Les deux leaders politiques, à savoir Ibrahim Boubacar Keita et Soumaila Cissé, que le destin a voulu que le Premier soit le Président de la République et le deuxième, le chef de file de l’Opposition, sont issus de la même formation politique, qui est l’ADEMA. Ce qui sous-entend qu’ils sont les deux poumons d’un même corps, car partageant le bilan de la gestion de l’ADEMA et de la presque totalité du Mouvement démocratique. IBK a été, tour à tour, ambassadeur, ministre, Premier ministre et Président de l’Assemblée Nationale sous ses deux prédécesseurs, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, tandis que son challenger Soumaila Cissé fut secrétaire général de la Présidence, Directeur Général de l’ACI, ministre des finances et celui des travaux publics de l’équipement et du transport, avant de gérer pendant plus de huit ans la prestigieuse Union sous régionale, UEMOA, au nom du Mali. Il est aujourd’hui député à l’Assemblée Nationale.Qu’est ce qui pourrait autant opposer ces deux anciens collaborateurs, sinon complices, au point de se haïr ? Savent-ils qu’en critiquant l’un on trouvera toujours le raccourci de critiquer l’autre car ils ont tous leurs responsabilités dans la gestion du Mali post-révolution du 26 Mars ?
IBK et Soumaila Cissé sont tous condamnés à réussir la transition politique en cours, au risque de périr ensemble, quand une meute de porteur d’uniformes ferait irruption sur la scène politique, que Dieu nous en préserve. Ils doivent comprendre qu’au-delà de leurs divergences d’opinion, de leur discorde sur beaucoup de sujets d’intérêt national, qu’ils sont obligés de collaborer pour sortir le Mali de la gravissime crise dans laquelle il est empêtré depuis 2012.Le jour où ils comprendront qu’une grande partie de l’avenir de notre pays se joue en ce moment précis et que le temps, loin d’être leur meilleur allié, doit plutôt leur servir de boussole pour ne pas être pris de court, ils se mettront ensemble pour cheminer la main dans la main. Car, la résolution des maux qui minent le Mali doit être la priorité de tous les acteurs sociopolitiques. Il faudrait alors sauver le Malid’abord, pour ensuite continuer l’éternel combat politique, qui du reste alimente et enrichi la démocratie.
IBK et Soumi que rien ne devrait opposer compte tenu de leurs parcours et de ce qui les lie, doivent aujourd’hui mettre le Mali au-dessus de leurs egos. Pour ce faire, la balle est dans le camp d’IBK, car c’est au Président de la République de prendre l’initiative et de n’exclure personne, lui qui préside aux destinées de tous les maliens y compris ceux qui s’opposent et qui se sentent exclus. Cette rencontre, qui est la énième depuis l’accession d’IBK à la magistrature suprême, sans qu’aucune avancée notable n’ait été constatée dans la résolution de la crise multidimensionnelle, est la preuve que le Président de la République a, soit un manque de volonté, ou bien il est un mauvais négociateur. Dans tous les cas de figure, un échec à rassembler les maliens de quelque bord politique qu’ils soient est un aveu d’incompétence.
Quant au chef de file de l’Opposition, il doit comprendre que la politique de la chaise vide n’a jamais été payante, tout comme le jusqu’auboutisme dans les décisions à prendre. Soumaila Cissé doit être flexible et avoir cette intelligence politiquede lâcher du lest quand il le faut et dedurcir le ton si nécessaire. Autrement dit,il doit avoir le bâton et la carotte. Il serait mieux pour lui d’adopter une position médiane pour ne pas paraitre aux yeux de l’Opinion comme un opposant va-t’en guerre.
En définitive, le décor étant planté par IBK, Soumaila Cissé doit saisir cette opportunité pour engranger des points, en participant au dialogue national inclusif, non pas de façon factice, mais avec de véritables propositions de sortie de crise. IBK et Soumaila Cissé ne sont-ils pas alors condamnés à collaborer ensemble ?
Youssouf Sissoko
Source: Infosept