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Les Douanes maliennes : Au cœur du pouvoir d’achat des Maliens

Avec la crise russo-ukrainienne, les gains se comptent au centième seulement des recettes générées en temps ordinaire pour les hydrocarbures. Le gap est beaucoup moindre pour les marchandises solides – dont les recettes afficheraient une nette croissance si les exonérations du riz et du sucre ne les amputaient d’un montant cumulé de 2,351 milliards F CFA pour le seul mois de juillet 2022. Les douanes demeurent, quoi qu’il en soit, un vecteur principal d’allégement du quotidien des Maliens, à travers diverses subventions de marchandises et des renoncements aux droits et taxes.

Avec des prévisions en butte aux aléas de l’embargo sous-régional ainsi que du commerce international, les recettes attendues de la douane pourraient être revues à la baisse. Toutes les sources s’accordent pour ce faire sur un collectif budgétaire en gestation, à l’effet de revoir à la baisse les prévisions de la loi de finances initiale. En tant que principale pourvoyeuse de ressources, la douane ne sera sans doute pas épargnée et tous les projecteurs convergent sur elle, au regard des implications de l’embargo et des imprévisibles tribulations de l’environnement international. D’environ 61 milliards attendus, par exemple, les résultats au mois de juillet 2022 se chiffrent à 47,4 milliards, soit environ 12 milliards F CFA de moins qu’attendu. Les mensualités précédentes font ressortir une tendance quasi identique, avec des recettes allant de 35 milliards en mars à 46 milliards pour juin 2022 et une nette dissemblance de gap entre les marchandises solides et liquides.

Les mesures de restriction communautaire et la fermeture des frontières sous-régionales sont visiblement passées par-là. Elles ont notamment engendré un net ralentissement des flux commerciaux sur les corridors traditionnels d’approvisionnement du marché malien, sans avoir raison toutefois des alternatives déployées par la Direction générale pour générer le maximum de ressources. Celles-ci ne sont du reste jamais descendues en dessous de la moitié du record de 60 milliards détenu par l’actuelle équipe dirigeante et ont même franchi, pour la plupart des mensualités, les deux-tiers des prévisions de recettes. Une prouesse inespérée, selon nombre d’observateurs avertis, lesquels en jugent par une comparaison avec l’ampleur des restrictions sous-régionalismes et leur poids sur les échanges commerciaux avec l’extérieur.

Une autre explication de la chute des recettes a trait aux proportions d’exonérations concédées par les hautes autorités, dans le cadre des mesures d’allègements en rapport avec la pandémie de la Covid-19. Aux dits dégrèvements est ainsi imputable un manque à gagner annuel de dizaines milliards au prix duquel de nombreuses denrées de consommation courante sont disponibles sur le marché national à des coûts moins pénibles pour le panier de la ménagère. Du sucre au riz en passant par l’huile et le lait, entre autres, les évasions de recettes imputables aux exonérations sont destinées à revenir indirectement aux contribuables, quoique les autorités soient obligées de veiller à l’effectivité des mesures par le recours à des brigades de vigilance sur les prix pratiqués.

La place s’occupe les services de douane dans le pouvoir d’achat des Maliens n’est guère moins perceptible sur la relative stabilité des prix d’hydrocarbures à la pompe, en dépit d’une flambée des cours à l’échelle mondiale. En effet, c’est au renoncement de droits et taxes sur les produits liquides et dérivés qu’est dû le maintien des prix de l’essence et du gasoil à des niveaux beaucoup plus enviables que dans la plupart des pays environnants. Les données statistiques disponibles font état, par ailleurs, d’une réduction drastique du volume des prélèvements douaniers dans le domaine jusqu’à concurrence de 98% pour le seul mois de juillet, à cause des effets du conflit russo-ukrainien sur le secteur. Les gains se comptent en définitive au centième seulement des recettes générées en temps ordinaire puisqu’ils passent de 5.640.940 F CFA pour les résultats de janvier à 67.110 F CFA en juillet 2022 pour les mêmes quantités d’hydrocarbures. Le gap est par ailleurs moindre pour les marchandises solides dont les recettes afficheraient une nette croissance si les exonérations du riz et du sucre ne les amputaient d’un montant cumulé de 2,351 milliards F CFA pour le seul mois de juillet 2022.

A mi-parcours d’exercice budgétaire et en attendant les tendances du collectif budgétaire en vue, on retient somme toute des mensualités écoulées des écarts prévisionnels équivalents aux proportions de manques à gagner imputables à l’effet des exonérations conjugué à celui du renoncement aux droits et taxes sur les hydrocarbures. Et la levée de l’embargo intervient quant à elle à point nommé pour favoriser une réduction progressive des gaps pour les mois à venir, à en juger par l’efficacité des initiatives déployées par la DGD pour atténuer les effets de la fermeture des frontières.

A KEÏTA

 

Source:  Le témoin

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