Après l’annonce faite par les pays membres de l’Alliance des États du Sahel concernant leur retrait de la CEDEAO, les autorités multiplient les rencontres avec les différentes parties prenantes de la société malienne. Suite à des échanges entre le premier ministre Choguel K Maïga et les acteurs du secteur privé et une réunion ajournée avec les forces vives de la Nation, le ministre des affaires etrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye DIOP s’est prêté à l’exercice.
C’est donc hier 6 Février 2024 qu’il s’est entretenu avec le corps diplomatique accrédité au Mali. Au cours de ces échanges, le Ministre Diop a été on ne peut plus clair : Le Mali compte s’assumera devant tout obstacle pour le respect de sa souveraineté. Ladite rencontre s’est déroulée dans la salle Me Alioune B BEYE du ministère à Koulouba. Quatre points étaient à l’ordre du jour, à savoir la caducité de l’accord pour la paix et de la réconciliation issu du processus d’Alger ; le retrait du Mali de la CEDEAO, le point du retrait de la MINUSMA, et enfin la mise en place de l’Alliance des États du Sahel (AES).
CONCERNANT LA CADUCITÉ DE L’ACCORD POUR LA PAIX ET LA RÉCONCILIATION
Pour ce premier point, le ministre DIOP a expliqué à ses interlocuteurs qu’il ne s’agissait pas pour les autorités de dénoncer ledit accord car celui-ci était déjà « en processus de pourrissement ». « Depuis plus d’un an, vous vous êtes rendus compte que certains groupes signataires avaient décidé de ne pas s’associer au processus ou, en tout cas, ont décidé de quitter la table de discussion. Vous avez aussi constaté le fait que certains groupes signataires se soient alliés à des groupes terroristes. Je pense que ceci s’est fait surtout suite aux actions qui étaient engagées par le gouvernement du Mali, conformément à la résolution du Conseil de sécurité pour prendre possession des emprises qui devaient être laissées vacantes par la MINUSMA ». Le Ministre DIOP a fait remarquer que « des échanges avec nos frères , il a été toujours indiqué qu’il n’était pas nécessaire d’aller dans une confrontation militaire autour de ces emprises , parce que nous sommes dans un processus de paix et non un processus de partage de territoire. Malheureusement, je crois que ces appels n’ont pas été entendus. Et finalement, il y a eu quelques affrontements autour de la prise de certaines emprises sur le terrain ». Aux dires du ministre, beaucoup de ces mouvements ont fait des alliances avec des groupes terroristes ce qui a conduit à des attaques meurtrières contre les forces de défense et de sécurité, mais aussi contre des populations civiles. Abdoulaye Diop a notamment expliqué qu’une nouvelle dynamique d’appropriation nationale du processus de paix fera en sorte que les maliens puissent eux-mêmes se parler pour trouver des solutions avec certainement l’accompagnement d’autres. Le ministre Diop d’ajouter que « Le dialogue Inter maliens vise à élargir le dialogue avec tous ceux qui ont pris les armes. Certains ont déposé les armes, d’autres n’ont pas les armes, mais sont essentiels pour la paix dans le pays ».
CONCERNANT LE RETRAIT DE LA CEDEAO
À ce sujet, le ministre Diop a déclaré ce qui a motivé cette décision est la posture prise par la CEDEAO envers les trois pays de l’AES : « On ne peut pas donner le pouvoir à quelqu’un et que cette personne utilise ce pouvoir comme une arme contre nous, on ne peut pas déposer son argent dans une Banque centrale et que cette Banque centrale devienne un instrument pour nous punir ». Selon les explication du Ministre Diop, c’est au regard de ces faits que « le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont analysé la situation. Nous avons regardé toutes les menaces qui sont quotidiennes, les tentatives de déstabilisation souvent couvertes par l’organisation à l’égard de nos pays ; on ne peut pas être dans une organisation et être sous menace » a-t-il martelé. Abdoulaye DIOP D’ajouter que « C’est pourquoi nous avons mis en place l’Alliance des États du Sahel. Nous avons décidé de travailler pour la réalisation de l’idéal panafricain mais autrement en mettant en place une structure qui soit plus souveraine qui travaille dans l’intérêt de la population qui ne soit pas instrumentalisée par d’autres ». Aussi le Ministre des affaires étrangères a été clair quant à tout obstacle qui pourrait entraver la souveraineté du Mali : « les autres organisations que nous n’avons pas encore quittées doivent comprendre que nous serons prêts à nous assumer ».
CE QU’EN DISENT LES AMBASSADEURS
À la suite du ministre DIOP, SE Ahmed Abdoul-Rahamane Al Sinaïdi, Ambassadeur du Qatar au Mali, a, au nom de l’ensemble du corps diplomatique, réitéré les reconnaissances pour cette bonne initiative qui leur a permis d’avoir de vraies informations sur le pays. « Cela traduit votre détermination à vous impliquer davantage dans la coopération et la collaboration avec la communauté internationale », dira-t-il. Ensuite, il a transmis les chaleureuses salutations pour cette marque de confiance et de considération. Quant à l’ambassadeur d’Allemagne au Mali, SE Dr POHL, il a affirmé que cette rencontre avec le chef de la diplomatie malienne était importante et fructueuse. « C’est important de comprendre mieux les décisions maliennes, décisions régionales et les étapes futures. Au cours de cette rencontre, nous avons bien dialogué et on a bien compris les défis de la situation… » a-t-il indiqué. L’ambassadeur du Niger au Mali dira pour sa part que son pays félicite et remercie son excellence Abdoulaye Diop, qui a été on ne peut plus clair. Concernant le retrait de la CEDEAO par l’AES, l’ambassadeur du Niger a indiqué que cela est fondé sur des raisons objectives, la CEDEAO ayant sanctionné les Trois États, surtout le Niger, où ils ont pris des sanctions « draconiennes ». Heureusement, dira-t-il, le Mali et le Burkina Faso ont réagi en faisant une déclaration. « Un acte de solidarité que nous saluons », a-t-il conclu.
Alpha C. SOW -NOUVEL HORIZON