Selon le Président directeur général du Groupe Ozone, Aziz El Badraoui, “rendre la ville de Bamako plus propre est l’objectif fixé par Ozone-Mali”. C’est pourquoi, le Groupe vient de renforcer les capacités d’intervention d’Ozone-Mali en matériels et équipements pour un coût 4 millions d’Euro, soit plus de 2 milliards de Fcfa. D’ores et déjà, le gouvernement malien s’est engagé à payer la facture impayée de 20 milliards Fcfa d’Ozone.
Le Président directeur général du Groupe Ozone, Aziz El Badraoui, à la tête d’une délégation vient de séjourner au Mali en vue de s’imprégner du contrat d’assainissement de la ville de Bamako, qui connait aujourd’hui des difficultés. La délégation marocaine n’est pas venue les mains vides puisqu’elle croit toujours en ce projet qui s’inscrit dans le cadre de la coopération entre le Maroc et le Mali.
Selon le Pdg du Groupe Ozone, ce projet est la volonté politique entre Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Kéïta. Voilà pourquoi, malgré les difficultés rencontrées depuis plusieurs années, suite au non payement des factures d’Ozone-Mali, le Groupe Ozone est très engagé et déterminé à poursuivre ses actions afin que la ville de Bamako soit la plus propre.
Vendredi 28 juin dernier, le Pdg du Groupe Ozone, Aziz El Badraoui et le ministre en charge de l’Assainissement, de l’Environnement et du Développement Durable, Housseyni Amion Guindo ont réceptionné de nouveaux matériels et d’équipements d’un coût global de 4 millions d’Euro, soit plus de 2 milliards de Fcfa. Il s’agit des engins de collecte et de transport des déchets. Ce qui permettra de renforcer davantage les capacités d’intervention d’Ozone-Mali.
Après cette réception, le Pdg du Groupe Ozone et le maire du district de Bamako, Adama Sangaré, ont échangé avec la presse sur les contraintes, les avantages et les perspectives d’Ozone au Mali.
“En réalité, nous croyons toujours en l’avenir du projet d’assainissement de la ville de Bamako avec Ozone-Mali, malgré les nombreuses difficultés auxquelles nous sommes confrontées. Et si, nous n’y croyions pas, pourquoi nous allons continuer à investir ? Nous avons amené de nouveaux matériels d’un montant de 4 millions d’Euro, qui nous permettront de renforcer les capacités d’intervention d’Ozone-Mali. Il s’agit de tout ce qu’il faut pour rendre la ville de Bamako plus propre” a-t-il précisé.
Il ensuite rappelé : “C’est vrai que nous avons travaillé dur pendant les six premiers mois de notre arrivée au Mali et pratiquement tous les citoyens de la ville de Bamako ont apprécié le changement que nous avons apporté avec la couleur des routes et les trottoirs qui étaient vraiment sales. Si aujourd’hui nous n’arrivons pas à atteindre le niveau que nous avons souhaité, c’est qu’il y a beaucoup de facteurs. Etant un opérateur qui se veut spécialiste de la question d’assainissement et de la collecte des ordures, de la gestion de la décharge, Ozone n’avait pas vraiment la main pour résoudre les problèmes de lieux pour déverser les déchets collectés. En réalité, c’est l’Etat qui devrait mettre à notre disposition un lieu pour déverser les ordures. Aujourd’hui, Ozone cherche par ses propres moyens des endroits où se débarrasser des déchets qu’elle collecte régulièrement”.
S’agissant des factures impayées de 20 milliards de Fcfa, aux dires du Pdg du Groupe Ozone, il y a eu un compromis avec le gouvernement malien afin de régler cette ardoise. D’ores et déjà, des engagements ont été pris par la partie malienne pour que cette facture puisse être réglée. “Aujourd’hui, les factures impayées d’Ozone ont atteint un seuil alarmant de 20 milliards de Fcfa. Alors que nous avons en charge 1 500 salariés dont une cinquantaine de Marocains.
C’est vrai qu’il y avait à notre niveau un problème d’impayé de salaire. Mais aujourd’hui, cette situation est réglée définitivement. C’est pour vous que le personnel reçoit régulièrement son salaire puisque nous sommes dans l’obligation de débarrasser Bamako de ses ordures”, a-t-il déclaré.
Prenant la parole, le maire du district de Bamako, Adama Sangaré, précisera que le bilan d’Ozone-Mali est tout simplement mitigé. “C’est vraiment mitigé puisque la ville de Bamako est toujours sale. Puisque notre objectif est de faire de Bamako la ville la plus propre et coquette” dira-t-il.
