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Leçon de géopolitique : Entre choix du cœur et de la raison, Bamako abritera-t-elle, un jour, une ambassade israélienne?

Depuis la nuit des temps, les différents peuples du monde ont entretenu des relations diverses, dans le but de promouvoir des intérêts en commun. Ces relations se sont, peu à peu, institutionnalisées prenant ainsi la forme de représentation diplomatique que l’on connait aujourd’hui. Et ce, au gré d’intérêts géostratégiques et géopolitiques. Au Moyen-Orient, sur le plan diplomatique, le Mali a fait le choix clair de la cause palestinienne, au point d’en faire une vision radicale, calqué selon le modèle de bons nombres de pays arabes. Un choix plus de cœur que de raison.

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L’opinion publique malienne adhère, de façon générale, à la cause du peuple palestinien, martyrisé et opprimé, par l’Etat sioniste qui « prend en otage » le troisième lieu saint de l’Islam, la Mosquée El Aqsa. En plein centre-ville de Bamako, non loin des rails et du quartier Bagadadji, une peinture représentant un père et son fils, tous deux tués par les balles assassines de Tsahal (l’armée israélienne) en est une preuve assez éloquente. Le Mali, pays à une écrasante majorité de musulmans, ne saurait nouer des relations diplomatiques avec Israël.

Sauf que, souvent en la matière, la passion peut être mauvaise conseillère. Et, le risque de « louper » une bonne opportunité géopolitique et même géostratégique  pour un pays peut s’avérer réel. D’autant plus qu’en l’occurrence, quelques pays arabes ont des relations avec l’Etat hébreu tout en affichant, de manière assez paradoxale, des positions pro-palestiniennes.

L’Egypte et la Jordanie sont les seuls pays arabes à avoir signé un traité de paix avec Israël et accueillent même des ambassades israéliennes. La Mauritanie est également liée par des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu alors que le Qatar abrite un bureau commercial israélien. Alors, si ces pays arabes ont des relations avec Israël, pourquoi pas le Mali, pays majoritairement musulman, certes, mais pas arabe ?

En géopolitique comme en diplomatie, les choses peuvent changer très vite. Ce qui était inconcevable hier peut, bel et bien, être plausible aujourd’hui. L’exemple palpant d’une telle affirmation est le timide rapprochement « historique » entre l’Arabie Saoudite et Israël. De quoi faire retourner dans leur tombe, David Ben Gourion père fondateur d’Israël et le roi Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud, fondateur du Royaume d’Arabie Saoudite. De quoi également tordre le cou aux adeptes de «  l’incompatibilité diplomatique » entre des Etats. Du moment où des intérêts entre deux ou plusieurs nations divergent, des affinités se créent forcément.

Et aujourd’hui, avec l’animosité de plus en plus grandissante entre les deux superpuissances du Moyen-Orient, Arabie Saoudite et Iran, l’on assiste, peut-être, aux prémices d’une relation diplomatique entre le Royaume wahhabite et Israël, ce dernier étant également l’ennemi juré du pays des Ayatollah. Le calcul est donc simple : l’ennemi de mon ennemi devient mon ami. Jusqu’à récemment, Israël était l’ennemi numéro 1 de l’Arabie Saoudite.

Mais avec les velléités hégémoniques de l’Iran, chiite et perse, le Royaume des Al Saoud et Israël, ennemis devant l’éternel, jugeraient bon de se rapprocher! Côté saoudien, le but recherché est de remettre l’Iran à sa place pour que l’Arabie redevienne la seule superpuissance du monde arabo-musulman. Quant aux israéliens, ils espèrent réduire autant que possible l’influence hégémonique grandissante d’un Iran qui ne jure que par la destruction d’Israël.

D’ailleurs, c’est plutôt celui-ci qui drague Riyad. L’interview accordée, en début du mois, par le chef d’état-major israélien Gadi Eisenkot au site d’information en ligne Elaph basé en Grande-Bretagne et dont le propriétaire est un homme d’affaires saoudien est un signe de rapprochement. En substance, il y a déclaré que l’État hébreu est prêt à coopérer et à échanger des renseignements avec Riyad pour faire face à Téhéran.

Donc, pour le moment, il ne s’agit pas d’entretenir des relations diplomatiques. But who knows ?  Dans cette partie du monde, les positions se radicalisent de plus en plus, et tous les moyens semblent être bons pour «  couper la tête » de l’Iran.

Dans le même ordre d’idées, si l’Arabie Saoudite envisage, ne serait-ce qu’un rapprochement avec Israël, pourquoi pas le Mali ? L’Etat hébreux constitue de nos jours un pôle d’excellence en matière d’armement et de nouvelles technologies sans occulter de nombreuses autres qualifications notamment sur le plan des énergies renouvelables.

Des domaines hautement vitaux pour le Mali. Sur le plan diplomatique et géopolitique, le pays gagnerait plus avec Israël qu’avec la Palestine. Comme solution, l’on pourrait faire le choix de l’équilibrisme comme l’ont fait l’Egypte, la Jordanie ou même la Mauritanie. Mais pour cela, la ligne diplomatique du Mali devra être toute en finesse pour éviter d’embraser l’opinion publique malienne, très largement hostile à Israël.

Ahmed M. Thiam

thiam@journalinfosept.com

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