Suite à sa nomination à la tête du ministère de l’Investissement Privé, des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Entreprenariat National, Mme Safia Boly a rendu une visite de courtoisie au président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM) qui était, à l’occasion, entouré des membres de son bureau et des cadres de la CCIM. C’était le mercredi 22 mai 2019.
Annoncée comme une simple visite de courtoisie, celle que Mme Safia Boly, ministre de l’Investissement Privé, des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Entreprenariat National, a effectuée, le mercredi 22 mai 2019, à la CCIM, a pris l’allure d’une véritable séance de travail qui aura duré près de deux heures d’horloge.
Dans ce temple du secteur privé, les préoccupations sont telles que le président de l’institution consulaire, Youssouf Bathily se devait d’en évoquer quelques-unes dans l’espoir de recevoir, en retour, des réponses satisfaisantes de la part du premier responsable de ce département, en charge de la promotion du secteur précité.
Devant l’hôte du jour, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali a tout d’abord présenté son institution qui est un Etablissement Public National à caractère Professionnel, créé par la loi 98-014 du 19 janvier 1998. Dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière, elle a pour principales missions :l’organisation et la représentation des personnes physiques et morales exerçant dans les différentes branches d’activités commerciales, industrielles et de services.
A cet effet, elle est chargée de faire des propositions ou de formuler des avis au Gouvernement sur tous textes concernant le commerce, l’industrie, les services et les usages commerciaux ; d’assurer des formations en faveur des acteurs économiques. Il s’y ajoute que la CCIM exécute également des missions d’assistance-conseil et d’appui aux entreprises ; d’arbitrage et de conciliation des différends ; de création, de gestion d’équipements et d’infrastructures pour soutenir les activités économiques, d’information et de communication.
» Cette loi comporte des insuffisances qui ne motivent pas les investisseurs «
Pour le président Youssouf Bathily « les Petites et Moyennes Entreprises constituent l’essentiel de notre tissu économique. En créant un département dédié à l’investissement privé, aux petites et moyennes entreprises et à l’entreprenariat national, les plus hautes autorités ont compris que notre salut et notre développement économique résident essentiellement dans la promotion de nos petites et moyennes entreprises. C’est le secteur le plus pourvoyeur d’emplois pour nos jeunes« . Avant d’ajouter que « l’investissement privé touche tous les domaines : le commerce, l’industrie, l’agriculture, les équipements, les routes, l’énergie et autres « .
S’adressant à la ministre Boly, le président de la CCIM a dit « Vous avez véritablement un département transversal « .
Youssouf Bathily de souligner que » le secteur privé a salué la prise de la loi sur le Partenariat Public-Privé « . Toutefois, d’après lui, elle comporte des insuffisances qui n’encouragent pas et ne motivent pas les investisseurs nationaux et étrangers à profiter des opportunités qu’offre notre pays dans le domaine des investissements.
A ses dires, » la Chambre de Commerce et d’Industrie avait, en son temps, formulé des suggestions tendant à améliorer cette loi. Ces suggestions ont été transmises au département en charge de la promotion des investissements. Nous pensons que si elles sont prises en charge, elles amélioreront fortement cette loi et pourront attirer davantage les investisseurs dans tous les secteurs de la vie économique de notre pays« .
Dans son intervention, le président de la CCIM a souligné qu’au Mali, tout le monde regrette, et cela à juste titre, l’extrême faiblesse du poids du secteur industriel productif qui atteint seulement 5,9% du PIB en 2017 (source INSTAT). Avant de noter que « comparé au taux du secteur industriel de l’espace UEMOA-CEDEAO, l’apport du secteur industriel du Mali est encore marginal par rapport à la moyenne des parts du secteur industriel de la plupart des pays membres de l’UEMOA-CEDEAO qui se situe entre 11 à 15% « .
Rappelons que dans notre pays, il y a 829 unités industrielles contre 15.000 au Nigeria, 6 200 au Ghana, 6 000 en Côte d’Ivoire, 3 000 au Sénégal.
Selon des études, cette faiblesse du secteur industriel du Mali s’explique par l’existence de plusieurs problèmes et blocages structurels liés à l’accès au financement ; le coût élevé des emprunts dont la durée n’est pas adaptée aux projets d’investissement qui nécessitent des délais plus longs ; à la non disponibilité des zones industrielles aménagées ; au coût d’acquisition des espaces très élevé des zones industrielles qui ne favorise pas l’investissement ; au coût élevé des facteurs de production (eau, électricité, matériels et équipements, etc..) ; à l’insuffisance notoire de main-d’œuvre qualifiée ; à la concurrence déloyale à laquelle font face les unités industrielles, entre autres.
Après une série de questions-réponses, la ministre Safia Boly a promis d’autres échanges beaucoup plus approfondis avec la CCIM autour des questions portant sur lesdéfis qui se dressent sur le chemin de la promotion du secteur privé et de l’industrialisation du pays.
Au cours des échanges avec Mme Boly, une mention particulière avait été accordée à la loi n° 2016-061 du 30 décembre 2016 relative aux Partenariats public-privé (PPP), voire à une éventuelle relecture de ladite loi afin de la rendre beaucoup plus attractive.
Mamadou FOFANA
Source: l’Indépendant