C’est désormais une tradition établie au sein de la rédaction de votre hebdomadaire, l’Alternance, celle de désigner l’homme ou la femme qui a marqué en bien comme en mal l’année écoulée. Celui ou celle qui, à travers ses actions, a attiré sur lui ou elle l’attention d’un plus grand nombre de citoyens ou des medias.
Donc après un petit sondage auprès de nos lecteurs le nom du Président de la transition, le Colonel Assimi Goïta est revenu plusieurs fois suivi de l’imam Mahmoud Dicko. Suivant la logique de nos lecteurs le choix de l’homme de l’année échoit au Président de la transition le Colonel Assimi Goïta. La reprise de Kidal des mains du CSP/ PSD a été déterminante dans ce choix. D’autres raisons ont été évoquées, à savoir le départ de la MINUSMA, la création de l’Alliance des Etats du Sahel, AES, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, pour ne citer que celles-ci.
En dépit de la profonde crise socioéconomique, voire politico-sécuritaire, les maliens dans leur écrasante majorité admirent le Président de la transition et disent être prêts à supporter toutes les conséquences qui découleront de ces crises aussi longtemps qu’elles dureront, à, cause du Président de la transition. Sinon pour moins que ces délestages les maliens ont battu le pavé sous IBK, pour moins que ces crises socioéconomiques les syndicats ont appelé à des grèves intempestives. Aujourd’hui le Colonel Assimi Goita passe pour être le malien le plus aimé, le plus respecté et le plus vénéré de tous les chefs d’Etat qui se sont succédés au pouvoir au Mali. Est-ce par peur, par complaisance ou bien parce qu’il a le doigt sur la gâchette prêt à faire usage de son arme contre les opposants ? La réponse est non, car ni bombe, ni chars combat, encore moins fusils ne pourront empêcher encore moins arrêter un peuple déchainé, voire révolté, donc les raisons sont à rechercher du côté des actes audacieux qu’il a eu à poser et qui sont jugés par la grande majorité de satisfaisants.
En effet, l’une des causes de la popularité du Colonel Assimi est le discrédit qu’il a fait porter sur la classe politique en la faisant passer pour la cause de tous les malheurs du pays. A cela s’ajoute son inféodation à l’ancienne puissance coloniale qui est la France. A tort ou à raison nombreux sont les maliens qui voient en la France la base de tous leurs malheurs de leur pays. Assimi Goïta n’a pas emprunté dix mille voies pour épater son peuple, il a tout simplement coupé le cordon ombilical qui lie le Mali à la France. Ensuite tous les instruments qui contribuaient à la promotion de la France ont été également éconduits à la frontière comme RFI, France 24 et même l’ambassadeur. Pour le commun des mortels Assimi Goita a posé des actes qu’aucun homme politique n’est capable de faire. Donc la première source de sa popularité vient de son audace. Ensuite il s’est tourné vers la Russie, un pays, aux yeux de beaucoup de maliens, qui n’est pas condescendant et qui pourra aider le Mali à combattre le fléau qui est le terrorisme. « La Russie travaille avec le Mali dans un partenariat gagnant- gagnant » pourrait-on entendre et elle a permis au Mali de doter son armée des moyens de défense et de sécurité et surtout « d’instructeurs ». L’une des résultantes de cette coopération avec la Russie est l’acquisition des armements, surtout des aéronefs servant à lutter contre le terrorisme et à préserver l’intégrité territoriale. La reprise de Kidal est l’une des prouesses qui ont fait du Colonel Assimi Goïta l’homme de l’année. Kidal était devenue une ville mythique qui avait échappé au contrôle du pouvoir central depuis 2014. Toutes les tentatives qu’elles soient militaires ou diplomatiques de mettre cette ville rebelle dans le giron de l’Etat malien ont été infructueuses, d’où la colère noire de nombreux maliens contre la France, taxée à tort ou à raison d’avoir érigé un mur de séparation entre le sud et Kidal. Le Colonel Assimi Goïta pour avoir repris, pour certains et libéré, pour d’autres, la ville de Kidal, apparait aux yeux d’une frange importante du peuple comme un libérateur.
Il n y a pas que la reprise de Kidal, il y a également la lutte contre la corruption et la délinquance financière, même si la manière prête à confusion et la lenteur dans le traitement des dossiers suscitent beaucoup de supputations, d’interprétations et des critiques acerbes, le fait de la déclencher et d’arrêter beaucoup d’anciens dignitaires soulage une frange importante du peuple. Enfin la dernière grande action qui a rendu le colonel Assimi Goita populaire est sans nul doute la création de l’Alliance des Etats du Sahel, AES et surtout l’espoir que les initiateurs font croire, celui de la mise en synergie des efforts, la mutualisation des forces et surtout l’éventualité de la création d’une monnaie dite de souveraineté. Pour une écrasante majorité des citoyens des pays de l’AES, le bout du tunnel est très proche.
En somme, il revient au Colonel Assimi Goïta, Président de la transition, d’être à la hauteur de l’immense espoir que beaucoup de ses concitoyens placent en lui. Pour ne pas décevoir, il doit au prime abord respecter ses engagements, ensuite rester conforme aux lois de la République sans les violer, il doit apporter des solutions aux différentes préoccupations du peuple et enfin se montrer désintéressé par le pouvoir en prenant des décisions comme la réduction du train de vie de l’Etat dont il a l’immense privilège de diriger.
Youssouf Sissoko
L’Alternance