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Les États-Unis ont quitté l’Afghanistan

Vingt ans après le début de leur intervention, les derniers soldats américains ont quitté l’Afghanistan, a annoncé le Pentagone, lundi 30 août. Ils laissent le pays aux mains des talibans, au terme de la plus longue guerre de l’Histoire des États-Unis.

 

« Le dernier avion C-17 a décollé de l’aéroport de Kaboul le 30 août » à 19h29 TU, a déclaré le général Kenneth McKenzie, qui dirige le commandement central dont dépend l’Afghanistan, lors d’une conférence de presse. L’ambassadeur américain à Kaboul et un général sont les derniers Américains à avoir quitté l’Afghanistan. Après cette annonce, des coups de feu ont retenti de différents postes de contrôle des talibans. « Nous avons à nouveau fait l’histoire. Les vingt années d’occupation de l’Afghanistan par les États-Unis et l’Otan se sont achevées ce soir », a déclaré sur Twitter Anas Haqqani, un responsable du mouvement islamiste.

Le retrait militaire de Washington s’est donc achevé 24 heures avant la fin de la journée du 31 août, échéance fixée par le président Joe Biden pour retirer les dernières forces américaines d’Afghanistan où elles étaient entrées en 2001 après le refus des talibans de livrer le chef d’al-Qaïda, Oussama ben Laden, après les attentats du 11-Septembre. Deux décennies plus tard, les talibans ont profité du retrait progressif des Américains ces derniers mois et de l’effondrement des forces de sécurité afghanes pour entrer dans Kaboul le 15 août et reprendre le pouvoir, après une offensive militaire éclair.

123 000 personnes évacuées

Le retour des islamistes au pouvoir a obligé les Occidentaux à évacuer, dans la précipitation, depuis l’aéroport de Kaboul leurs ressortissants et des Afghans susceptibles de subir des représailles pour avoir travaillé pour les forces étrangères. Ce gigantesque pont aérien, commencé le 14 août, a permis d’exfiltrer plus de 123 000 personnes, selon les derniers chiffres communiqués par le Pentagone. « Si les évacuations militaires sont terminées, la mission diplomatique pour s’assurer que davantage de citoyens américains et d’Afghans éligibles voulant partir, continue », a indiqué le général Kenneth McKenzie.

Les États-Unis ressortent de cette guerre avec une image encore plus écornée par leur incapacité à prévoir la rapidité de la victoire talibane et par leur gestion des évacuations.

Un spectacle hallucinant dans l’aéroport dévasté

C’est un spectacle assez hallucinant que l’on voit désormais autour et dans l’aéroport, raconte pour RFI, l’envoyé spécial de France 24, Cyril Payen. Il y a des voitures et des pick-up renversés avec, semble-t-il, des éléments de bureau qui ont été installés comme boucliers. Il y a dû avoir des combats ici. Il y a des voitures qui montrent beaucoup d’impacts de balles. Le terminal des vols intérieurs est extrêmement abîmé, à moitié détruit et, surtout, les fameux chariots de bagages qu’on trouve dans les aéroports du monde entier ont servi comme cordons de sécurité métalliques.

« J’ai marché deux kilomètres pour arriver ici. Les talibans nous ont laissés rentrer », dit Cyril Payen. Devant lui, il y avait ces fameuses unités des forces spéciales talibanes, habillées de treillis américains, très bien équipées avec des armes dernier cri, ce qui en dit long sur les prises de guerre qui ont été faites lors de ces offensives talibanes sur l’Afghanistan et sur Kaboul. Enfin, le commandement taliban, très symboliquement aussi, a marché sur le tarmac de l’aéroport.

Aux États-Unis, le doute plane sur les bonnes intentions des talibans

Joe Biden a justifié sa décision de retirer les troupes américaines par son refus de faire perdurer plus longtemps cette guerre et par le fait que leur mission avait été accomplie avec la mort de Ben Laden, tué par les forces spéciales américaines en 2011 au Pakistan.

