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Le réveil des fantômes du Rwanda en Centrafrique

Envoyés en Centrafrique pour une opération de pacification, les soldats français sont engagés dans une mission à risques multiples.

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A peine arrivées sur place, les troupes françaises comptent déjà deux morts dans leurs rangs. Les choses se sont-elles emballées en Centrafrique ?« Tout s’est précipité ce week-end et nos troupes ont été amenées à conduire très vite, peut-être trop vite, des opérations de désarmement des milices alors que le contexte ne s’y prêtait pas encore. » C’est le commentaire fait à la NR, hier, par un officier supérieur de l’armée française, contraint à garder l’anonymat. Ce haut gradé ne dit pas qui a décidé ce changement de chronologie.

Le président de la République est venu apporter de vive voix son soutien aux militaires français, hier soir, à l’aéroport de Bangui, précisant : « La mission continue »(lire ci-dessous).

Un scénario bousculé

Lundi soir, peu avant minuit, les deux militaires de la 1re compagnie du 8e régiment parachutiste d’infanterie de marine (*) étaient en patrouille dans une ruelle non loin de l’aéroport, lorsque leur section a été prise à partie par « un groupe de cinq ou six hommes ». Vraisemblablement en tête de la section, les deux parachutistes ont été blessés, transportés immédiatement vers l’antenne chirurgicale située de l’aéroport où ils sont morts.
L’officier interrogé par la NR insiste : « Le mandat de l’Onu ne prévoyait pas de commencer par le désarmement (ce qu’on appelle aussi mesures de confiance), mais d’abord d’intervenir en cas de violences, et surtout d’intervenir en appui de la force interafricaine Misca. » Comme cela se fait hors de Bangui, semble t-il.

Les difficultés sont à venir

A Bangui, le cap a été franchi : « Soit les milices acceptent de rendre leurs armes (encore faut-il que leurs membres ne soient pas immédiatement massacrés par ceux qui n’ont pas désarmé), soit il faudra employer la manière forte et cela devient alors très compliqué car les milices se fondent dans la population, usent de leurs armes contre les civils – engendrant la spirale de la vengeance – voire contre nos militaires sans qu’on sache d’où viennent les tirs. » Comme au Rwanda en 1995, « on risque de se voir reprocher par la population d’aller trop vite ou pas assez, mais d’être surtout incapables d’empêcher les règlements de comptes. » La montée en puissance rapide de la Misca est donc essentielle pour assurer le rapport de force en faveur de la paix. Encore que certains craignent « la manière forte » que pourraient utiliser des contingents de la Misca…
Notre interlocuteur soulève un autre aspect du problème : la Séléka compte dans ses rangs des mercenaires tchadiens (et soudanais) qui veulent être payés pour leur contribution au coup d’État qui a permis l’installation du président Michel Djotodia, lui-même ancien haut responsable de la Séléka. « Si la situation se prolonge sans s’arranger, cela pourrait polluer nos relations avec le Tchad, par ailleurs notre loyal et efficace allié au Mali. »

” Mon frère ne sentait pas bien cette nouvelle mission “

Castres (Tarn), la ville de garnison du régiment, a mis ses drapeaux en berne hier en hommage aux deux parachutistes du 8e RPIMa tués dans la nuit de lundi à mardi à Bangui en Centrafrique. Nicolas Vokaer, 23 ans et Antoine Le Quinio, 22 ans, appartenaient à la première compagnie du « 8 » qui était arrivée en Centrafrique jeudi en provenance du Gabon. Il s’agit des premières pertes essuyées par l’armée française à Bangui. Joint par la NR hier, le frère de Nicolas Vokaer indiquait hier que le marsouin « ne sentait pas bien cette nouvelle mission ». Nous publierons son témoignage dans notre prochaine édition.

Bruno Besson
SOURCE / lanouvellerepublique.fr

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