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Leader du MNLA-Sud : Le président Dioncounda : Gentleman, ambassadeur de bonne volonté !

À l’en croire, le président intérimaire Dioncounda Traoré meublera son temps, après Koulouba, par la promotion de la démocratie. On le verra partout où la démocratie sera infectée ou affectée, avec comme corollaire l’existence de troubles sociaux. Dioncounda reste fidèle à lui-même. Pour ceux qui ne le savent pas, rien ne lui réussit plus qu’un environnement de troubles. Ce vieux père ne s’apprécie guère que dans un climat de maximum de tension et draine la sulfureuse réputation d’être une personne qu’on voit volontiers, mais qu’on peut difficilement et totalement affirmer connaître.Dioncounda-Traoré

Homme politique clandestin, révélé au grand public par les évènements de 91, demeuré 20 ans durant sur la sphère politique malienne, comme démocrate sincère, convaincu, consensuel et non rassasié, Dioncounda dispose d’un cursus politique bien rempli, envié par sa génération. Ministre, député, président du parti Adéma-Pasj, président de l’Assemblée nationale, président intérimaire au Mali, ayant refusé le titre d’élu comme maire au motif qu’à Nara, son bled, le foncier n’est pas porteur, Dioncounda, rarement pris aux sérieux, arrive là où il veut. Bien souvent par sa capacité à profiter des situations politiques troubles.

 

Vieux matheux, familier du théorème de Pythagore, mais fervent adepte de la théorie de Lavoisier, savant français dont la théorie indique en principe l’obtention des mêmes effets dans les mêmes conditions de l’environnement. À cette différence que l’environnement prisé par le Pr-président est celui conditionné par les troubles et les intrigues de tous genres pour produire les mêmes effets. Une théorie qui lui a jusque-là permis de cadavérer ses amis et adversaires politiques et de parvenir ainsi à ses exploits politiques. On l’aime ou on l’aime pas, Dioncounda, est un personnage qui se respecte dans sa stratégie de conquête politique. Au profit de laquelle, il garde toujours la nuque raide face à ce que dit le peuple, mais s’active au nom de ce peuple, à résoudre les équations à plusieurs variables en prenant soin de garder sur lui les solutions idoines. On comprend mieux pourquoi le Pr Traoré, candidat alors aux élections de 2012, ne pouvait être en aucun cas, un problème pour le Mali, mais une solution. Laquelle au bout d’un sacrifice, lui aura permis d’être là, où même sans sacrifice, il n’aura pas dû être. Décidément, on convient avec lui qu’on n’est pas homme d’Etat pour gérer la carrière d’un ministre, mais pour gérer un Etat. Chef des leaders du Mnla-Sud, le Pr-président qui se qualifie lui-même de président d’un pays en crise, un pays qui voit le bout du tunnel et enfin président d’un pays acclamé et félicité par tous, aura su par sa capacité nager dans l’eau trouble et se hisser au firmament de son ambition politique avec une expertise avérée en boutades qui font rarement accord. Un vrai gentleman, bien souvent chef d’orchestre dont l’orchestration ne sonne pas toujours à l’harmonie. Loin s’en faut.

 

Voici qu’à plus de 70 ans, il entend entamer une jeune carrière, portée sur ses expériences en démocratie, issue de troubles socio-politiques au Mali. Il devient alors membre désigné du très fermé club de ces jeunes en activité, présidé par Bob, l’honorable président de Zimbabwé, son Excellence Robert Mugabé qui vient encore de rempiler pour la mort. Mugabé est-il une référence pour lui ? Allez savoir ! Mais, ce qu’on sait, c’est que l’homme, au service de son ambition politique, a toujours cultivé une stratégie incomprise par les uns, rejetée par les autres, mais toujours efficace. S’il avait évolué dans la police, il s’identifierait bien au Lieutenant Colombo. Car, Dioncounda s’affiche rarement pour être pris au sérieux, mais toujours gagnant au bout du compte avec les mêmes boutades que Colombo. Des boutades jamais innocentes !

