Comme RTÉ l’a signalé au cours de la semaine à Bamako, l’escadron de gardes militaires -les forces spéciales irlandaises – doit être déployée au Mali dans le cadre des engagements outre-mer des forces de défense.
L’armée fournit déjà 20 personnes à la mission de formation de l’UE (EUTM), qui vise àaméliorer la capacité de l’armée malienne à rétablir une certaine stabilité dans un pays qui connaît une intensification du conflit depuis 2012.
Le Ranger Wing n’aidera pas l’EUTM, mais participera à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), décrite par le Washington Post comme suit: « La mission la plus meurtrière du monde ».
Les forces spéciales irlandaises enverront une équipe de 12 hommes et effectueront des patrouilles de longue distance dans le cadre de ce qui est en fait une mission modèle de lutte contre le terrorisme..
Les Rangers ne peuvent se déployer sans la permission du gouvernement. Les décisions dugouvernement sont à leur tour éclairées par les conseils de l’armée.
Alors,qu’est-ce qui incite à envoyer les Rangers dans une zone de conflit où le risque est réel et où, dans l’état actuel des choses, les récompenses sont rares?
En commençant par le gouvernement, il y a une campagne en cours – en concurrence avec les pays qui souffrent d’austérité économique, la Norvège et le Canada – pour obtenir un siège alternatif au Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU).
Avec ce siège, l’Irlande a la chance de mettre à l’épreuve sa réputation d’être au dessus de son poids, cette fois sur la scène mondiale.
Le déploiement au sein de la MINUSMA sera populaire auprès des membres permanents du Conseil de sécurité en raison des efforts déployés pour faire reculer Al-Qaïda et EI au Sahel ( Jabhat Nasral-Islam Wal Mulimeen – GSIM et État islamique dans le Grand Sahara EIGS).
Les relations de l’Irlande avec ses partenaires européens se sont déjà approfondies grâce au Brexit.
Mais l’Allemagne (qui fait déjà partie de la MINUSMA) et la France (qui opère séparément au Mali sous l’opération Barkhane) apprécieront particulièrement le déménagement au Mali. Mais il faut plus de voix que les pays occidentaux ne peuvent en donner.
En Afrique,les pays du G5 du Sahel (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Tchad et Niger) qui soutiennent et travaillent aux côtés de la MINUSMA contre les activités militantes transfrontalières se féliciteront de cette initiative.
Le Mali préférerait les armes à un plus grand nombre de soldats de la paix et l’Irlande en a fait autant. « Nous combattons des terroristes dans le nord et maintenant au centre. La mobilité est difficile, nous manquons d’hélicoptères pour augmenter notre présence militaire », a déclaré une source militaire àHuman Rights Watch dans un important rapport publié le mois dernier.
Ils aimeraient aussi des véhicules blindés. Le Responsable Irlandais a exprimé son soutien à la candidature du Conseil de sécurité au président malien cette semaine lors de sa visite à Bamako.
Envoyer des forces spéciales pour aider un pays dont l’Irlande participe déjà à l’entraînement militaire ne peut pas faire de mal.
Une mission de maintien de la paix mandatée par les Nations Unies est le genre de mission que les défenseurs puristes de la neutralité irlandaise considèrent comme le seul modèle acceptable
Le coû thumain représente le potentiel de victimes dans le nouveau déploiement. Le nord du Mali est une zone de guerre où la MINUSMA est considérée comme une cible légitime.
L’année dernière, un communiqué mentionnait à peu près à la même époque: «Le nombre de victimes en 2017 est le plus élevé jamais enregistré par le Comité.
« Aucours des cinq dernières années, au moins 310 membres du personnel des Nations Unies sont morts lors d’attaques .
« Pour la quatrième année consécutive, la mission de maintien de la paix au Mali a étéla plus meurtrière, avec la mort de 21 soldats de la paix et de sept civils. »
Les bombes artisanales ou les engins explosifs improvisés (EEI) ont eu un impact terrible sur les casques bleus.
Les patrouilles de la MINUSMA se heurtent à des milices qui ont de l’expérience en Libye, qui sont bien armées et qui disposent de beaucoup de ressources.
Le prix potentiel de la réputation de la participation à la MINUSMA (le cas échéant)est inconnu.
Les forces armées maliennes soutenues par la mission ont encore beaucoup à faire avant de gagner la légitimité nécessaire à la fin de la mission.
Au centredu Mali, elle est accusée par des peules.Pour sa part, le gouvernement nie les allégations relatives à la fourniture d’armes et signale une capacité et un équipement insuffisants pour répondre aux critiques concernant sa capacité à défendre les civils.
Le gouvernement malien a reconnu que des civils avaient été tués par l’armée dans le cadre d’opérations de lutte contre le terrorisme.
Les conflits religieux et tribaux qui se chevauchent au Mali ne seront pas résolus par l’ajout de 12 soldats irlandais.