Le secrétaire d’État, lui, a dessiné les lignes de la future position américaine vis-à-vis de l’Afghanistan. « Un nouveau chapitre de notre relation avec l’Afghanistan commence. Un chapitre que nous souhaitons mener grâce à notre diplomatie. L’opération militaire est finie, mais une nouvelle mission diplomatique commence. Désormais, tout contact avec le gouvernement des talibans à Kaboul sera dicté par une condition et une seule : notre intérêt national. Si nous pouvons travailler avec le nouveau gouvernement afghan de façon à protéger cet intérêt national et permettre d’assurer la stabilité de la région, nous le ferons. Mais nous ne le ferons pas sur la base de la confiance. Chaque initiative dépendra de ce que le gouvernement taliban fait, et non ce qu’il dit. Les talibans veulent une légitimité et ont besoin de soutien. Notre message, c’est que toute légitimité et tout soutien doivent se mériter », a énoncé Anthony Blinken.

Lors de leur précédent passage au pouvoir entre 1996 et 2001, les talibans avaient imposé une version ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, voleurs et meurtriers encouraient de terribles châtiments. Les islamistes se sont efforcés, depuis leur retour au pouvoir, d’afficher une image d’ouverture et de modération qui laisse néanmoins sceptiques de nombreux pays et observateurs.

Mais, comme bien d’autres, le représentant républicain de l’Illinois, Adam Kinzinger, qui a lui-même servi comme soldat en Afghanistan, ne se fait guère d’illusion sur le visage des talibans nouvelle génération : « Je sais que la bonne attitude, la bonne volonté que les talibans ont affichée va disparaître bientôt. Et donc, ce sont des sentiments un peu mêlés. J’espère me tromper et j’espère que nous aurons cette relation magique avec des talibans plus libéraux, qui vont donner des droits aux femmes et ne pas se venger de ceux qui les ont combattus. Je l’espère vraiment. Mais, malheureusement, je ne crois pas que cela va arriver. »

Vingt ans de conflit

« Les talibans vont payer le prix », c’est ainsi que George W. Bush avait lancé, le 7 octobre 2001, les États-Unis dans leur plus longue guerre, écrit notre correspondante à New York, Loubna Anaki. Une offensive déclenchée après les attentats du 11-Septembre avec pour objectif de détruire al-Qaïda et de renverser le régime des talibans qui hébergeait Oussama ben Laden. Une opération baptisée « Liberté immuable ».

S’ils sont vite chassés du pouvoir, les talibans, réfugiés dans les montagnes, poursuivent leur guérilla. La guerre aura duré vingt ans et coûté 2 300 milliards de dollars à Washington. Au total, 2 400 soldats américains ont également été tués, des milliers d’autres blessés. En Afghanistan, des centaines de civils sont morts, des milliers ont fui.

En deux décennies, trois présidents américains ont succédé à George W. Bush avec, à chaque fois, la promesse de mettre fin à la guerre. Donald Trump a négocié l’accord avec les talibans, Joe Biden a supervisé le retrait final. Un retrait précipité, chaotique, sanglant. Et, en définitive, la guerre se termine comme elle a commencé : avec les talibans au pouvoir.

Qui sont les talibans ?

Leur nom vient du mot « talib », qui signifie « étudiant ». C’est en effet dans les écoles coraniques pakistanaises que des Afghans de l’ethnie pachtoune ont formé ce mouvement politico-religieux fondamentaliste.

Les talibans prennent une première fois le pouvoir en 1996. Le pays devient un repaire jihadiste d’où al-Qaïda organise les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Une intervention militaire américaine les chasse alors du pouvoir mais ne parviendra jamais à éteindre l’insurrection talibane et c’est ce chapitre de vingt années qui vient de se refermer avec le départ des Occidentaux.

Les talibans qui triomphent aujourd’hui sont dirigés par le mollah Hibatullah Akhundzada dont les talibans disent qu’il apparaîtra bientôt en public. Ces derniers jours, c’est le co-fondateur du mouvement, le mollah Baradar, qui a fait son retour au pays.

Les talibans de 2021 disent avoir changé. Ils ont négocié et conclu un accord avec Washington ; ils assurent que leur gestion du pouvoir sera moins brutale que dans les années 1990 ; ils entretiennent ou développent des liens avec le Pakistan, le Qatar, l’Iran, la Chine ou encore la Russie. Et les voici désormais confrontés au défi de la reconstruction d’un État.

Source : RFI

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