 

Ainsi, le vieux père président, par sa manière d’être, cette façon de paraître  qu’on lui reconnaît volontiers, ne laisse personne indifférent. Comme ce cadre qui le connaît depuis. Etonné et surpris par son exploit politique, il affirme: «Je ne pouvais jamais croire, avec ces costards de trois pièces poussiéreuses, qu’il était professeur, encore moins, à penser qu’un jour, il sera président du Mali». Une victime de sa stratégie, fulmine: «Un jour, alors qu’il était président de l’Assemblée nationale, j’ai vu Dioncounda, avec escorte, sortir de son véhicule de fonction, acheter un tas de mangues au niveau du Centre islamique. La vendeuse avec laquelle il avait engagé une négociation pour diminuer le  prix, en déclarant qu’il n’a pas assez d’argent, car professeur-enseignement, lui demanda de remercier Dieu, car il est toujours à la télé. Je ne sais pas ce que tu es en réalité, mais tu es toujours à la télé, ce qui n’est pas donné à une vendeuse de mangues comme moi». Celui qui témoigne ainsi ne jure que par sa peau. Il devra mettre du temps. Car, avec une carapace de peau d’homme, insensible à l’opinion publique portée par une intelligence au-dessus de la moyenne, Dioncounda connaît rarement la dernière pluie. Toute pluie en est une chez cet animal politique, qui aura surpris ses amis et adversaires politiques.

Ainsi, au lendemain de sa nomination comme président intérimaire, se rappelle un journaliste, il se rend chez un ancien président qui ne le voyait pas du tout devenir président de la République du Mali pour lui dire ceci : «Tu n’avais jamais pensé que je serai président. Eh bien voici, je le suis maintenant».  Le Pr. Traoré ne s’accommode à rien pour fêter ses succès. Surprendre, est sa philosophie ; nager dans l’eau trouble, son domaine de prédilection et laisser les faits tels qu’ils sont, la «solution jaillira» constitue son arme secrète. Patient comme lui, tu meurs. Incapable de tuer une mouche en plein jour, tu en trouveras rarement comme lui. Mais, toujours présent là on ne l’attend point, c’est lui. Pour une fois au moins, on s’accorde tous avec Dioncounda à démentir la sentence populaire qui stipule que quand la caravane passe, le chien aboie. Aucun chien n’aboie quand le Pr-président passe, gentleman des  leaders du Mnla-Sud, espèce d’homme politique à protéger, mais à ne pas suivre évidemment,  n’est pas Dioncounda, qui le veut. Surtout difficile de savoir s’il passera ou pas.

 

Comme le cas de sa présidence à l’Adéma dans les années 2002. Le voici président d’un parti Adéma en ébullition. Et personne ne sait vraiment si cela passera ou pas. En réalité, sa présidence est considérée ici comme le  temps d’une récréation, où chacun cherche avec qui s’amuser ; pendant que l’ère du repositionnement ou du renforcement de sa position stratégique a sonné au sein de l’Adéma. Ainsi, pour beaucoup, en l’occurrence ceux qui pensent qu’il ne tiendra pas une saison, il faut bien se préparer. Ce, d’autant plus que le nouveau président cultive la liberté d’actions au sein du parti à condition que cela n’affecte pas sa présidence. Mais, pour les initiés, le professeur devenu président du parti majoritaire, vient là d’entamer le chemin de Koulouba. Il plaide alors l’unicité du parti, encourage les dissidences, les sanctionne et les tolère après, au profit de l’indispensable unité à retrouver pour le parti. Un environnement trouble dont Dioncounda en profite, qui le met sur le podium politique malien.  En ce moment-là, ils ne sont pas nombreux, ceux qui accordent un crédit pour la suite de sa carrière politique. Ce, malgré l’avertissement d’un connaisseur qui tranche en affirmant que «Dioncounda est un animal politique et sait attendre son jour». Il se maintiendra dans cet environnement trouble avec sa recette : laisser les autres gérer à sa place. Pendant que lui-même s’attèle à ce qui lui va si bien. La production des boutades publiques qui, rarement, font l’accord. Comme celle-là par exemple pour justifier le soutien de l’Adéma à ATT : «Si l’Adéma n’avait pas soutenu ATT, la Sécurité d’Etat serait sur son dos». Comprenne, qui pourra ! Fin politique, qui sait mieux que Dioncounda que l’occupation négative ou positive de la scène publique est une donnée fondamentale. Le Prof la cultive volontiers. Et le voici au bout du compte, président de l’Assemblée nationale. Là aussi, on observe que c’est suite à un trouble électoral. En effet, le monde politique, vu le danger que le tout président de parti le plus représentatif, peine à faire de la voix dans sa circonscription électorale, se mobilise pour lui, afin de l’élire à Nara. La suite est connue. Le professeur est président de l’Assemblée nationale. Cela suffit à son bonheur. Pour le moment. C’est établi que la carrière politique de Dioncounda rime aux troubles. La crise sécuritaire au Mali, commencée le 17 janvier 2012, lui fournit de la matière. Alors, le président de l’Assemblée nationale, dans un projet de sortie de crise, contribution de certains partis politiques en ce moment-là, affirme devant les médias : «Un coup d’Etat peut arriver». Et le coup d’Etat arriva.

