Une satire sur la politique allemande, la chancelière et son gouvernement (vendredi 10 juillet à 20 h 50 sur Arte).
La chancelière Katharina Wendt (jouée par Iris Berben) n’en peut plus. Accablée par ses responsabilités, elle décide avec son mari Helmut (incarné par Ulrich Noethen) de s’octroyer une petite pause et de se rendre au nord-est de Berlin pour une excursion bucolique. Mais alors que le couple attend son train sur le quai, un panneau se détache et heurte violemment la tête de la femme d’Etat. Lorsqu’elle reprend ses esprits à l’hôpital, Katharina ne se souvient plus de rien, ne reconnaît plus personne, se croit en 1989 et n’a qu’une obsession : faire tomber le Mur.
Dans l’esprit de Good Bye, Lenin !, de Wolfgang Becker (2003), ce téléfilm se pose comme une satire politique, non dénuée d’humour, mais terriblement critique à l’encontre du gouvernement allemand. Et contrairement à ce qui s’affiche ordinairement au générique des fictions, ici point de doute : les ressemblances entre Katharina Wendt et Angela Merkel ne sont pas fortuites. Même allure, mêmes tenues vestimentaires, même âge, même attitude autoritaire, même parcours politique…
Thérapeute russe
Le scénariste Martin Rauhaus, le réalisateur Markus Imboden et les interprètes s’en donnent à cœur joie, affichant un vrai plaisir à dénoncer la façon dont la chancelière incarne le pouvoir et à inventer la manière dont elle pourrait s’y prendre, avec plus de sensibilité et d’idéalisme. Pour l’aider à se rétablir et à retrouver la mémoire, elle bénéficie de la présence d’un thérapeute russe dont la méthode est simple : faire remonter les bons souvenirs dans l’esprit de la femme d’Etat afin de retrouver la femme – tout court – qu’elle était ; rechercher l’émotionnel, en somme, dans ce personnage qui s’est transformé en robot.
Même si le message n’a rien de surprenant – la politique et l’exercice du pouvoir éloignent ceux qui s’y attellent de la réalité du commun des mortels –, la façon dont il est traité lui donne un certain relief mâtiné de drôlerie. Peut-être aurait-il fallu plus de fantaisie dans la réalisation pour que La chancelière perd la tête nous donne le sentiment de nous la faire perdre un peu, à nous aussi. Hélas, trop empreint de classicisme, ce téléfilm n’atteint pas le degré de causticité auquel il pouvait prétendre, nous laissant par moments un peu en retrait.
La chancelière perd la tête, de Markus Imboden (All., 2015, 88 min). Vendredi 10 juillet à 20 h 50 sur Arte.