Pendant que le gouvernement de notre pays tente d’empêcher les nécessiteux de se déplacer librement à travers un accord d’expulsion de nos compatriotes au sein de l’UE, le président IBK fait partie paradoxalement des Chefs d’Etat qui ont le plus duré en l’air en 2016. Avec 22 voyages, notre président de la république occupe la 5ème place derrière Déby du Tchad, Jacob Zuma, Paul Kagamé et Roch Mark Christian Kaboré. Si dans le cas des autres pigeons voyageurs du continent les déplacements ont servi à quelque chose, au Mali, le peuple reste sur sa faim.
Lorsque vous vous présentez à la magistrature suprême de votre pays, vérifiez bien que vous ne souffrez pas du mal de l’air. D’Idriss Déby Itno à Paul Biya en passant par Ali Bongo Ondimba et Ibrahim Boubacar Keita, nous avons analysé les déplacements des principaux chefs d’État africains à l’étranger depuis le 1er janvier 2016.
Si vous suivez de près la politique africaine et internationale et que vous avez pu assister à quelques-uns des grands rendez-vous de l’année 2016, il est sans doute un chef d’État, le Tchadien Idriss Déby Itno, que vous n’avez pas pu rater. De Paris à Pretoria et de Pékin à New-York, en passant par Addis-Abeba ou Abuja, sa grande silhouette a été aperçue partout.
Et pour cause, le président en exercice de l’Union africaine, qui laissera son poste en janvier, est bien équipé pour jouer au « globe trotter ». Avec ses deux Boeing – 737 et 767 -, son Hawker et son ATR-24, Déby ne rechigne pas à voyager. Depuis le 1er janvier 2016, il a effectué selon les calculs de Jeune Afrique l’équivalent de 5,4 fois le tour de la Terre, soit un peu moins de 220 000 kilomètres cumulés, en 37 visites officielles à l’étranger (sans même compter les séjours privés, donc).
Devant le Sud-Africain Jacob Zuma et le Rwandais Paul Kagamé, Idriss Déby Itno est ainsi le chef d’État africain ayant le plus voyagé dans l’exercice de ses fonctions ces douze derniers mois. La plupart de ses homologues « se contentent » d’environ quinze ou vingt voyages officiels sur la même période, des performances au demeurant tout à fait honorables.
Paul Biya en queue de peloton
Restent évidemment les casaniers. Certains, comme le Burundais Pierre Nkurunziza ou le Congolais Joseph Kabila, préfèrent sans doute ne pas trop s’éloigner d’un pays ou d’une capitale qu’ils surveillent comme le lait sur le feu. D’autres, comme John Dramani Mahama, ont préféré conserver du temps à faire campagne sur le sol national dans l’espoir de leur réélection.
Bon dernier de nos calculs, Paul Biya est un cas particulier. Ses nombreux allers-retours en Suisse, sommairement intitulés « séjour privé en Europe » dans l’agenda présidentiel, ne sont plus un mystère. Mais, pour ce qui est des voyages officiels à l’étranger, le président camerounais se fait beaucoup plus rare. Selon nos recherches, il n’en a effectué que deux en 2016 : à New-York, aux États-Unis, et à Abuja, au Nigeria.
Avec Ladji Bourama, les voyages se multiplient au même rythme que la souffrance du peuple. Peut-être qu’il imitera François Hollande en renonçant à sa candidature pour la présidentielle de 2018.
Lamine Diallo
Source: Waati