Le nouveau Président sénégalais a longtemps été un partisan de l’abandon du franc CFA, même s’il a adouci ses positions récemment, rappelle à Sputnik Afrique Babacar Dione, journaliste sénégalais et directeur général de BD Media. Beaucoup dans son entourage se battent pour réduire l’influence française dans la sphère économique.
“Si nous parvenons à avoir une balance commerciale excédentaire et à remplir certaines conditions, rien ne les empêchera de sortir du franc CFA. La monnaie est un outil de souveraineté. Cette question reviendra quand Diomaye et les autres songeront à intégrer les pays de la sous-région pour créer une monnaie unique […]. On peut s’attendre à ce que le Sénégal sorte du franc CFA, mais ce n’est pas maintenant parce que ces conditions-là ne sont pas encore remplies. Peut-être dans les prochains mois et prochaines années, ça pourrait arriver”, souligne le journaliste.
Ingérence économique
Vestige de la colonisation, le franc CFA permet à la France de “s’ingérer” dans les affaires africaines, en particulier lorsqu’il s’agit de dévaluer, rappelle Babacar Dione. La dépréciation de 1994, décidée par le gouvernement français d’Édouard Balladur est notamment restée dans les mémoires de la population sénégalaise, qui n’y était pas préparée.
“Le franc CFA signifiait à ses débuts une colonisation française de l’Afrique. Le Sénégal était lié à la France et les réserves d’argent étaient à la Banque de France. On ne jouissait pas comme on le voulait de notre argent, il fallait demander l’autorisation à Paris. Il y avait également des représentants français dans nos banques centrales. Tout a été fait pour que la France s’ingère dans les affaires du Sénégal”, explique le journaliste.
Respect mutuel
Pour revenir à des relations apaisées avec le Sénégal, Paris devra donc passer par des “partenariats gagnant-gagnant” et miser sur plus de réciprocité, par exemple en matière de visas.
“Du point de vue de l’éthique, il est important que tous les pays ayant des relations avec le Sénégal, y compris la France, respectent notre pays. Il faut aussi un politique de réciprocité. Par exemple les Français peuvent entrer comme ils veulent au Sénégal, ils n’ont pas besoin de visa, alors que les Sénégalais qui désirent aller en France, font la queue pendant des heures devant les ambassades”, souligne ainsi Babacar Dione.
Après son élection le 24 mars, le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye avait déclaré que le partenariat entre Dakar et Paris pourrait être revisité, pour devenir plus équitable.