“Aujourd’hui, sur 1600 tonnes de déchets par jour, Ozone-Mali et la ville de Bamako arrivent à évacuer entre 35 et 40 %. Il faut reconnaitre que les ordures sont devenues une question industrielle. Notre souci, c’est que ces ordures soient transformées en composte, énergie et en différentes matières qui peuvent donner de la valeur et faire en sorte que, parallèlement, les taxes que nous citoyens devront payer pour la question environnementale atteignent un certain niveau afin que le montant que l’Etat met à la disposition d’Ozone aujourd’hui puisse effectivement rester dans le pouvoir de Bamako pour que la ville se substitue à l’Etat par rapport au payement de la convention signée entre l’Etat, Ozone et le ville de Bamako” a déclaré le maire Adama Sangaré.
“Je pense que l’Etat n’a pas laissé tomber la collectivité. Le nouveau ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités, qui est un élu de la ville de Bamako et qui est un grand responsable de la décentralisation, a essayé de voir avec ses collègues afin que l’ensemble des ressources de la ville soient centralisées au niveau de la ville de Bamako afin que nous puissions faire face au défi qu’est le nôtre. C’est vrai que Bamako est sale. Il est vrai que les dépôts insalubres sont à tous les niveaux, mais aujourd’hui, si Ozone et la Voirie transportent les ordures, où nous allons envoyer les déchets ? C’est cela le plus gros problème. Aujourd’hui, Noumoubougou n’est pas opérationnel.
Les responsables de la Marie du District et d’Ozone essayent toujours de négocier mais qui donne son champ, qui a un champ afin d’aller y évacuer les ordures ? Quelque chose qui est très difficile. Je pense que c’est pour cela que le Pdg d’Ozone a souhaité discuter avec nous afin de nous aider à porter le message.
Le message vis-à-vis des autorités, c’est qu’elles comprennent que, sans leur soutien, la ville relèvera difficilement le défi. C’est le message vis-à-vis des leaders d’opinion pour qu’ils s’engagent davantage à nos côtés, sensibiliser les citoyens quant à l’effort au payement des taxes.
Le message vis-à-vis des groupements d’intérêt économique qui sont partenaires naturels de la mairie, mais auxquels on demande de voir comment changer l’attelage afin que Bamako, aujourd’hui, qui est en train d’aller vers une compétitivité plus grande, puisse trouver des moyens plus adaptés pour le transport des ordures.
Il faut porter des messages vis-à-vis des citoyens car nous sommes en hivernage et nous avons tous vu les inondations des semaines passées dues à de nombreux facteurs, notamment du fait que nos sœurs et frères déversent les ordures dans les canalisations et dans les cours d’eau. Toute chose qui crée des conditions d’inondations”. Parole du Maire du district de Bamako.
L’édile de Bamako invite les citoyens au payement des différentes taxes. Ce qui passe obligatoirement par le changement de comportement. “Il faut que les citoyens acceptent de payer les taxes municipales et de la voirie. Personne ne viendra changer le visage de notre capitale à notre place. Donc, chacun de nous a un rôle à jouer” a-t-il précisé.
“Suite à tout l’effort que fait le gouvernement pour soutenir les collectivités dans le cadre du transfert de compétences, surtout en matière d’assainissement, nous avons toujours demandé à ce que, vous qui êtes des partenaires dans le cadre du recouvrement des taxes, de nous aider afin que la Taxe de Développement Régional et Local (Tdrl) et la taxe de la Voirie soient des réalités du quotidien pour nous. Je vous ai toujours dit et je ne cesserai jamais de le dire, aucune cité, aucune ville aujourd’hui ne peut gérer sa question environnementale sans les citoyens. Dans le cadre de la décentralisation, nous avons souhaité le développement participatif afin que chaque citoyen comprenne qu’il faille nécessairement payer sa taxe au quotidien afin que nous puissions relever ensemble le défi” a-t-il conclu.
Notons que le budget de la Mairie du district de Bamako pour l’exercice 2019 s’élève à 59 568 123 104 Fcfa contre une prévision de 43 494 794 769 Fcfa en 2018, soit une augmentation de 26,98%. Pour ce faire, le maire Adama Sangaré et son équipe doivent faire face à l’incivisme fiscal des contribuables, le faible niveau de tarification des équipements marchands, ainsi que les difficultés liées à la mobilisation de la redevance de l’éclairage public…
El Hadj A.B. HAÏDARA
Source: Aujourd’hui-Mali