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Le Tchad décrète l’état d’urgence alimentaire face à l’afflux de réfugiés soudanais

Confronté à l’afflux de réfugiés fuyant la guerre au Soudan voisin, et alors que l’ONU manque cruellement de fonds pour financer l’aide humanitaire, le pays d’Afrique centrale tire la sonnette d’alarme.

Pour la seconde fois en moins de deux ans, le Tchad vient de décréter l’«état d’urgence alimentaire et nutritionnelle» sur l’entièreté de son territoire. En juin 2022, le pays avait déjà connu une période de crise intense, privé alors de céréales ukrainiennes à la suite de l’invasion russe. C’est une autre guerre, de la région cette fois, qui a eu raison du fragile équilibre du pays. En l’espace de dix mois, le Tchad a en effet accueilli près de 547 000 réfugiés fuyant le conflit fratricide au Soudan, selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés, épuisant les maigres ressources de ce pays semi-désertique d’Afrique Centrale.

Rendu public ce vendredi 16 février, le décret, qui vise sans plus de précisions à «venir en aide aux populations identifiées en phase de crise et celles en phase d’urgence», a été signé la veille par le président de transition, Mahamat Idriss Déby Itno. Il ne détaille ni les actions mises en œuvre ni le nombre de personnes concernées.

Une mise en garde de l’ONU

En novembre, le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) avait alerté sur un «arrêt imminent» de son aide face à l’afflux des réfugiés soudanais si le programme ne parvenait pas à réunir les fonds internationaux nécessaires. «Pour assurer un soutien continu aux populations touchées par la crise au Tchad au cours des six prochains mois», le PAM mettait en avant un «besoin d’urgence de 185 millions de dollars».

L’agence onusienne précisait le 21 novembre les conséquences de ce manque de financement : «En décembre, le PAM sera contraint de suspendre son assistance aux déplacés et aux réfugiés du Nigeria, de la Centrafrique et du Cameroun, en raison de l’insuffisance des fonds. A partir de janvier 2024, cette suspension sera étendue […] notamment aux nouveaux réfugiés du Soudan, qui ne recevront pas de nourriture.»

A ce moment-là, le PAM fournissait alors «une assistance alimentaire et nutritionnelle à 1,4 million de personnes» au Tchad, soit le nombre de déplacés et de réfugiés du pays, en raison des conflits en cours sur son territoire et chez ses voisins : le Soudan, la Centrafrique, le Niger, le Nigeria, la Libye et le Cameroun.

Une jeunesse malnutrie

Depuis le début, le 15 avril 2023, de la guerre au Soudan entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhan et des paramilitaires emmenés par son rival, le général Mohamed Hamdan Daglo, le Tchad accueille de très loin le plus grand nombre de réfugiés soudanais. Avant ce nouveau conflit, plus de 400 000 personnes venues essentiellement du Darfour et fuyant la guerre civile déclenchée en 2003 s’étaient déjà réfugiées au Tchad.

Classé par l’ONU comme le deuxième pays le moins développé au monde, le Tchad doit gérer au total plus de 1 570 000 «personnes en déplacement forcé», dont plus de 1,1 million de réfugiés. Les autres sont des déplacés internes, en raison de la rébellion de divers groupes armés contre la junte militaire du général Déby. Parmi les habitants et réfugiés, la moitié a moins de 15 ans. D’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, 1,8 million d’enfants âgés de moins de 5 ans risquent de se retrouver en situation de malnutrition aiguë et un sur cinq n’atteindra pas sa cinquième année.

liberation

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