 

Après bien d’intrigues et de compromis, le voici président par intérim. Titre en deçà des efforts de ses sacrifices pour le Mali, et qu’il a auto-obligation de capitaliser. Mais, Dioncounda, président intérimaire de la République du Mali, n’est pas du goût des opportunistes et activistes de la Copam, branche politique et civile du coup d’Etat engendrée par le Capitaine Sanogo. Une manifestation est organisée par la Copam pour célébrer sa nomination, au cours de laquelle, le président Traoré, comme un vulgaire voleur, est passé à tabac. Une première au Mali qui, de par sa tradition, protège les personnes âgées et considère l’autorité comme une référence à qui on doit respect. Comment s’expliquer alors ce scandale, un des sommets de la  crise qui sévissait au Mali et qui aura fini d’atteindre ses fondements sociaux ?

 

Sauf que pour Dioncounda, le mot sacrifice a de la valeur. Qui vient de comprendre que devenir président sans élection, demande plus qu’un sacrifice. Il est alors à Paris pour un séjour sanitaire qu’il mettra à profit pour élaborer sa stratégie de maîtrise de la transition à travers un dépouillement de l’Accord-cadre, instrument réglementaire du pouvoir institutionnel de la transition. Vieux routier de la politique, il sait mieux que quiconque que le titre président par intérim n’a aucun contenu. Or, candidat aux élections de 2012, il se doit d’être un président, même nommé, avec pleins pouvoirs, seul maître à bord. Sinon, comment expliquera-t-on son sacrifice pour le Mali, un pays en crise, son domaine de prédilection, ayant donc suffisamment les qualités et l’expertise nécessaire pour malmener, à souhait, cet environnement au service de son ambition. Alors, bienvenues les intrigues de tous genres. La stratégie, élaborée depuis Paris est de mise. Elle comporte la non tenue des concertations nationales, au motif que lui Dioncounda n’aura pas une parfaite maîtrise sur ce dialogue national. Et que personne ne sait de ce que ce forum national accouchera. Il le fait savoir à ses amis. Iba N’Diaye et ses alliés du Fdr feront le reste. Résultat : point de dialogue maliano-malien, mais plutôt la nomination par Dioncounda du président d’un Comité de réconciliation nationale, installé par lui. La tenue du dialogue national aura fait couler beaucoup d’encre et de salive, pour enfin aboutir à un non évènement de la transition, pour la simple raison qu’elle était contre la stratégie de  maîtrise de la transition par Dioncounda. La stratégie de Paris intégrait aussi la mise à l’écart du Premier ministre CMD. Autant le savoir, c’est le titre Premier ministre avec pleins pouvoirs qui dérangeait le président intérimaire. Ajouter à cela, la volonté affichée par CMD à exercer pleinement ce titre. Le cocktail institutionnel qui alignait Dioncounda à la touche, devait exploser. Celui-ci utilise le Capitaine en lui faisant comprendre que ce n’est pas lui qui ne reconnaît pas ses mérites, mais plutôt, son Premier ministre, désigné par lui-même. Une fois encore, Sanogo sévit avec force. Dans un discours d’explication sur cette crise, Dioncounda dira tout simplement que, président d’un pays en guerre, il aura tout fait pour éviter une crise au sommet de l’Etat. Comprenez par-là que c’est lui qui aura engendré la crise. Une crise qui est de sa marque de fabrique. Laquelle se reconnaît de travers. Mais l’acte fort de la stratégie de maîtrise de la transition par le Pr-président  réside dans ses non-dits, soutenant le maintien du capitaine sur la scène publique. Un maintien qui n’est possible que sans désobéissance des autorités institutionnelles par Sanogo. Amadou Haya s’adonna à cœur joie, à tel point que l’absence de ses shows télé sur l’Ortm s’interprétait par le public comme un danger imminent pour le pays. Plus qu’un deal entre le président intérimaire et le capitaine putschiste, les rôles étaient partagés au profit d’une survie publique durant cette transition au Mali. Au premier, les ficelles et les stratégies, pendant que le second devait faire respecter l’ordre préétabli, avec brutalité et arrogance.

