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Le spectre d’une prolongation de la transition plane

Se dirige-t-on vers une prolongation du délai de la transition ? La question, qui il y a encore quelques semaines était rapidement balayée, est en train de faire son chemin. Même si les autorités s’en tiennent jusque-là officiellement à leur engagement à respecter le délai initial, certaines voix s’élèvent pour appeler à un changement de chronogramme. Des voix qui pour certains seraient manipulées. L’échéance des élections de février 2022 sera-t-elle respectée ?

Pour certains membres du Conseil national de transition, le constat est sans équivoque : le délai imparti ne peut pas être respecté. Lors d’un récent atelier de préparation sur les réformes politiques et institutionnelles à venir, ils se sont clairement prononcés pour une prolongation.

Comme pour faire écho de ces voix du CNT, un rassemblement s’est tenu le vendredi 13 août, place de la Bourse du Travail à Bamako, pour demander « la prolongation de la transition pour permettre aux autorités de faire des réformes ». Organisé par un collectif d’associations regroupées au sein du Mouvement des jeunes patriotes du Mali, le meeting a justifié cette demande par le besoin de « stabilité et de quiétude du Mali » et pour permettre au colonel Assimi Goïta de « continuer son combat pour un Mali nouveau, stable et développé ».

Dans un entretien accordé à un média étranger le 16 août dernier, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop, a aussi laissé entendre que « si on n’a pas les capacités nécessaires pour sécuriser le pays, il va absolument être difficile de tenir ces délais », regrettant qu’il y ait beaucoup de blocages, y compris venant de partenaires du Mali.

Prolongation « inévitable » ? 

Pour l’analyste politique Salia Samaké, « pour tout Malien de bonne foi, qui désire une sortie honorable de cette crise, l’ensemble des actions inscrites dans le Plan d’action du gouvernement 2021-2022 ne peut être mis en œuvre que par une prolongation de la transition ».

Selon lui, qui pense également qu’objectivement la transition ne pourra mener en 7 mois aucune action de taille pour sortir le pays de la crise, « dire qu’il faut coûte que coûte maintenir le délai sans solutions sur le long terme, c’est retourner à la case départ ».

Le Président du Réseau des défenseurs des droits humains (RDDH), Maître Mamadou Tiéoulé Diarra, partage cet avis. L’avocat estime que février 2022 est une date qui n’est pas certaine, le plus important n’étant pas d’organiser des élections pour qu’ensuite  « les mécontents » déstabilisent l’État. « Nous avons un passé. La communauté internationale doit s’intéresser à cela. Je pense qu’on peut rallonger cette transition en remettant de l’ordre dans les choses », plaide-t-il.

Ouvrir le débat

Malgré ces « agitations çà et là », à l’Adema les positions n’ont pas bougé d’un iota. Le parti de l’Abeille campe sur la ligne affichée le 26 juillet dernier avec d’autres partis et regroupements de partis politiques.

« Nous, nous restons dans la dynamique du respect du délai de la transition, tout comme la communauté internationale nous attend aussi par rapport à ce respect. Nous nous sommes engagés à aider la transition pour que ces délais soient respectés. Mais jusque-là aucun élément ne nous a été soumis », affirme Adama Tiemoko Diarra, Secrétaire politique de l’Adema.

L’ancien ministre du Plan et de l’aménagement du territoire est catégorique. Pour lui, qui avance qu’aujourd’hui le débat n’est pas de savoir s’il faut prolonger la transition ou pas, ce qui urge est de « sortir un chronogramme, faire appel à la classe politique, aux acteurs majeurs de la société civile pour que nous nous entendions et avancions ».

S’entendre sur le chronogramme et donc sur une prolongation ou non de la transition, est aussi essentiel selon Salia Samanké. À en croire l’analyste politique, il faut poser le débat dès maintenant et ne pas attendre la dernière minute.

« Rester dans cette position latente, où on fait croire qu’on va y arriver alors qu’on sait qu’on ne pourra pas, c’est mener à un blocage. Et les gens estimeront que les autorités étaient dans ce montage depuis le début », alerte-t-il.

Mohamed Kenouvi

Source : Journal du Mali

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