Les parents des victimes n’en n’oublieront pas leurs souffrances mais ils ont depuis hier une consolation longtemps attendue: Hissene Habré passera le reste de ses jours en prison.
Le minimum peut- on dire en se souvenant des horreurs signées par l’ex homme fort de Ndjamena dont le magistère, sur fond de rhétorique nationaliste ombrageuse, fut un vaste permis de tuer. Plusieurs milliers de Tchadiens torturés à mort, affamés ou assoiffés jusqu’au dernier soupir, flingués à la tempe ou à la nuque, certains enterrés vivants, jetés dans des fosses communes, d’autres subrepticement enfouis dans des lieux tenus secrets, des milliers de veuves qui n’ont jamais porté le deuil de leurs maris, des familles décimées. Bref dans l’impunité permissive de l’Afrique d’autrefois-qu’il faut espérer révolue- la paranoïa d’un tueur froid qui ne sut pas interroger l’Histoire, qui ne sut pas tirer les leçons des bouchers nazis à Nuremberg ni plus tard celles d’Eichman à Jérusalem. Certes, pour ceux qui ont subi les affres de la gouvernance Habré qui se nourrissait du sang et de la peur, le paradoxe n’est pas que le despote finisse au cachot mais qu’il ait respiré l’air de la liberté aussi longtemps. Certes, pour la norme et la pédagogie, juger et condamner Habré au Tchad était plus fort. Mais le message de Dakar n’en demeure pas moins un puissant avertissement contre les tueurs de peuples. Le président Sénégalais Macky Sall l’artisan méritoire d’un sursaut pour la dignité,celle d’un continent sommé de respecter ses engagements. Les plaignants eux aussi méritent d’être applaudis pour leur ténacité. Mais la couronne, il faut la tresser pour Reed Brody, ce patient traqueur qui a fait de l’affaire Habré l’honneur de son combat pour les droits de l’humain et des peuples.
Adam Thiam
Source : Le Républicain