Réunis en sommet à Johannesburg, les pays membres du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) se sont accordés mercredi sur le principe d’une expansion du bloc de pays émergents, désireux d’étendre leur influence, le choix stratégique de nouveaux membres devant encore être discuté.
Nous nous sommes mis d’accord sur la question de l’expansion. Nous avons adopté un document qui définit les lignes directrices, les principes et les processus d’examen des pays qui souhaitent devenir membres du BRICS
, a déclaré la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor, sur une radio publique.
La ministre, qui a souligné une avancée positive
, n’a pas précisé si les noms des nouveaux entrants seront annoncés lors du sommet, indiquant simplement que les détails
seront précisés avant la fin de la rencontre jeudi soir.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait déclaré plus tôt que l’ensemble des membres du bloc soutenaient pleinement
l’idée d’un élargissement.
Une quarantaine de pays ont demandé leur adhésion ou manifesté leur intérêt. Cuba, le Nigeria ou encore l’Iran sont parmi les candidats.
Selon les dirigeants du club des cinq
, qui produit un quart de la richesse mondiale et rassemble 42 % de la population du globe, cet engouement montre l’influence grandissante des pays émergents sur la scène mondiale.
La Chine, poids lourd qui pèse environ 70 % du PIB du groupe, a clairement réitéré son intention de gagner en puissance.
Les pays du BRICS doivent œuvrer en faveur du multilatéralisme et ne pas créer de petits blocs. Nous devons intégrer davantage de pays dans la famille du BRICS
, a enjoint le président Xi Jinping.
Alliage hétéroclite de pays géographiquement éloignés et dotés d’économies à la croissance inégale, les pays du BRICS ont en commun leur revendication d’un équilibre mondial plus inclusif, en particulier au regard de l’influence des États-Unis et de l’Union européenne.
L’Inde, autre locomotive économique du groupe qui se méfie des ambitions de son rival régional chinois et ne s’était pas exprimée sur une possible expansion à l’ouverture du sommet mardi, a finalement déclaré soutenir l’ouverture, sous réserve d’un accord sur les modalités.
L’Inde soutient pleinement l’élargissement de la composition des pays du BRICS et se réjouit d’avancer vers un consensus
, a déclaré le premier ministre Narendra Modi.
Le processus de décision au sein du groupe BRICS requiert en effet l’unanimité.
M. Ramaphosa a déclaré espérer trouver une solution claire
sur les questions relatives à l’expansion.
Un groupe divisé
Les pays du BRICS sont à l’évidence divisés à l’heure actuelle
, estime Gustavo de Carvalho, chercheur en relations internationales basé en Afrique du Sud, interrogé par l’AFP.
Outre l’Inde, le Brésil, officiellement favorable à l’ouverture, craint qu’une expansion ne dilue
son influence mondiale et au sein du bloc, selon le spécialiste.
Pretoria plaide pour l’intégration de pays africains, sur un continent devenu un nouvel échiquier dans le jeu diplomatique mondial.
La Russie a désespérément besoin d’amis et de partenaires
avec la guerre en Ukraine et il n’est pas étonnant qu’elle soit en faveur d’une expansion
, poursuit M. de Carvalho.
Rio, Pretoria et Delhi devront aussi peser leur proximité avec la Chine et la Russie avec le risque de s’éloigner d’un partenaire commercial majeur comme les États-Unis.
Les pays de la zone BRICS ont réaffirmé leur position non alignée
lors du sommet, à un moment où les divisions ont été accentuées par le conflit en Ukraine.
radio-canada