Le pacte tripartite ONU-Union européenne-G5 Sahel doit expirer ce vendredi soir. La menace djihadiste s’aggrave pourtant dans cette région désertique.
L’opération Barkhane de la France au Mali a été largement la plus importante menée à l’extérieur, avec jusqu’à 5.000 hommes déployés.
L’opération Barkhane de la France au Mali a été largement la plus importante menée à l’extérieur, avec jusqu’à 5.000 hommes déployés.
C’est ce vendredi soir que doit expirer l’accord tripartite entre l’Union européenne, l’ONU et le G5 Sahel. Il s’agissait initialement pour les pays européens d’aider les cinq pays de cette région désertique (Burkina Faso, Mauritanie, Niger, Tchad et Mali) à faire face à la menace djihadiste. Défi immense, sur une surface désertique neuf fois plus grande que la France.
Mais nulle volonté politique, assortie d’un engagement militaire et financier, ne s’est faite jour à temps pour renouveler ce pacte, à quelques heures de son expiration, obérant les efforts à terme contre les djihadistes.
Il est vrai que le pacte de 2018 entre le G5 Sahel, lui même créé en 2014, et ses partenaires européens ainsi que l’ONU a été largement vidé de sa substance après que le Mali s’en est retiré, il y a exactement un an. La junte militaire avait coupé les ponts avec les Européens mais aussi, dans l’ensemble, ses voisins africains, car elle n’avait pas apprécié de se faire tancer par ses partenaires après son coup d’Etat de juin 2021 , le deuxième en deux ans, qui a noyé les espoirs d’une transition vers un pouvoir civil.
Le Mali coupe les ponts
La junte, qui a exigé le retrait des soldats français venus empêcher en 2012 les djihadistes de marcher sur Bamako, préfère se tourner vers les mercenaires russes du groupe Wagner arrivés fin 2021. Sans avoir vraiment de quoi se féliciter de la coopération avec ce groupe de sinistre mémoire, tant en Ukraine que dans ses opérations de racket en Afrique centrale. Dans un rapport rendu public le 12 mai, le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme avait accusé l’armée malienne et les mercenaires d’avoir tué 500 civils et violé une cinquantaine de femmes dans le centre du pays en mars 2022. L’ONU estime qu’environ 9 millions de Maliens, sur 22 millions, ont besoin d’une assistance sécuritaire et alimentaire.
La France se retire complètement du Mali
Un danger toujours considérable
Si les soldats français, épine dorsale du dispositif militaire jusqu’ici, se sont redéployés chez leurs solides alliés du Niger, la reconfiguration du dispositif français et africain n’a pas été sans mal. Le danger s’est aggravé, a estimé la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique de l’ONU, Martha Ama Akya Pobee, le mois dernier devant le conseil de sécurité. Elle a exhorté les partenaires des pays de la région à contribuer à des forces opérationnelles pour ramener la sécurité et réduire les trafics notamment dans les zones frontalières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Ainsi, une quarantaine de personnes, dont des supplétifs de l’armée, ont été tuées le week-end dernier dans l’ouest du Burkina Faso, lors de deux attaques de jihadistes présumés.
L’ONU estime pourtant que la Force conjointe du G5 Sahel dispose d’une stratégie et de bataillons prêts à « en découdre avec les terroristes ». Mais elle a besoin de ce qui lui a toujours manqué, à savoir des équipements et financements pérennes. La région du Sahel est confrontée à de nombreux défis urgents, extrême pauvreté, malnutrition, conflits, migrations irrégulières, trafics d’êtres humains, de carburants, d’armes et de drogues.
Yves Bourdillon
Les Echos