Le monde entier constate maintenant que la CEDEAO, comme tous les organisme internationaux, n’est qu’un machin bureaucratique et inefficace. Si le capitaine Sanogo l’avait su, à l’époque, il n’aurait pas signé d’accord-cadre ni rendu le pouvoir aux civils. Iyad Ag Ghali lui-même l’a su un peu trop tard; si, dès le départ, il avait compris que la « force en attente » de la CEDEAO n’existait que sur le papier, il aurait, depuis janvier 2012, envahi Bamako, en poursuivant, peut-être, sa route sur Abidjan, où la CEDEAO aime se réunir.
Voyez-vous, quand il s’agit de lire des discours et de prendre de bruyantes résolutions, la CEDEAO n’a pas son pareil. On voit alors le président, Ouattara, ou le président de sa commission, Désiré Ouédraogo, prendre leur air des mauvais jours et promettre des sanctions diplomatiques, financières et militaires; bref l’apocalypse. Mais dès qu’il s’agit de matérialiser ces sanctions en déployant des troupes sur le terrain, bonjour les dégâts ! Le Nigéria annonce-t-il 1000 hommes? A l’arrivée, on voit seulement 40 officiers qui se disent de « liaison ». Liaison avec qui donc ? La Guinée annonce-t-elle 500 soldats ? Aux dernières nouvelles, on apprend qu’Alpha Condé lui-même a besoin d’hommes pour mater ses opposants – chacun son jihadiste, n’est-ce pas ? La Côte d’Ivoire promet-elle 500 soldats ? On ne trouve, au final, aucun mec en uniforme ivoirien sous nos tropiques car Ouattara craint que Gbagbo ne s’évade de sa prison de la Haye et ne débarque à Abidjan avec des mercenaires libériens, voire touaregs. Quant au Togo, l’un des plus prompts à envoyer un contingent, il fait figure d’exception.
En fait, la défense du Mali est aujourd’hui assurée par le Tchad, non membre de la CEDEAO, et la France, sans laquelle Déby n’aurait pas envoyé un seul homme. Les chefs d’Etat de la CEDEAO, entre-temps, multiplient les réunions et les sommets, comme si on pouvait dénicher les chefsjihadistes sous des tables de conférence !
L’armée malienne, pour sa part, fait de son mieux. Sauf qu’elle n’a ni casques ni gilets pare-balles et, faute de formation, gaspille les balles contre les murs de Gao et environs. Elle n’est vraiment pas de taille à se hasarder dans les montagnes du Tighergar où, selon un rescapé tchadien,« même les cadavres sont minés ». C’est parce qu’elle a la partie facile que l’armée malienne se donne d’ailleurs le luxe de s’entredéchirer entre bérets rouges et bérets verts à Bamako. S’il ne tenait qu’à moi, on interdirait les bérets, quelle que soit la couleur, puis on attacherait un bidon d’eau au cou de tous ces soldats avant de les envoyer dans les collines de Kidal.Là, face aux jihadistes, il n’y a pas de meilleur endroit pour se réconcilier, n’est-ce pas ? Après avoir vu les « cadavres minés » et affronté ensemble Abou Zéid et Belmokhtar, aucun béret ne se chercherait plus de poux dans la tête de l’autre.
Tiékorobani