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Le professeur Gaoussou Kalilou Berthé dit Lalaby: « Il faut faire un diagnostic des marabouts, des féticheurs, des géomanciens et autres pour savoir lesquels détiennent réellement la connaissance ou le savoir au Mali »

Le Professeur Gaoussou Kalilou Berthé dit Lalaby n’est plus à présenter dans le monde du savoir et des connaissances en géomancie au Mali et ailleurs. Très célèbre dans le monde entier, L’Indépendant Week-end l’a rencontré en son domicile où se situe également son centre de formation « Kalanblo » à Sotuba. Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, il estime que « tout le monde ne peut pas et ne doit pas être détenteur de savoir ».

L’Indépendant Week-end: Pour nos lecteurs, qui est Gaoussou dit Lalaby

Pr Lalaby: Je me nomme Gaoussou Khalil Berthé. Tout le monde m’appelle Professeur Lalaby. Je suis de Kounianan, localité située à 45 kilomètres de Koutiala.

L’Indé-Week: Comment le nom Pr Lalaby est-il venu?

Pr Lalaby: le nom Lalaby est venu de mes mamans. Certes, mon père m’a donné le nom Gaoussou Khalil mais quand j’ai atteint l’âge adulte, j’ai décidé de m’appeler Lalaby à cause de l’amour que je porte à mes deux mamans Lala et Haby. Quand tu fusionnes le fils de Lala et Haby, cela donne Lalaby.

L’Indé-Week: Le savoir que vous détenez est-il un don de Dieu ou c’est héréditaire?

Pr Lalaby: Comme vous le savez, le savoir s’acquiert. L’homme doit chercher le savoir. Personne ne peut affirmer, témoignage à l’appui, que c’est en dormant ou en rêvant qu’il a eu le savoir. Dieu qui nous a créés nous a recommandé l’instruction et la recherche de la connaissance. Même s’il vous accorde un savoir, il faut des recherches pour l’approfondir. Dans mon cas, je peux dire que mon savoir est héréditaire car, à ma naissance mon père en était un détenteur. Il est un grand imam. Cela ne m’a pas conduit à croiser les bras. J’ai fait d’énormes recherches pour approfondir mes connaissances car j’avais l’amour de la géomancie.

L’Indé-Week: Cela fait combien d’années que vous pratiquez la géomancie?

Pr Lalaby: Je suis né et j’ai grandi dans la géomancie. Et je continue à y vivre. Je suis un géomancien dont la spécialité est le « Tourabou » auquel je crois entièrement.

L’Indé-Week: Depuis quelques années vous avez entamé une tournée. Est-ce pour faire la promotion de « Tourabou » ou partager vos connaissances?

 Pr Lalaby: J’ai l’intention de partager mes connaissances avec le monde entier, pas seulement la géomancie que je connais. J’ai parcouru de nombreux pays tels que les Etats Unis d’Amérique, le Canada, la Côte D’Ivoire, les deux Congo, la Guinée, le Gabon et je m’apprête à aller au Burkina Faso. Mon objectif est de valoriser le savoir qui est beaucoup ignoré chez nous. Je veux mettre en valeur le savoir.

L’Indé-Week: Avezvous combien d’adeptes auxquels vous enseignez le « tourabou » ou « Latourou »?

Pr Lalaby: A Bamako seulement j’ai plus de 20 000 adeptes, sans compter les autres régions du Mali. Et des millions d’adeptes partout au monde. Je suis le premier au Mali à créer un centre pour la transmission du savoir. Et deuxième dans le monde entier après l’Egyptien Touki (décédé en 1988) qui était mon maître. Avec mon centre « Kalanblo », je veux vulgariser la connaissance de la géomancie que certains considèrent comme le plus grand mystère du monde. C’est une fierté pour moi d’aider nos semblables à régler leurs problèmes sans passer par des gens qui diabolisent cette pratique. Dans le centre, on étudie le nom de Dieu, les Tourabies, l’arbre le Yiriyara (sorte d’écriture), les Douaws (bénédictions). Ce sont des notions de bon comportement et de la connaissance des arbres avec leurs vertus dans les domaines de la médecine traditionnelle.

L’Indé-Week: Quelle est la spécialité de Pr Lalaby dans la géomancie ?

 Pr Lalaby : Ma spécialité est la guérison des maladies. Je connais très bien les maladies et je suis très sûr de moi. La deuxième chose que je maîtrise aussi c’est de lutter contre la pauvreté.

L’Indé-Week: Au Mali, les autorités accordent-elles de la valeur aux détenteurs du savoir comme vous ? A l’image d’autres pays où ces personnes ont une place de premier choix: la reconnaissance.

Pr Lalaby: Il faut remarquer que dans tous les pays où les détenteurs de savoir sont respectés, ceux-ci vivent mieux que quiconque. Même les occidentaux que nous imitons ont valorisé leurs savants. Mais avant la reconnaissance des détenteurs de savoir, il faut d’abord faire un diagnostic des marabouts, des féticheurs, des géomanciens et autres pour savoir qui détient réellement la connaissance ou le savoir au Mali. On ne peut pas parler de reconnaissance sans faire l’état des lieux. Tout le monde ne peut pas et ne doit pas être détenteur de savoir. On parle de laïcité sans en connaitre le sens au Mali. Je n’aime pas trop quand on emploie le mot laïcité au Mali. Personnellement, je ne me plains pas car, par la grâce de Dieu et avec mes connaissances, j’ai pu faire quelque chose pour moi-même. J’ai tout ce qu’un homme doit avoir pour être heureux sur cette terre. Je n’attends rien du Mali. Mais si tu as une reconnaissance et une valeur venant de ton pays, cela te donne plus de courage et de motivation pour continuer ce que tu dois faire pour le pays.

L’Indé-Week: Dans nos sociétés actuellement, il y a une rupture de confiance entre la population et les détenteurs de savoir. Quelle est votre analyse à ce propos ?

 Lalaby: Qu’on se dise la vérité, ce sont certains détenteurs du savoir qui ont négligé la population. Ils n’ont pas été sincères et véridiques. Finalement ils n’ont pas accès à certaines connaissances qu’ils transmettent mal. Raison pour laquelle la population n’a plus confiance et ne croit plus en ceux-là. Sinon chez moi, quand je dévoile une chose, par la grâce de Dieu, elle se réalise.

L’Indé-Week: Vous avez une confiance absolue en vous?

Lalaby: Je suis très sûr de moi. Parce que moi-même je suis ma preuve. Quand j’étais malade, j’ai réussi à me soigner. J’étais pauvre, Dieu merci, j’ai de l’argent aujourd’hui. J’ai des femmes, des enfants et de nombreuses réalisations à mon actif. Je ne me croise pas les bras pour attendre une manne quelconque de la part des humains.

Entretien réalisé par B. DIABATE

Source: l’Indépendant

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