 

Preuve, la promotion du capitaine, nommé général de corps d’armée par le président Traoré, appelé affectueusement Tonton Djan-nkoba par le général. Mais le génie de Dioncounda se révèle plus dans son activité politique. Laquelle le transforma en chef d’orchestre pour l’appui à son candidat, élu du reste. Fin stratège, sournois, il suscite et obtient la candidature de son élève, Dramane Dembélé, comme candidat de l’Adéma aux élections. Resté vieux père président cool et tranquille, tout en regardant ailleurs, Dioncounda aura su compter sur l’orgueil des barons de l’Adéma, pour le reste.  Le résultat est au-delà des attentes. L’Adéma est plus qu’affaiblie au sortir des élections. Et Dioncounda peut espérer reprendre un jour le parti, ce, d’autant plus que la branche qui ne juge que par lui, a rejoint IBK. Iba N’Diaye, président intérimaire du parti, dans un geste d’impuissance et surtout de reconnaissance de la capacité manœuvrière de Dioncounda, démissionne, pour rejoindre, nous-dit-on, IBK. Comme ces ministres qui lui doivent leur fauteuil ministériel. Tiéman H. Coulibaly, en tête. L’arrogance et la défiance de ce dernier auront fini de montrer à suffisance que son ralliement à la cause du président élu était dans le cadre d’une mission à lui instruite par le président intérimaire. Le capitaine, en civil qu’il était, aura autant fait que le soldat capitaine pour IBK. Sinon comment comprendre que, nommé ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale dans un Mali en crise, au nom du Fdr, Tiéman H. Coulibaly se fait connaître comme un agent de promotion d’IBK, à tel point qu’il créa un grand chamboulement diplomatique pour la cause de celui-ci, sans protestation aucune. C’est bien là une orchestration de Dioncounda qui ne sonne pas à l’harmonie. Encore une de sa marque de fabrique.

 

Alors, à qui profite au mieux le Mali en crise ? À Dioncounda, évidemment, qui aura ainsi réussi à devenir président, objet de son sacrifice pour le Mali, son ambition politique, ce pourquoi il s’était engagé comme candidat en 2012. Mais, c’est surtout à lui que s’adresseront les honneurs et félicitations du monde entier pour sa patience et sa sagesse à conduire à bon port la transition malienne. Une conduite que le Prof voudrait bien capitaliser en expertises au service de la promotion de la démocratie. Encore une fois, Dioncounda reste fidèle à lui-même et prouve, si besoin en était encore, qu’en politique rien ne se perd, tout se transforme. Lavoisier ne disait pas autrement. Certes, en le nommant chef des leaders du Mnla-Sud, on pensait qu’il était le seul à pouvoir gérer le Mali en crise. En réussissant sa mission, il nous donne raison. Ce qui lui vaut le titre de Gentleman des leaders du Mnla-Sud. Mais en ambitionnant de devenir promoteur de la démocratie, fondé sur les expériences acquises au Mali, il force l’estime et on ne peut que lui décerner volontiers le titre d’Ambassadeur de Bonne volonté pour la démocratie issue de troubles. Hommages à vous, Prof.  Bravo surtout pour la mission accomplie par vous et pour le Mali. Ce cours intérimaire en stratégie et management politique dans un climat trouble, aura été magistralement dispensé. Et parfaitement d’accord avec vous, vieux père président, que ce n’est pas à plus de 70 ans, sans cheveu blanc, qu’on parle de retraite.

 

Bon vent pour le nouveau job. Ayant atteint l’âge où l’on se refait difficilement, gentleman, donc fidèle à ses principes, Tonton Djan-nkoba, n’a pas fini de faire parler de lui. Comme quoi, on peut voir volontiers Dioncounda, mais personne ne peut totalement affirmer le connaître. Spécimen d’homme politique à protéger ? Certainement, oui.

 

Békaye DEMBELE

Source: Le Reporter

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