La lutte «n’a fait que commencer». C’est en ces termes de menace que Soumaïla Cissé, le candidat de la plateforme Ensemble pour le Mali, a réconforté ses milliers de partisans qui ont répondu à son appel, le mardi dernier, à l’esplanade de la Bourse du Travail de Bamako pour contester l’investiture d’IBK. Donc, il n’est pas « Président » pour lui et certains Chefs politiques dont Oumar Mariko, Mountaga Tall, Mohamed Aly Bathily, Choguel Kokala Maïga, et tant d’autres.
Patate chaude dans les mains, le nouveau président, réélu sur fond de tripatouillages des résultats et de toutes formes de contestations avec preuves à l’appui, a prêté serment le mardi 4 août 2018 dernier devant les membres de la Cour Suprême au Palais de la Culture Amadou H Bah de Bamako. Ce, ayant englouti les cinq dernières années dans la villégiature et la Gouvernance soldée par des passe-droits fantasques par-ci, par-là qui ont directement conduit le pays droit au mur. C’est à la suite de ce mandat de cinq ans orchestré par des gestions à pas de tortue qu’IBK, épaulé par un réseau systématique en matière de coup d’État électoral, a été réélu à la suite des deux tours du scrutin présidentiel. C’est ainsi que le Chef de file de l’opposition, accompagné par une vingtaine de candidats, a tapé à toutes les portes des instances juridiques après la proclamation des résultats provisoires du premier tour, mais peine perdue : «Toutes les requêtes déclarées irrecevables», a déclaré la Présidente de la Cour Constitutionnelle, Mme Manassa Dagnoko, qui, si on était dans un véritable pays de Droit, allait rendre sa démission d’office, selon le Me Mohamed Aly Bathily. C’est dans ce climat de contestations contre la Cour Constitutionnelle, que Soumeylou Boubèye Maïga, aujourd’hui reconduit à la tête du tout nouveau Gouvernement du second mandat d’IBK pour services rendus, a convoqué le collège électoral lors du dernier Conseil des Ministres: « Le collège électoral est convoqué, le dimanche 28 octobre 2018, sur toute l’étendue du territoire national, à l’effet de procéder à l’élection des Députés à l’Assemblée Nationale. La campagne électorale, à l’occasion du premier tour, est ouverte le samedi 6 octobre 2018 à zéro heure et close le vendredi 26 octobre 2018 à minuit. Un second tour aura lieu le dimanche 18 novembre 2018 dans les circonscriptions où aucun candidat ou liste de candidats n’aurait obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour. La campagne électorale à l’occasion du deuxième tour est ouverte le lendemain de la proclamation des résultats définitifs du premier tour et close le vendredi 16 novembre 2018 à minuit », lit-on dans le communiqué du Conseil des Ministres en question.
Là, sans risque de se tromper, pourrait-on dire que c’est le même système, le même clan et les mêmes prédateurs déguisés en démocrates qui dirigeront les destinées des Maliens dans ce nouveau mandat face à qui ils ont étalé leurs incompétences et leurs irresponsabilités sans mesure.
S’adressant à ses militants dans l’après-midi du mardi dernier, à l’esplanade de la Bourse du Travail, le ton du Chef de file de l’opposition était ferme et résolu pour la restauration des valeurs démocratiques dans le pays : « Ils ont signé leur crime contre la démocratie malienne. Nous, le camp du changement, unis et solidaires, rassemblés et déterminés, nous ne lâcherons rien, nous ne céderons pas. Nous finirons par gagner et triompher ; car, nous sommes majoritaires dans le pays. Le Régime qui ose vouloir nous diriger et nous représenter n’a plus aucune légitimité à compter de ce jour. Oui à compter de ce jour, je le dis haut et fort, Ibrahim Boubacar Kéïta n’est plus notre Président. Il n’est plus que Chef d’un clan qui s’accroche au pouvoir par la corruption, la fraude et la violence. Cette investiture qui nous est imposée aujourd’hui n’est qu’une imposture ! » Et il a appelé ses militants de par le monde à la résistance républicaine : «J’en appelle, donc, à un large mouvement national de résistance pacifique et démocratique pour défendre le droit, la démocratie et le vote du Peuple malien. Notre lutte collective pour défendre la vérité des urnes et le respect de la Souveraineté de notre Peuple ne fait que commencer. Je serai toujours à vos côtés ».
Par ces propos, le Chef de file de l’opposition et ses alliés accepteront-ils d’aller aux élections législatives après avoir perdu cette première bataille contre le système électoral délabré en place ?
Le temps nous en dira plus. Mais sachons que « la voie tortueuse ne mène à rien de grand » comme le souligne un vieil adage de chez nous.
Seydou Konaté
LE COMBAT