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Le premier ministre au Nord et au centre du pays : Des gains à capitaliser

Avec la visite du Premier ministre au centre et au nord du pays, le mythe de localités inaccessibles par l’administration s’effondre. En effet, Soumeylou Boubèye Maïga vient de prouver qu’avec la détermination et la persévérance, le Mali peut sortir de cette crise qui s’éternise. Mais à condition que l’ensemble des forces présentes sur le territoire malien, qui l’ont accompagné et facilité ce périple, puisse jouer franc-jeu à l’avenir. Là gît toute la question.

Il l’a dit et il l’a fait ! C’est le premier enseignement qu’il faut retenir de périple du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, au nord et au centre du pays, du 22 a 26 mars 2018. Ce qui l’a conduit successivement à Tessalit, Kidal, Gao, Tombouctou, Mopti, Koro, Bankass, Bandjagara et Djenné.

Avec ce déplacement du Premier ministre, le mythe d’une ville de Kidal inaccessible aux hauts responsables de l’Etat s’effondre et du coup altère dans la tête des Maliens l’image d’un autre Premier ministre interdit d’accès à Kidal et dont le forcing avait fait dégât.

C’est vrai que l’actuel Premier ministre a la chance de pouvoir tirer profit de l’échec de son prédécesseur, qui avait mis en avant son ego, dopé par sa fougue de jeunesse. Mais il ne faut pas lui en tenir rigueur parce que toute jeunesse jette sa gourme et lui-même en a tellement appris à partir de cet événement-incident !

De toute façon, quelle que soit l’interprétation qu’on puisse donner à ce déplacement du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga au centre et au nord du pays, même en le scrutant sous le prisme déformant de la politique partisane, il est indéniable qu’il y a eu des gains importants qu’il reste à capitaliser.

Effectivement, outre la réaffirmation de l’autorité de l’Etat, ce déplacement a rassuré des populations qui se sentaient abandonnées au point qu’elles se voyaient parfois obligées de confier leur sort aux forces du mal, pour ainsi être sous leur coupe, malgré elles, afin de se mettre ainsi à l’abri de leurs sévices.

C’est là où les échanges directs engagés par le Premier ministre avec les populations trouvées sur place trouvent tout leur sens. Ils symbolisent le dialogue direct renoué entre ces citoyens et leur administration dont le chef en personne se trouve face à eux. Evidemment, les doléances ne pouvaient manquer et il fallait s’armer d’un sens profond d’écoute attentive, comme ferait un psychologue face à des victimes de traumatismes, pour mieux les comprendre et ensuite les rassurer que rien ne sera désormais plus comme avant.

Une démarche louable qui donne espoir que la paix et la réconciliation nationales sont des chantiers réels du gouvernement dont le chef s’est déplacé personnellement pour venir communiquer et communier avec les populations du nord et du centre du pays, des zones exagérément décrites parfois comme “perdues” par le Mali.

Ce périple est aussi un signal fort envoyé à la communauté internationale, comme quoi la volonté des autorités publiques de sécuriser et pacifier cette partie du pays est manifeste. Cela contribue à les amener à renflouer leur soutien au Mali, surtout en cette veille d’élection présidentielle pour laquelle le Premier ministre ne cesse de dire qu’elle se tiendra quoiqu’il en adviendrait. En parcourant les zones décrites comme non propices pour la tenue du scrutin présidentiel, pour y échanger avec les populations et leur faire comprendre que leur vote fait partie de la solution de sortie de crise ; en rendant visite aux forces de défense et de sécurité sur place pour s’enquérir de leurs conditions de travail et leur remonter le moral ; en affirmant haut et fort que le Mali ne déléguera ni sa responsabilité ni la sécurisation de son territoire, on n’en attendait pas moins du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga qui a fait de la tenue de la présidentielle un point d’honneur.

La présence de nos forces de défense et de sécurité sera renforcée

En véritable stratège qu’il est, Soumeylou Boubèye Maïga ne s’est pas laissé aller à des promesses mirobolantes ou à des commentaires populistes pour faire plaisir à ses interlocuteurs. Tout au long de ce périple, il a fait preuve de beaucoup de prudence dans ses propos, conscient, en professionnel de la communication, qu’il faut éviter de semer des promesses à tout vent car la déception serait cruelle. En quelque sorte, Soumeylou a refusé de vendre du vent, se limitant à écouter, apaiser, rassurer, après avoir pris un bon bain avec la pluie de revendications qui tombait sur lui à chaque étape de son périple.

C’est tout à fait normal de recevoir des doléances car même dans les localités en dehors du centre et du nord du Mali, les populations ne ratent pas l’occasion de poser leurs grandes préoccupations aux autorités, même au chef de l’Etat, comme ce fut le cas lors de la visite du président IBK dans la région de Sikasso.

De toute évidence, le Premier ministre, qui connaît bien les questions de défense et de sécurité au vu de son parcours, a beaucoup appris lors de ce déplacement et saura apporter les réponses nécessaires attendues, comme lorsqu’il affirme que la présence de nos forces de défense et de sécurité sera renforcée.

Cette visite se déroulait au moment où les conflits inter-ethniques atteignaient un niveau jamais égalé au Mali, se développant sur le terreau fertile du terrorisme imposé par les narco djihadistes. Le Premier ministre a su trouver la bonne formule en se retrouvant sur le terrain avec les responsables des communautés en conflit. Ce qui a permis un dialogue franc et sincère à partir duquel les choses se trouvent bien améliorées.

Mais la réussite du périple est une chose. La gestion de l’après-tournée en est une autre et pas des moindres. La délégation de huit ministres qui s’est retrouvée finalement à onze ministres le dernier jour à Djenné donne confiance que chacun des membres du gouvernement, en ce qui le concerne, sait désormais ce qu’il doit faire en priorité, en vue de l’achèvement dans les meilleurs délais possibles, du chantier de la paix et de la réconciliation nationale.

Seulement, rappelons-le, pour réussir, le Mali a besoin du soutien indéfectible de tous ses amis, en commençant par les pays représentés par des forces armées sur place dont la Minusma et Barkhane. Si le jeu est sincère de ce côté-là, cela contribuera à projeter le pays vers la fin de la crise. Nous osons espérer, comme ce fut le cas pour faciliter la visite du Premier ministre au nord et au centre du pays, qu’il en sera désormais ainsi de la collaboration avec l’Etat du Mali, pour toujours.

                  Amadou Bamba NIANG 

Aujourd’hui-Mali

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