Après une visite en Ethiopie, le président kényan Uhuru Kenyatta s’est rendu en Erythrée avec le Premier ministre éthiopien pour un sommet tripartite, avant une visite au Soudan du Sud du chef du gouvernement éthiopien et du président érythréen Issayas Afewerki, lundi 4 mars. Des échanges qui ont une portée symbolique forte, notamment pour l’Erythrée qui a aussi reçu des élus américains.
Asmara opère un spectaculaire changement d’image sur la scène diplomatique. Autrefois paria, le président érythréen Issayas Afewerki devient incontournable. Pour la première fois depuis 14 ans, des élus du Congrès américains ont foulé le sol érythréen. La délégation comptait Joe Neguse, député d’origine érythréenne ou encore Ilhan Omar, première élue somalienne de l’histoire américaine.
Le passage du président Kenyatta à Asmara a lui marqué la première visite d’un chef d’Etat kényan depuis 10 ans. Nairobi en profite pour chercher l’appui de ses voisins dans le litige frontalier qui l’oppose à la Somalie. Là encore, Issayas Afewerki pourrait jouer un rôle. Lors de chaque rencontre, les préoccupations régionales mais aussi les opportunités économiques étaient officiellement au cœur des discussions.
Selon le chercheur Rashid Abdi, le Premier ministre éthiopien est à la manœuvre. « Pour Abiy Ahmed, la Corne de l’Afrique ne peut résoudre ses tensions sans une meilleure intégration économique. Les Etats se font à cette idée. Kenyatta vient d’approuver ce plan. Il est temps d’y arrimer le Soudan du Sud », dit le spécialiste.
Ce n’est donc pas un hasard si Ahmed et Afewerki étaient dimanche à Juba. Un signe de plus montrant le retour d’Asmara sur la scène mondiale depuis la levée des sanctions internationale contre le régime en novembre, et le poids grandissant du tandem Erythrée-Ethiopie.