centre du pays. Pourtant, le ministre de la réconciliation nationale somnole et dors à la limite sur ses lauriers dans son salon feutré, sous l’air conditionné. Comme sur un terrain conquis, Mohamed El Moctar ne pose aucun acte visible ou susceptible de réconcilier même les éléphants du Gourma.
Il a transformé son bureau en lieu de causerie et une salle à manger avec un buffet permanemment garni aux frais de l’Etat. Un méchoui bien fumant, du couscous et du lait frais sont servis à volonté. Les amis d’enfance et les camarades de promotion de Monsieur le ministre se bousculent dans les couloirs.
Pendant ce temps, les quelques rares actions sur le terrain sont l’œuvre d’associations ou de la communauté internationale. Monsieur le ministre se barricade derrière son gros turban aux allures d’un chef de tribu touareg.
Si aujourd’hui le régime IBK n’a presque pas de bilan à présenter aux Maliens sur le plan de la réconciliation nationale, l’inertie du département en charge de ce dossier épineux y est pour beaucoup.
Il faut croire que son employeur est parfaitement conscient de l’inamovibilité de l’homme, dans la perspective du prochain réaménagement technique du gouvernement.
Les jours à venir sont, pour sûr, très décisifs pour lui, surtout lorsque le Premier ministre annonce dans sa DPG que ‘’mon action est le terrain et l’efficacité est mon crédo ». Mohamed El Moctar doit apprêter son baluchon, car la porte de sortie est du côté Sud de son département.
Dieu veille !
Hamadoun KARA
Source: Azalaï-Express